1960. Aimé Michel compte les lunes en trop.
Science & Vie 518 |
Aimé Michel | |
Aimé Michel (1919-1992), qu'on présentait souvent comme un écrivain scientifique, fut aussi, pour les amateurs de paranormal, un "agitateur d'idées molles", et surtout, et de plus en plus vers la fin de sa vie, un métaphysicien en quète du surhumain. Il fut un des membres fondateurs du courant du réalisme fantastique, écrivant tant dans Science & Vie que dans Planète, à une époque ou plusieurs journalistes faisaient de même. Il se spécialisa dans les phénomènes célestes insolites, et publia en 1954, "Lueurs sur les soucoupes volantes". Son ouvrage le plus connu est "Mystérieux Objets célestes", qui contenanit la théorie, aujourd'hui oubliée de l'orthoténie. En 1960 ,il consacre un article à quelques mystères de l'astronomie, comme la masse de Pluton ou la planète Vulcain, et le fait commencer par le mystère du satellite de Vénus.
Dans notre système solaire
des lunes en trop.
Note: Les dates sont exactes, mais le dessin est faux. Il est repris (en supprimant les dates sur le dessin lui-même) de H.P. Wilkins, qui, lui même, le reprenait de Thomas Dick, qui avait redessiné les figures données par Baudouin de Guémadeuc, qui avait exagéré la taille de Vénus par rapport aux distances du satellite. On peut juger de la différence avec une reconstitution par Stellarium .
LE soir du 3 mai 1761, un astronome français du nom de Montaigne pointa sa lunette sur Vénus, et ce qu'il y vit lui donna lieu de douter de son instrument et de lui-même. La planète se présentait à ce moment sous la forme d'un croissant (on sait que Vénus a des phases, comme la Lune). Au-dessous d'elle, se détachant sur le fond noir du ciel à une distance de 20 minutes d'arc, il y avait un autre croissant orienté exactement comme Vénus, et d'un diamètre égal au quart de celui de la planète. Montaigne écarta légèrement sa lunette,
de façon à faire sortir Vénus du champ : la planète disparut donc. Mais l’astre inconnu, lui, était toujours là.
« La nuit suivante, rapporte l'astronome anglais Wilkins, il vit de nouveau cet objet céleste. Mais celui-ci s'était déplacé vers la droite et se trouvait dès lors un peu au-delà du pôle Nord (de Vénus). Les 5 et 6 mai, le temps fut défavorable à l'observation. Le 7 mai, l'étrange objet apparut de nouveau, mais désormais sur le côté droit de Vénus, et toujours dans la même phase. On aurait dit qu'il suivait un chemin elliptique autour de la planète. Il semblait avoir accompli environ la moitié de sa révolution entre le 3 et le 7. Jusqu’au 11, le temps fut de nouveau défavorable, puis on eut une nuit claire et très belle. Le « satellite » était visible de nouveau, ayant effectué un déplacement vers la gauche, c'est-à-dire vers le sud-ouest de la planète. La lumière émise par ce corps céleste était très faible (1). »
Qu'était l’énigmatique objet observé par Montaigne? Une lune de Vénus? Certainement pas : rappelons-nous ses dimensions apparentes énormes: le quart du diamètre de la planète, ce qui, à cette distance équivaudrait aux dimensions de la Lune. Un tel astre serait visible à l’œil nu, et les instruments modernes l’observeraient à loisir. Alors? Un reflet de Vénus dans l'oculaire de l'instrument? Mais pourquoi ce reflet aurait-il tourné en huit jours le long d’une orbite elliptique? Et pourquoi n'aurait-il jamais été revu avec le même oculaire? D'ailleurs, 21 ans auparavant, l'Anglais James Short avait lui aussi observé dans le voisinage apparent de Vénus une sorte de petit satellite en forme de croissant. Et Short, opticien émérite, avait pensé à l'explication par le
reflet. Ayant trois fois changé d’oculaire, il ne cessa pas de voir le mystérieux astricule. Et avant Short, le célèbre Cassini l'avait vu lui aussi.
Vénus n’a pas de lune. C'est certain. Et pourtant quelque chose a été observé, non pas près de Vénus comme l'avait cru Montaigne, mais dans la direction de Vénus, à plusieurs reprises. Quoi? Pour l'instant, nul ne le sait.
(1) H.P. Wilkins, Les Mystères de l'Espace et du Temps (Payot).
Aimé MICHEL
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( Aimé Michel, Dans notre système solaire des lunes en trop, Science & Vie n° 518, novembre 1960, p. 98-103 )
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Aimé Michel semble ne se baser que sur Wilkins, dont il reprend le faux dessin. Il aurait une autre opinion s'il avait lu Stroobant. Il se trompe en affirmant que nul ne sait ce qui a été observé. Pour Montaigne, on sait parfaitement ce qu'il a observé). On sait même qu'il avait triché et sélectionné les astres qui correspondaient à ce qu'il attendait.
Il n'empèche qu'Aimé Michel semble être le premier à avoir compris qu'une lune de Vénus serait visible à l'oeil nu. Bravo!
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