1973. Christine Zwygart traduit Drake


Les Extraterrestres au temps des Normands.

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Charlemagne et ses héritiers votèrent des lois barbares pour combattre les «démons» qui empoisonnaient les récoltes, et l’Eglise, encore peu fermement établie, mena une guerre âpre contre les extra-terrestres, les anathématîsant en tant que mauvais esprits » hantant les airs. Cette campagne devait plus tard s’enflammer en une persécution de l'hérésie et de la sorcellerie qui ailait étouffer le progrès scientifique pendant des centaines d’années et fonder notre culture occidentale sur des bases probablement fausses. Nos esprits modernes et cyniques ne peuvent tout simplement pas concevoir pourquoi quelques hommes, parmi les plus illustres du Moyen Age, rédigèrent de si violentes diatribes contre les « démons aériens », pourquoi des prêtres, habituellement humains, pardonnaient les tortures infligées à des soi-disant sorciers et sorcières soupçonnés d‘avoir des contacts avec le « Diable ». Nous devons ramener nos esprits dans le passé et pénétrer dans le monde médiéval de la magie où les hommes de l’espace apparaissaient non comme des mythes, mais comme une réalité menaçante.
  Des documents contemporains, rédigés dans un curieux latin, suggèrent qu’au IXe siècle des vaisseaux spatiaux atterrissaient vraiment sur la Terre, et que les extra-terrestres se faisaient connaitre des hommes et des femmes comme aux temps de l’Ancien Testament, exactement de la même façon dont le vénusien Orthon salua Adamski, dont la ravissante Aura Rhanes, de Clarion, charma Truman Bethuram, de la facon dont se font tous les autres « Contacts » intrigants aujourd'hui. Les initiés effectuèrent probablement des vols à bord de vaisseaux spatiaux, et ils reçurent des instructions de maîtres cosmiques comme Enoch et Moïse et même Adamski : les adeptes fondèrent leurs secrètes écoles du Mystère en prenant pour base les atterrissages aux-quels I'Eglise faisait face avec une hostilité pleine d’appréhension. En ces sombres jours, les partisans des OVNIs ne faisaient pas l’objet de moqueries et n’étaient pas considérés comme des excentriques, les gens croyant qu'ils prédisaient le temps, provoquaient les orages et demandaient aux vaisseaux spatiaux d’atterrir. (Ils priaient « le ciel » et imploraient « Dieu » et « Il venait »!) Ils approvisionnaient les êtres célestes en fruits et en blé, symboles des végétariens, et en retour recevaient la Sagesse Secrète, cette religion cosmique de l’espace. Aujourd’hui, notre Eglise ferme les yeux sur les extra-terrestres: mille ans plus tôt, ses prêtres auraient torturé Adamski à mort et maudit son âme pour l’éternité. Au lieu de Sa Grâce l’Archevêque de Canterbury contestant le phénomène OVNI, nous trouvons la science elie-même, personnifiée par notre astronome royal.
  Agobard, Archevêque de Lyon, condamna sévèrement, en l’an 840 ap. J.-C., les superstitions populaires, dans son manuscrit latin « Liber contra Insulam Vulgi Opinionem » (« Patrologiae » de Migne, Saeculum IX, Annus 840, P. 147). Au chapitre « De Grandine et Tonitrua », Agobard se plaignait du fait que, dans la région de Lyon, « Le peuple presque tout entier, nobles et inférieurs, citoyens et paysans, vieux et jeunes, pense que les orages de grêle et la foudre peuvent être provoqués par le caprice des hommes. Maintenant, dès qu'ils entendent le tonnerre et voient les éclairs, ils disent: « L'orage est provoqué ».
  La croyance en des êtres humains qui pouvaient contrôler les éléments outrageait Agobard qui insistait sur le fait que les Saintes Ecritures enseignaient que les éléments obéissaient à Dieu seul. Les légendes sur les sorciers indiens qui font tomber la pluie, et sur les lamas tibétains qui, dit-on, provoquent la grêle, nous font nous demander si le peuple de Lyon n’était pas mieux informé que son propre archevêque.
  Agobard poursuit avec concision: « Cependant, nous avons vu tant de désastres et entendu tant de sottises, tant de stupidité et tant de haine, qu’ils croient, et disent, qu’il existe une certaine région appelée Magonia, d'où viennent les vaisseaux que l'on voit dans les nuées;

Note: Jusqu'ici, ce texte contient pas mal de bétises et d'erreurs, mais elles ne sont pas de Christine Zwygart, qui n'a fait que traduire le texte de Raymond Drake, le plus soigneusement qu'elle a pu. Ici cependant surgit une petite erreur de traduction qui va avoir de grosses conséquences sur l'interprétation à donner au texte.
Alors qu'Agobard disait (en latin, et au subjonctif) "qu'ils croient et disent qu'il existe une certaine contrée, qui s'appelle la Magonie, d'où, à travers les nuages, viennent des navires,", Drake utilisait l'indicatif, puis, la traductrice rajoute malencontreusement "que l'on voit". Or Agobard n'a jamais dit que des témoins avaient vu des vaisseaux dans les nuées. Bien au contraire, et ce n'est pas faute d'avoir cherché, mais il n'avait jamais pu trouver un témoin qui ait vu un "tempestaire" en train de faire tomber la grèle. Encore moins donc, un tempestaire vendant la récolte abattue aux Magoniens dans leur navires. Mais ce "que l'on voit" va tromper Michel Bougard, qui va en déduire qu'Agobard cautionne l'existence de ces vaisseaux.

ils font tomber les fruits des arbres avec des grêlons, ou les détruisent par des orages ; puis les navigateurs aériens rapportent eux-mêmes ces fruits à Magonia après avoir récompensé les faiseurs d’orages, et ils reçoivent également du blé et d’autres produits. Pour autant que ces gens soient aveuglés par une extrême stupidité et aillent jusqu'à croire que de telles choses puissent arriver, nous-mêmes avons vu, dans une assemblée, plusieurs personnes présentées comme prisonniers: il s’agissait de trois hommes et d’une femme que l’on prétendait être tombés des vaisseaux eux-mêmes. Ils avaient été mis aux fers pendant plusieurs jours, puis finalement livrés en spectacle à la foule, et, comme je l’ai dit, lynchés sous nos yeux. Cependant la vérité triompha. Après bien des querelles, ceux qui les avaient montrés au public comme on montre un taux prophète furent confondus, de même qu'un voleur est confondu lorsqu’il est pris.»
  Agobard. dans sa phraséologie latine pompeuse, ne montre aucune surprise au spectacle de trois hommes et d'une femme que l’on dit descendus d’un vaisseau spatial : une chose n’est pas claire: étaient-ils vraiment des extra-terrestres, ou bien des « contactés » qui avaient effectué des vols à bord de vaisseaux spatiaux, comme Adamski mille ans plus tard: cependant. l’archevêque Agobard pensait de toute évidence que de tels « démons » méritaient d'être iynchés, car il ne fit aucun effort pour les sauver.

Note: Encore une fois, tout cela est complètement faux, mais la traduction est correcte.


SOURCE: Raymond Drake, Les Extraterrestres au temps des Normands, traduction: Melle Ch.Zwygart , Lumières dans la nuit, 1973, N° 128, p. I-K .

Remarques:

Il faut reconnaître que la traductrice aurait été mieux inspirée en traduisant un autre auteur que Drake, qui était un véritable "exogéomane", un maniaque des extraterrestres, tout comme il y eut des démonomanes.
Mais cette traduction va avoir une certaine influence sur l'ufologie francophone, en particulier par l'intermédiaire de Michel Bougard.

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