Le satellite de Vénus dans l'Astronomie populaire
L'astronomie populaire |
Camille Flammarion |
Le satellite de Vénus, inobservé depuis un siècle, connut cependant un regain d'intérêt dans les années 1870 et 1880. L'astronomie populaire de Camille Flammarion, ne pouvait pas ignorer ce problème, déjà abordé dans Les merveilles célestes, du même auteur.
Au livre "les mondes planétaires", il y a, bien entendu, un chapitre sur la "la planète Vénus". Après avoir rappelé les erreurs des anciens qui n'avaient pas compris que "l'étoile du soir" et "l'étoile du matin" ne sont qu'un seul et même astre, il expose la découverte des phases de Vénus, puis le problème de la mystérieuse "lumière cendrée", et celui de la rotation de Vénus. Enfin, il en vient à l'aspect du couple Terre-lune, vu de Vénus, ce qui lui donne l'occasion de terminer par un paragraphe sur le problème du satellite de Vénus.
Les habitants de Vénus nous voient briller dans leur ciel comme une magnifique étoile de premiére grandeur, planant dans le zodiaque, et offrant des mouvements analogues à ceux que la planéte Mars nous présente; mais, au lieu de projeter un éclat rougeatre, la Terre répand dans le ciel une clarté bleuatre. C’est de la que nous sommes les plus lumineux (1). On voit à 1’oeil nu notre Lune brillant a coté de la Terre et tournant en 27 jours autour d’elle.
(1) Nous sommes l'astre le plus éclatant du ciel de Vénus, car ce monde n'a pas de lune, malgré certaines observations du siècle dernier qui avaient fait croire un instant au satellite de Vénus (du moins ces observations ne prouvent-elles pas l'existence de ce satellite, et les meilleures recherches faites dans les temps modernes ont-elles été infructueuses à cet égard). Plusieurs astronomes ont vu un compagnon à Vénus. Fontana en 1645, Cassini en 1672 et 1686, Short en 1740, André Meier en 1754, Montaigne en 1761, Rodkier, Horrebow et Montbarron en 1764, l'ont observé. Depuis, personne ne l'a revu. Est-il tombé sur la planète? C'est la dernière hypothèse possible. Tous ces observateurs ont-ils mal vu? Non, assurément. Comment donc expliquer ces apparitions et cette disparition ? — Il est probable que Vénus s'est trouvée à ces époques passer devant l'une des nombreuses petites planètes situées entre Mars et Jupiter.
Camille Flammarion, L'Astronomie Populaire, Paris, C.Marpon et E.Flammarion, 1880, p. 464
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On peut s'étonner que Flammarion imagine des habitants de Vénus observant la Terre. Mais d'abord, Flammarion croyait fermement aux humanités extra-terrestres, c'est même lui qui a inventé cette expression. Ensuite, de son temps, on ignorait que Vénus était une fournaise enveloppée d'acide sulfurique. Néanmoins, si on peut lui laisser le droit d'imaginer des Vénusiens, il n'ignorait pas que Vénus était couverte d'épais nuages, qui rendaient toute observation céleste impossible. Les Vénusiens auraient donc ignoré l'existence de la Terre, et même l'astronomie en général.
Flammarion se trompe en reprenant l'affirmation que Fontana fut le premier observateur du satellite de Vénus. Nous avons vu qu'il n'en était rien.
Enfin, il ne faut pas imaginer qu'une seule explication convienne à toutes les observations. En particulier l'explication par un astéroïde ne convient qu'aux observations d'un corps d'aspect stellaire.
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