1977 Christiane Piens suppose et ne vérifie pas


Après avoir écrit un premier livre avec Jacques Scornaus, Christiane Piens s'est lancé dans la publication d'un catalogue d'observation historiques d'OVNI, les catalogues déjà publiés n'étant que partiels, ou pleins d'erreurs. Il semble qu'elle ignorait que Michel Bougard en préparait un de son coté, et les deux livres parurent en 1977. Pour les cas de l'antiquité, son catalogue à l'avantage sur celui de Bougard, de citer ses sources cas par cas, et non en vrac à la fin d'un chapitre. Mais l'avantage est moins évident pour le moyen-age, d'autant qu'ici, Christiane Piens a puisé dans l'article de Bougard, de 1975.

Au temps de Charlemagne

  Il y a des documents du IXe siècle qui suggèrent que les vaisseaux aériens et leurs occupants se faisaient connaître aux hommes et aux femmes, comme ils le firent au temps de l’Ancien Testament. (Aujourd‘hui encore certains prétendent que les anges de la Bible étaient des visiteurs extraterrestres. Cette hypothèse ne peut être démontrée faute de preuves, quoiqu’elle ne paraisse pas exclue.) Agobard, archevêque de Lyon, condamna sévèrement en l’an 840 ces « superstitions populaires » dans son manuscrit latin, Liber Contra Insulun Vulgi Opinionem27. Ce manuscrit, comme par hasard, était également anti-sémite !
Note: Ce passage recopie les erreurs de Michel Bougard, en en ajoutant une: Insulsam (sotte) devient Insulam (l'île) chez Bougard, puis Insulun (?) chez Piens.
Cette même année, trois hommes et une femme descendirent d'un de ces vaisseaux aériens. La cité entière s‘éleva contre eux et ils furent accusés d’être des magiciens envoyés par Grimaldus, duc de Bénévent28, ennemi de Charlemagne, pour détruire les récoltes françaises. Les malheureux se défendirent en affirmant qu’ils avaient été emportés peu avant par des êtres extraordinaires, qui leur avaient montré des merveilles dont ils n’avaient jamais entendu parler auparavant. Ils prétendaient également qu’ils voulaient faire part de leur récit aux autres. Mais leurs paroles ne furent pas entendues et la populace les lyncha. Leurs corps furent attachés sur des planches et jetés dans le Rhône.
Note: Cette version ou les quatre malheureux sont lynchés sort de la fiction de Montfaucon de Villars, à la fois reprise par Drake et par Vallée, puis par Bougard.
...
  L’année 840 est évidemment trop éloignée de nous pour que nous puissions opérer des vérifications, mais nous ne pouvons que constater qu’il s’agit là de manifestations typiques du phénomène OVNI. A cette époque, une bien curieuse croyance existait : il y aurait eu un lien entre les magiciens, les faiseurs de miracles, et ceux que l’on appellerait aujourd’hui les extraterrestres. Ce qui entraîna de nombreuses amendes et des persécutions sous le règne de Charlemagne et de Louis I le Débonnaire. Ces éléments sont précisés dans le premier chapitre des Capitulaires de ces souverains29.
Note: Nous pouvons parfaitement vérifier dans le livre même d'Agobard. Quand aux punitions infligées, elles ne l'étaient que contre les faiseurs de tempêtes, et non contre les Magoniens, inconnus des deux empereurs.
  Agobard dans un chapitre intitulé, De grandine Tonitrua (le grêle et le tonnerre), écrivit également : « Il existe une région appelée Magonia d’où viennent les vaisseaux que l’on voit dans les nuées... » Les chrétiens disaient que ces faiseurs de miracles vendaient du blé aux habitants de Magonia qui l’emportaient avec eux30. Pour soutenir l’hypothèse d’« extraterrestres » qui provoquaient la grêle et les orages avec leurs vaisseaux aériens, ils arguaient du fait que ceux-ci faisaient tomber les fruits des arbres et aplatissaient le blé que les messagers récoltaient et leur vendaient comme provisions. Nous supposons qu’à l’origine de cette légende il y a un certain nombre de cas (observations) où des témoins ont vu descendre des personnes (humanoïdes) de navires aériens que de nos jours l‘on désigne sous le nom d‘OVNI.
Note: Ici, Christiane Piens en rajoute sur ces sources. Et il n'y a rien à supposer: Agobard dit bien qu'il n'avait pu trouver aucun témoin d'un "faiseur de tempêtes" en action, et que ceux qui prétendaient avoir vu quatre personnes tomber d'un navire aérien furent confondus..


Notes et références
27. Patrologiae de Migne, Saeculum IX, Annus 840. Ce manuscrit se trouve actuellement à la Bibliothèque Nationale de Paris.
Note: La Patrologiae reprend l'édition de 1666, par Etienne Baluze, et non le manuscrit.
28. Celui ci n'était pas l'ancêtre de Maurice de Talleyrand-Périgord, le célèbre diplomate.
Note: car Talleyrand était aussi duc de Bénévent.
29. Jacques Vallée, op. cit., p. 24.
Note: op. cit., c'est à dire Chroniques des apparitions extraterrestres, J'ai lu, 1974.
30. Lumières dans la Nuit, 1973, n° 128, p. K.
Note: C'est la traduction par Christine Zwygart de Spacemen in Norman Times, de R.Drake.
31. Michel Bougard, op.cit., n° 21, p. 48.
Note: op. cit., c'est à dire INFORESPACE. Cette référence est utilisée pour l'observation d'OVNI suivante, faite par Charlemagne, mais il est clair qu'elle s'applique aussi ici, puisque les erreurs sont identiques.


SOURCE: Christiane Piens, Les OVNI du passé, Marabout, 1977, p. 42-44.

Remarques:

Christiane Piens, mieux renseignée pour les observations de l'antiquité, en puisant dans les traductions de Tite Live et de Pline l'ancien, nous a sorti ici une bouillie de légendes modernes, en ayant du faire appel à des sources indirectes, qui elle mêmes faisaient appel à la fiction de Montfaucon de Villars. Elle donne pourtant la référence aux Patrologiae de Migne, mais n'a pas pu s'en servir, car tout y est en latin.

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