1975 Michel Bougard décrit les OVNI d'avant l'an mille


La "chronique des OVNI" fut ouverte dans la revue INFORESPACE, dès le premier numéro, par Gérard Landercy. Rapidement reprise par Michel Bougard, elle aborde les observations de l'antiquité latine dès le numéro 7, s'intéresse aux anciennes observations chinoises dans le numéro 15, et s'attaque aux observations européennes d'avant l'an 1000, dans le numéro 21.

Mais ce n'est pas tout, et nous allons maintenant quitter les récits « légendaires » pour passer à des faits historiques rapportés par des historiens.
Note: Des faits "historiques", oui, mais nous allons voir que ce qui suit n'a absolument pas été rapporté par des historiens.

Au IXe siècle, l’archevêque de Lyon, Agobard (3), publiait son « Liber Contra lnsulam Vulgi Opinionem », ouvrage violemment antisémite dans lequel il critiquait les croyances populaires de l'époque et les diverses superstitions.
Note: Ce titre voudrait dire: "Livre contre l'île de la foule...". Le vrai titre est Contra insulsam vulgi opinionem de grandine et tonitruis. Ce livre n'a rien à voir avec les juifs, et ne critique que les superstitions au sujet de la grêle et des orages.

Dans un chapitre intitulé « De Grandine et Tonitrua » (De la grêle et du tonnerre), il s’insurge notamment contre le fait que les gens croyaient que ces calamités naturelles étaient causées « par les habitants de Magonia, la contrée du ciel d'où viennent les vaisseaux que l’on voit dans les nuées... »
Note: Il n'y a aucun titre de chapitre dans le livre d'Agobard. Et dans ce livre, il s'indigne que les Lyonnais croyaient au pouvoirs des "tempestaires", des sorciers qui auraient eu le pouvoir de déchainer les orages, mais qui n'étaient absolument pas les habitants de Magonia. La traduction française de Christine Zwygart dit: ...qu'ils croient et disent, qu'il existe une certaine région appelée Magonia, d'où viennent les vaisseaux que l’on voit dans les nuées. Ce texte a été dénaturé.

Remarquons qu’Agobard emploie l’indicatif (on voit) et que pour lui la réalité de ces vaisseaux aériens » semble acquise, même s'il s'insurge sur certains effets qu'on leur prête.
Note: Agobard n'a jamais écrit une phrase pareille. A propos des croyances des lyonnais, Il expliquait, en latin:
...ut credant et dicant quamdam esse regionem, quae dicatur Magonia, ex qua naves veniant in nubibus,...
"veniant" est au subjonctif, et s'accorde avec "ut credant". On peut traduire:
...qu'ils croient et disent qu'il existe une certaine contrée, qui s'appelle la Magonie, d'où, à travers les nuages, viennent des navires,...
Mais Raymond Drake a traduit (ou utilisé une traduction qui disait):
that they believe and say there is a certain religion called Magonia from whence come ships in the clouds
C'est Drake et pas Agobard qui emploie l'indicatif. Mais ensuite Christine Zwygart rajoute deux mots qui nous écartent un peu plus du sens initial:
qu'ils croient et disent, qu'il existe une certaine région appelée Magonia, d'où viennent les vaisseaux que l’on voit dans les nuées.
Pour Agobard, c'est l'irréalité de ces navires qui est acquise. Mais deux traductions plus tard, c'est leur réalité qui semble acquise pour Bougard.


D’ailleurs, on trouve dans les « Patrologiae » de Migne (saeculum IX, annus 840, p. 147), quelques réflexions inspirées a Agobard par ces événements.
Note: Mais Michel Bougard n'a pas lu, ce qu'il prétend citer et n'a fait qu'en recopier la référence: l'année 840 n'apparait d'ailleurs pas dans la vraie page de titre. Il s'agit du tome CIV et de la colonne 147 et non de la page 147.

L’archevêque de Lyon y raconte également comment, en 840, il vit personnellement trois hommes et une femme lynchés par la foule qui les avait vus descendre d’un de ces « navires de l'espace » et qui les accusait d'être des magiciens envoyés par Grimoald, duc de Bénévent, pour dépouiller les Français de leurs récoltes et vendanges.
Note: L'archevêque ne donne absolument pas l'année, qui est d'ailleurs celle de sa mort. Il raconte qu'il a sauvé ces gens qu'on voulait lapider. On prétendait - à tort - qu'ils étaient tombés d'un navire aérien, mais pas qu'ils étaient envoyés par Grimoald, ce qui concerne une autre rumeur survenue en 810, quand Agobard n'était pas encore évêque.

La foule mit à mort ces « étrangers» et les jetèrent dans le Rhône après avoir attaché les cadavres à des planches.
Note: C'est ce qui est effectivement arrivé aux prétendus émissaires de Grimoald, en 810, mais pas aux « étrangers».

Agobard relate aussi qu'en mars 842 (4), en pleine nuit, on vit des « armées multicolores » avancer dans le ciel.
Note: Agobard ne dit rien de tel. Ce passage sort de l'article de Francis Schaefer, qui, lui même, l'avait récopié de Jules Garinet.


3. Agobard naquit en 779 et fut nommé coadjuteur de Leidrade, le bibliothécaire de Charlemagne, en 808. En 814, il devint archevêque de Lyon, fut déposé en 835 et rétabli peu de temps après. Il mourut à Saintes en 840. Il est vénéré comme un saint dans la région lyonnaise (St-Aguebaud) mais il ne fut jamais canonisé.
4. Il y a là une erreur puisque Agobard est mort en 840. Mais comme nous le verrons plus loin, les dates étaient plutôt prises à la légère à cette époque.
Note: Il y a là une erreur, oui. Mais elle ne vient pas d'Agobard, mais de Michel Bougard, qui aurait mieux fait de lire le livre d'Agobard plutôt que l'article de Francis Schaefer, ou le Guide de le France mystérieuse.


SOURCE: Michel Bougard , Les OVNI d'avant l'an mille, INFORESPACE, n° 21, juin 1975, p. 47.

Remarques:

Bien qu'il n'y ait quasiment rien de vrai, et pas de sources indiquées, ce texte de Bougard va être utilisé par Christiane Piens, pour Les OVNI du passé, et sera repris presque à l'identique, mais avec des sources indiquées en vrac, dans La chronique des O.V.N.I..

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