Le titre du 25 janvier 2008

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Le 25 Janvier 2008, à 18 H 11, un bolide très brillant a été vu de presque toute la France pendant environ 2 secondes. Plus brillant que la lune, pour beaucoup de témoins, il a quasiment illuminé toutes une région. De plus, surgissant à une heure ou beaucoup de témoins potentiels sont dehors, il aurait du susciter des milliers de témoignages, dont le recoupement aurait permis de retrouver rapidement la zone de chute. En fait, nous allons voir que cette chute ne nous apprendra rien sur les météorites, mais des choses étonnantes sur le comportement de la société, face à un phénomène banal, mais mal vulgarisé.

Un avion en feu?

avion
Branle bas dans les services de secours en début de soirée
A Avignon et Montélimar, des témoins appellent le centre opérationnel de gendarmerie. Ils ont vu quelque chose d'incandescent traversant le ciel, une sorte de boule orange avec des éclats blancs. Certains pensent qu'il peut s'agir d'un avion en flammes. La gendarmerie envoie des patrouilles en reconnaissance là où la lueur a été signalée

Le Codis 84 (Centres Opérationnels Départementaux d'Incendie et de Secours du Vaucluse), reçoit des appels de Carpentras et d'Avignon prévenant qu'un avion en feu avait été aperçu dans le ciel du Vaucluse. Les pompiers dépèchent aussitôt une trentaine d'hommes dans le secteur à la recherche du mystérieux aéronef. Mais ils ne trouvent rien

Le Codis 69, est également appelé par un particulier "pour dire qu'il avait vu une lumière verte traverser le ciel au-dessus de Lyon".

Dans les Hautes-Alpes, à Serres, Laragne, Rosans et Gap, des habitants aperçoivent une boule de feu de couleur orangée qui traverse le ciel.

Non, c'est une météorite.

Le RCC de la base aérienne de Mont-Verdun, dans le Rhône, est mis en alerte. Le RCC, c'est le Rescue Coordination Center, qui coordonne les secours en cas de crash aérien. Il informe quelque temps plus tard les préfectures de sa découverte. "Il s'agissait en fait d'une météorite satellite" (c'est du moins l'expression rapportée par le journal)
L'objet a été remarqué dans la Drôme, les Alpes, la région lyonnaise, et finalement à Bourges
Pourquoi beaucoup de témoins ont ils pensé à un avion en feu? En 1974 (une grande année pour les OVNI), on décrivait déja un bolide comme un avion en feu. Ici, à part les étincelles oranges, la trajectoire décrite en deux secondes correspond mal à un avion réel. On peut penser que cette image de l'avion en feu vient des films catastophes, ou des jeux vidéos

C'est bien une météorite. Un controleur aérien l'a vu tomber

A Bourges, le centre opérationnel de la gendarmerie est aussi alerté par un automobiliste: il a vu une lumière dans le ciel, suivi d'une détonation. Pour controler l'information, les gendarmes appellent la tour de controle de l'aérodrome.
aerodrome
l'aérodrome de Bourges
j cotte
le témoin "digne de foi" décrit la chute
Ce soir là, Jerome Cotte le controleur de garde, attendait un avion en retard. Très intéressé par l'astronomie, il regardait le ciel crépusculaire, quand soudain, il a vu tomber une météorite au sud. Cela commençait par une gerbe d'étincelles, puis une lumière orangée, puis une lumière bleue et verte. Et soudain l'explosion, et deux à trois secondes après, un bang, comme un bruit sourd.

Le controleur aérien confirme donc aux gendarmes: il a vu une météorite exploser à 100 mètre du sol, entre le rond point et le bois de Trouy.

L'aviation civile s'en mêle: des pilotes auraient signalé le phénomène au controle aérien d'Orly, qui s'informe auprès de Bourges
C'est clair, il y a bien une chute de météorite, et elle est tombée sur Trouy
On remarque, que cette localisation n'est basée que sur le témoignage du controleur, qui n'avait aucun moyen de connaître la distance, puisque de son propre aveu, l'explosion avait eu lieu dans le ciel. Probablement avait il utilisé les indices visuels qu'il aurait utilisé pour un avion, l'impression étant renforcée par la brieveté du délai du bang
Néanmoins, présenté comme un "astronome" par l'agence Reuters, jérome Cotte va réussir à convaincre les autorités

La préfecture est alertée: «Cela nous a d'abord semblé farfelu, mais très vite, le témoignage du contrôleur nous a convaincus du sérieux de la situation». Des policiers de Bourges se rendent sur place, mais la nuit tombe, interrompant les recherches. La préfecture avoue son embarras: « Il nous est impossible de mettre en place un périmètre de sécurité, nous ne savons pas où est tombée la météorite »

La légende se met en place

trajectoire
Les journalistes vont reconstituer les faits en se basant sur les renseignements que leur donne l'autorité civile. D'après les différents Codis, les gendarmeries et le RCC de Mont-Verdun, une météorite a été vue dans les alpes et la vallée du Rhone. D'après la préfecture du Cher la chute a eu lieu à Trouy
En classant les observations dans l'ordre des appels, et ne connaissant pas d'autres observations que celles de la vallée du Rhone, des Alpes et de Bourges, les journalistes vont donc imaginer pour cette "météorite satellite" une trajectoire partant du Vaucluse pour aboutir à Bourges, comme pour une rentrée de satellite, comme pour la rentrée du 5 novembre 1990...
Peu leur chaut que les observations ne dure que deux secondes, et que les témoins indiquent une direction vers le sud, et non vers le nord. Ces témoins n'ont pas éré recontactés et l'autorité parle à leur place

bouton trouy
La chasse
Grande chasse à la météorite à Trouy

Dès le samedi matin, la localisation se précise.
En effet, d'autres témoins, sensibilisés par l'annonce de la chute sur Trouy, se sont manifestés auprès du commissariat de Bourges. D'après les renseignements qu'ils donnent, la météorite serait tombée près du hameau de "La Fosse Berthaud".
La protection civile de la préfecture du Cher est tellement convaincue de la justesse de cette localisation qu'elle affirme à un chercheur qu'il n'y a plus lieu de chercher d'autres témoins. Elle prévient la mairie de Trouy afin d'organiser une battue.
Les journalistes convergent vers Troy.
Les chasseurs de météorites aussi.

france 2
A part les journalistes, tout le monde rentrera bredouille. Dame, il n'y avait jamais que 370 km d'erreur dans la localisation

Mais la mythologie du "témoin digne de foi" a encore frappé. Le sérieux du controleur a convaincu la Préfecture. Le sérieux de la Préfecture a encore plus convaincu les agences de Presse, comme Reuters et l'AFP. Le sérieux des agences de presse a non moins convaincu les médias. Journaux, radio, télévision, la bulle médiatique enfle et va se maintenir pendant quatre jours.

Les médias persistent et signent, mais les témoins ont des doutes

Pendant qu'on arpente les champs boueux à Trouy, les médias essayent de faire patienter leurs lecteurs:

L'objet céleste a été aperçu vendredi soir avant d'exploser. Depuis, il reste introuvable. (le figaro 28 janvier)
Mystère dans le ciel (Sud Ouest du 29)

Cependant, les témoignages d'observations arrivent de tous cotés. En effet, l'annonce d'un phénomène céleste de ce genre genère toujours un afflux de témognages concomitants auprès des médias qui l'ont annoncé. En particulier, sur les sites Web des journaux, qui invitent leurs lecteurs à réagir à une information.
Et les réactions pleuvent. Certains lecteurs sont soulagés: ils n'ont pas eu d'hallucination. Ce qu'ils ont vu existait bien, c'était une météorite, et ils l'ont vu tomber!
- Apres etre passee pour une folle ou une droguee depuis vendredi soir, me voila heureuse de vous lire.
- finalement je suis contente de ne pas avoir révé...
(réactions lecteurs, La Dépèche)
- Un grand moment de solitude, puisque personne ne m'a cru sur le coup, heureusement que l'info est passée sur france 3 le lendemain... (réactions lecteurs, Le Figaro)
- les enfants rentraient du collège en bus. Ils nous ont dit avoir vu une trainée dans le ciel, un "truc bizarre". Personne ne les a crus. Les médias nous ont prouvé le contraire ! (réactions lecteurs, Le Point)
- J'ai vu la fameuse météorite. Me dépêchant de rentrer pour le raconter à mon amie, j'ai eu droit à des moqueries concernant mes visions ( tu est saoul?)
- En écoutant France Inter, j'ai réalisé que je n'avais pas halluciné !
- je reste avec mes belles images dans la tete contente que la radio en parle ce matin: je n'avais pas revé!!
(réactions TF1)
Déja, on peut s'étonner que tant de gens, devant un phénomène atmosphérique spectaculaire, mais banal, aient eu besoin de la confirmation des médias pour se persuader qu'ils avaient bien vu. La disparition quasi totale de la vulgarisation scientifique, tant médiatique, que scolaire, n'y est pas étrangère. Et ce ne sont pas les émissions de ce charmant conteur qu'est Hubert Reeves, qui vont les aider à reconnaître une rentrée de météorite: En 1990, lui même n'en était pas capable
Ensuite, à part pour les lecteurs et auditeurs de la région de Bourges, ou du nord de Bourges, quelque chose ne va pas. Des lecteurs s'étonnent, la direction de ce qu'ils ont vu ne correspond pas du tout:
- c'est sûr que celle là n'a pas fini sa course dans le Cher !
- vu notre position, impossible qu'elle tombe dans le Cher. (réactions fr3-rhone-alpes)
-je ne vois pas comment en effet elle aurait pu atterir à Bourges: elle aurait du avoir alors une trajectoire nettement plus Nord
(réactions lecteurs, Le Figaro)
- La direction de mon observation ne correspond pas (à part pour l'heure) à ce qui a été décrit à Bourges
je ne comprends pas comment elle a pu tomber devant moi (à 200 m) et en même temps et à la même heure (18h05) à Albertville, Marseille, Toulouse, Bourges et dans le Sud-Ouest !
- il est clair que le point d'impact, si point d'impact il y a eu, n'est pas dans la région de Bourges.
(réactions lecteurs, Le Point)
- "Si elle est tombée au sud de Bourges comme indiqué à la radio c'est très certainement très au sud. Le Vaucluse me semble effectivement une bonne région d'impact." (réactions TF1)
Et de fait, cette localisation "officielle", près de Bourges va perturber quelques lecteurs. Ceux qui ont cru voir la météorite tomber dans la région de Bourges étant plus enclin à le rapporter, que ceux qui ont cru la voir tomber ailleurs.

Les "augures" s'en mèlent

icones
l'iconographie
La réaction normale d'un journaliste devant un prodige céleste, est évidemment de consulter les augures, puis d'illustrer son article, par une image pieuse, pardon une image "scientifique".
Les augures, ce sont bien évidemment les spécialistes, et le mot de "météorite" ayant été prononcé, les spécialistes sont les experts en identification et datation de météorites. De ces météorites qu'on voit duement étiquétées au muséum
Evidemment, ces spécialistes n'ont jamais prétendu être expert en analyse du témoignage, et en traitement des données floues, mais vous n'imaginez quand même pas un expert répondant à un journaliste: "Désolé, mais je n'y connaîs rien..."

Consulté par "Le Post, l'augure, pardon, l'astronome l'astronome François Colas, de l'Institut de Mécanique Céleste, déclare:
"Une météorite est un corps de taille variable qui vient du ciel. Elle peut être de la taille d'un caillou comme de celle d'une voiture. A partir de 5 m à 10 m de diamètre, elle est susceptible de tomber au sol". "Comme 98% des météorites, celle observée ce week-end à Trouy, près de Bourges (Cher) est une météorite pierreuse reconnaissable à sa couleur verte"
On se demande bien comment François Colas peut savoir à quoi ressemble une météorite dont personne n'a vu la couleur, mais il faut remarquer que Le Post aime bien prendre les scientifiques au débotté, et leut faire dire ce qu'ils n'ont pas dit

le lieu
Le museum: une prestigieuse institution
D'après Le Figaro, la déclaration de Brigitte Zanda, augure, pardon, chercheur au Laboratoire d'étude de la matière extraterrestre du Muséum national d'histoire naturelle, n'est pas mal non plus:
«Elle a très bien pu se volatiliser dans l'atmosphère mais, au regard de ce qu'ont décrit les témoins, cela m'étonnerait». Selon cette spécialiste, la détonation survenue en plein ciel plaide en faveur de l'explosion du «bolide», un phénomène fréquent dû aux écarts de température entre la couche externe de la météorite (plus de 1500 °C) et son cœur gelé. Dans ce cas, l'objet céleste se retrouve fragmenté en milliers de morceaux plus ou moins gros qui retombent en pluie sur une large superficie.
Autre possibilité, «elle a pu s'écraser beaucoup plus loin que ce que l'on pense et tomber en mer du Nord ou même dans l'Atlantique. Cela dépend de l'incidence de la chute». Une explication qui justifierait qu'aucune trace n'ait été relevée dans le Cher.
Enfin, la météorite pourrait aussi être repartie dans l'espace. Un phénomène rare, mais déjà relevé en 1972 aux États-Unis. Le bolide, dont la vitesse atteignait 15 km/s, n'avait fait que frôlé la terre.

Certes, l'explication de l'explosion est exacte, sauf que le coeur de la météorité n'est pas gelé et qu'à la date de l'interview, personne n'avait encore rapporté avoir entendu l'explosion. A part quelques témoins de Bourges, dont le contrôleur, qui décrit un bang survenant 3 secondes après, comme si l'explosion avait eu lieu à 1 km de lui, et qui ne ressemble nullement au grondement d'un bolide
Quand à l'hypothèse qu'elle soit tombée en mer, voire repartie dans l'espace, elle ne s'accorde en rien avec la quasi verticalité que déclare les témoins. Allez raconter aux témoins de Bourges, que la météorite qu'ils ont vu tomber verticalement est repartie dans l'espace, et ils partiront d'un rire franc et massif
Manifestement, Brigitte Zanda a elle aussi été prise au débotté, par Le Figaro.

On retrouve ici le syndrome du "gaz des marais" qui valu tant de sarcasmes à l'astronome Allen Hynek. En 1966, Envoyé par l'USAF enquéter sur une observation d'OVNI à Ann Harbor, il fut quasiment sommé de trouver une explication. N'ayant pas encore eu le temps de faire les investigations nécessaires, et sachant que l'observation avait eu lieu au dessus d'un marais, il invoqua le "gaz des marais", ce qui valu d'être discrédité, l'explication ne tenant pas debout face au dossier.

Les internautes s'en mèlent aussi, mais mieux...

pendant que les journalistes continuent de ne croire que l'autorité, et que les témoins usent leurs claviers à leur expliquer qu'ils se trompent, les internautes s'organisent
bolide
amateurs
contre
officiels
En effet, la grosse différence avec la rentrée du 5 novembre 1990, c'est l'existence d'internet, qui crée un contre-pouvoir médiatique, et permet à l'information de s'échanger, quasiment en temps réel, entre les chercheurs et les témoins. Parallèlement à l'information "officielle" qui ne reconnaît que l'information "digne de foi", circule une information "underground", qui s'intéresse à la base de l'information, et permet aux chercheurs d'échanger leurs données et leurs analyses. Et cette affaire du 25 janvier va être une brillante démonstration de l'utilité d'internet et de ses forums de duscussions
De fait, tout va très vite. 5 minutes après le phénomène, il est déja dignalé sur un forum. 2 heures 30 après, un premier fil de discussion est lancé sur le forum Infoclimat. C'est là que vont être postés les premiers éléments précis. Le lendemain 26, il y a pas moins de 6 fils de discussions sur autant de forums, et c'est là que la vérité va surgir.
Dès le 26, à 11 H 42, une photo de la trainée rémanente apparait sur infoclimat. Mais il faudra attendre le 19 février pour pouvoir la "faire parler"
A 13h 15, un internaute suggère de faire une carte pour voir le point de convergence des directions d'observations. Mais pour cela, bien sûr, il faut des directions précises.
Une première direction précise, mesurée à la boussole, avec des points de repère, est mentionnée par Gipé siur Infoclimat à 22 H 37. Bien que le témoin pense à un phénomène proche, l'azimut indiqué pointe vers Albi, et non vers Bourges. Il poste une reconstitution le lendemain à 14:04
Au bout de quelques jours, les chercheurs concentreront leur activité sur un seul forum: Futura-Sciences. Les témoignages, documents, et analyses vont s'y succéder

La météorite est elle tombée partout en même temps?

En même temps que les lecteurs signalent dans leur réactions, qu'on a vu le bolide d'à peu près toute la France, Le journal La Dépèche du Midi commence à mentionner des observations accréditant une chute ailleurs qu'à Bourges
Le 28 janvier, La Dépèche du Midi mentionne des observations à Fronton, Carbonne et St Gaudens, et suggère "une autre trajectoire"
Cependant, en bon fonctionnaire de l'état, l'officier de permanence au Centre opérationnel de la gendarmerie de Haute-Garonne, essaye de sauver la théorie officielle de la chute sur Bourges:
« Entre Saint-Gaudens et Bourges, on peut logiquement estimer que la trajectoire peut-être aperçue du côté de Fronton »
Il est ainsi obligé de sacrifier les observations des alpes et de la Vallée du Rhone, pourtant authentifiées par des organismes non moins officiels.
Le 29, La Dépèche mentionne une observation à Villeneuve-d'Aveyron. Pour le témoin:
il ne fait aucun doute que l'impact se trouve tout près de Villeneuve. « Je n'ai pas pu voir son point de chute, mais je suis sûr qu'elle n'est pas allée très loin ».
...
« Peut-être s'est-elle posée dans le bois, derrière les champs ».
Le témoin de Villeneuve n'est pas le seul a voir vu la météorite tomber tout près. De nombreux témoins, à commencer par le contrôleur de Bourges, ont vu, eux aussi, la météorite tomber tout près, parfois à 100 m...
- J'ai apperçu le vendredi 25/01 vers les 18heures un objet (je suppose un fragment de météorite) qui est tombé à environ 100 mètres de mon véhicule (Reactions lecteurs La Dépèche)
- elle aurait été freinée dans sa course pour éteindre sans bruit à une dizaines de mètre du sol à environ 50 - 100 m (réactions lecteurs Le Point)
Parfois à 50 m...
- Il est allé s'écraser dans un pré parallèle à l'autoroute (50 m environ) (Reactions lecteurs La Dépèche)
Parfois moins...
- C'était comme une fusée avec des étincelles tout autour. Il n'était qu'à trois mètres du sol. Pour moi il est tombé soit dans la haie, soit dans le pré voisin (Le Post)
- elle s'est écrasée dans un champs à une vingtaine de metres de la route (réactions fr3-rhone-alpes )
- On avait l'impression qu'elle s'écrasait a quelques mètres! (réactions lecteurs, Le Figaro )
mare
y'en a mare...

De fait, Si on écoute les lecteurs, elle est tombé près de Villebrumier, elle est tombé près de Dijon, elle est tombée près de Labège, elle est tombée au sud de Laval, elle est tombée près de Périgueux, elle est tombée à à Cucuron, elle est tombée dans la Vallée de l'Isère, elle est tombée près de St Girons, elle est tombée près d'Albertville, elle est tombée près de Sainte Livrade sur Lot...
Tout se passe comme si, les témoins voyaient la météorite chez eux. Le problème, c'est qu'il arrive que l'autorité les croit:
Dans la Loire, à Saint-Romain-en-Jarez, un agriculteur à réussi à persuader le maire que la météorite était tombé dans sa mare...

Mais il y a mieux. Comme à chaque manifestation d'un brillant bolide, où des milliers de témoins sont impliqués, la météorite, non seulement on l'a vu tomber tout près, mais on l'a trouvé!
meteorite
La voila!
A St Jory, un garde chasse rentre chez lui quand, sur le chemin de Beldou, il aperçoit une sorte de fusée traverser le ciel. Comme des quantités de témoins, il pense d'abord à une fusée de feu d'artifice. Mais La semaine suivante, en lisant l' article de la Dépêche du Midi du 28 janvier « Où est passée la météorite ? », il comprend qu'il na vu le même phénomène, et retourbe sur place. Après quelques minutes de recherche, il trouve une pierre recouverte de terre, qui, nettoyée, se révèle ètre de couleur noir bronze et d'environ 6 cm de diamètre. "Une poussière d'étoile sûrement..." sit le journaliste qui relate la découverte. L'ennuyeux, c'est que St Jory est au Nord ouest de Toulouse, alors que le recoupement des témoignages place l'explosion à la limite du Tarn et de l'Hérault...

Mieux encore.La météorite, d'autres l'ont ramassé, photographié et diffusé la photo sur internet!

D'ou vient donc cette illusion de proximité? Aucun des témoins n'avaient d'indices visuels pour estimer la distance, comme le fait de se profiler devant un objet de distance connue. Donc:
- Soit, le témoin comprend qu'il lui est impossible d'estimer la distance
- Soit, il croit reconnaitre un objet de dimension connue, et en déduit la distance. Ici, l'objet qui ressemblait le plus au phénomène est une fusée de feu d'artifice. Pour rationaliser, la chute d'une telle fusée, ailleurs que lors d'une fète, les témoins imaginent qu'elle ait été tirée par des enfants
Sur 179 réactions de lecteurs recensées sur les sites des journaux, 28 on pensé à une fusée de feu d'artifice, et d'autres à des fudées diverses, comme pour l'effarouchement des oiseaux. S'ils avaient su que la boule de lumière qu'ils voyaient faisaient plus d'un kilomètre de diamètre, ils l'auraient évidemment situé beaucoup plus loin que 50 mètres
Ces témoins sont ils naïfs? Même pas. Le seul indice qu'ils ont leur faisant conclure à la proximité, ils essayent de vérifier cette localisation en cherchant sur place, à l'endoit estimé de la chute. Il se trouve, que lorsqu'on cherche quelque chose d'insolite en un point mal déterminé, la fréquence du succérs de la recherche est de l'ordre de 1/10. Cette estimation est basée sur la découverte de traces d'OVNI après un supposé quasi-atterrissage. Pour être précis, si l'on peut dire, cela correspond à la probabilité de trouver un objet non identifié à une distance vraisemblable de la position estimée d'un phénomène mal identifié. Sachant que des dizaines de témoins ont cru à la proximité, mais que nombre d'entre eux (en voiture), n'ont pas pu vérifier, il est logique qu'il y ait des témoins qui trouvent (à St Jory), et des témoins frustrés (à Villeneuve-d'Aveyron et à Saint-Romain-en-Jarez)

Mais les témoins lisent les journaux, et consultent les sites internets. Ils savent donc que leur météorite, qu'ils ont vu tomber près d'eux, a été vu tombant ailleurs. Ils imaginent donc que la météorite s'est fragmenté, dispersant ses morceaux un peu partout, ce qui leur permet d'ailleurs d'accorder leur observation avec celle de la chute à Bourges.
- peut il y avait plusieurs météorites?
- peut etre que cette meteorite n'a fait que traverser notre atmosphere?
(réactions fr3-rhone-alpes)
- Il est probable que la météorite aperçue du côté de bourges se soit éclatée en plusieurs morceaux lorsqu'elle est rentrée dans l'atmosphère à une vitesse d'environ 10000km/h, ce qui expliquerai plusieurs témoignages avec des trajectoires différentes! (réactions lecteurs, La Dépèche)
- Alors il n'y aurait-t'il pas eu plusieurs fragments de météorites ce même jour? (réactions lecteurs, Le Figaro)
- Serait-ce un gros objet qui se serait désintégré en plusieurs petits morceaux avant d'entrer dans l'atmosphère ? (réactions lecteurs, Le Point)

certains , comprennent même la nature du problème:
- Il impossible de dire à quelle distance il se trouvait, contrairement à ce que pensent certaines personnes. Par contre, avec quelques témoignages précis, par triangulation, on pourrait mieux situer le point d'impact, si point d'impact il y a eu ? (réactions lecteurs, La Dépèche)

Sur internet, la vérité se fait jour

Nous avons vu que, le 26 à 13H 38, donc mois de 20 heures après l'observation, un internaute avait suggéré de reporter les directions sur une carte
En fait, pour réfuter la trajectoire "officielle", il n'y avait même pas besoin de carte. Il suffisait de remarquer que le temps d'observation mentionné était de deux secondes, avec une trajectoire orientée dans le secteur sud, alors que la trajectoire "officielle" impliquait une trajectoire de 500 km, orientée vers le nord-ouest
500 km en deux secondes? Autant croire au père Noël ou à la marmotte chocolatière
Et en plus, en marche arrière!

cartes
Les cartes
Cependant les cartes apparaissent. Une carte était déja postée à 13H 01 sur METEORITES ET IMPACT Elle utilise 3 observations avec des azimuts de début et de fin. Malheureusement, les segments sont réunis en triangle, et la zone de chute est toujours Bourges
Une première carte avec des directions apparait dès le 27 à 13 H 38. Bien qu'encore sommaire, elle montre que les directions d'observation convergent vers le sud du massif central. D'autres cartes vont suivre pour le confirmer.
Mais sur les forums, les témoignages continuent d'arriver. La convivialité de ces forums fait que les témoins sont invités à préciser certains détails, ce qui permet de les utiliser et de mettre à jour les cartes en "temps réel". Les cartes suivantes vont se faire de plus en plus précises et s'affranchir de la localisation officielle, en montrant que le phénomène s'est passé dans le sud de la France.

Le virus sceptique se propage

Le 28 janvier à 11H 50. La situation va commencer à basculer. Foehn, astronome amateur à Castelnau-sur-l'Auvignon (Gers), mentionne sur le forum Infoclimat, le compte rendu d'observation qu'il a envoyé à l'International Meteor Organization.
position 43°57' N, 00°29' E, heure 18h10 +/- 90s.
trajectoire approximative :
début : az 50°, site 30°
fin : az 95°, site 12°

Comparé avec l'azimut donné par Gipé, cela donne un recoupement sur la commune de Paulinet, dans le Tarn
A 18 H 12, une carte est postée sur Astrosuf, indiquant ce recoupement par une croix.
Cette carte est aussitôt mentionnée par Ludwig dans un article de Sur la Toile, expliquant l'erreur des autorités.
Paralllément, le sociologue Pierre Lagrange, étonné-agacé-indigné (rayez les mentions inutiles) que les journalistes et les autorités se comportent comme des ufologues débutants, prévient Cyrille Vanlerberghe, journaliste scientifique au Figaro, en mentionnant cette carte.
Le 29 il prévient la revue Ciel & Espace. Le 30 Il rédige un article pour Le Figaro. Le paradigme Trucidien va basculer...

changement de paradigme

L'article de Pierre Lagrange est mis en ligne sur le site du Figaro le 30 janvier à 20 H 42
Avant même, qu'il sorte en kiosque, le 31 janvier, cet article va faire basculer le paradigme de la chute près de Bourges, qui va se transformer en paradigme de la chute près d'Albi. En effet, d'autres journaux, sites, blogs et forums, reprennent l'information, comme Google en témoigne
En particulier, La Dépèche du Midi, pour qui cette localisation valorise les témoignages recueillis. Les témoins du midi n'ont pas révé. Un astronome cautionné par Le Figaro (entendez: un chercheur "digne de foi") a prouvé que la météorite était bien tombée chez eux.

le retour de "l'esprit de clocher"

On ne s'étonne évidemment pas, que ce soit les journaux méridionnaux qui fassent le plus d'écho à cette "délocalisation" de la chute de la météorite
paulinet
à la télé
Par contre, on peut s'amuser de la précipitation avec laquelle la télévision locale se rue sur l'évènement. Un astronome (amateur) démontre que la météorite est tombée près d'Albi? Que le recoupement se fait sur Paulinet? on court vérifier... non pas auprès du dit chercheur, dont le nom est mentionné, mais à la mairie de Paulinet.
Chance, à la mairie de Paulinet, un homme aimable leur répond qu'il connaît un témoin, et qu'il va le prévenir. Le témoin accepte de recevoir les journalistes, qui viennent sur place, et c'est ainsi que le 31 au journal de 19/20, la présentatrice peut annoncer avec fierté que la météorite est tombée sur Paulinet...
Paulinet (570 habitants) va remplacer Trouy. Pourtant on n'y verra pas les chercheurs de météorites. Il faut dire que la géographie locale ne se prète guère à ce genre de recherche, proche de celle d'une aiguille dans une meule de foin
Mais certains recupèrent dans l'histoire de leur famille, cette localisation, qui donne de la classe au village de leurs ancètres:
Leur fils Jean, né au masage de Panissaire vers 1650, épousa à Paulin (Los Paulinetòls) en 1676 Marie MAYNEAU, du masage de Ruèges. Ils vécurent au masage de la Bonnaygue de Rayssac, et y moururent... (Une météorite tomba le 25 Janvier 2008 sur Paulin, sans faire de dégâts).

Mais à Bourges, on ne l'entend pas de cette oreille, non mais sans blague! Le lendemain, un journaliste de La nouvelle République, le quotidien local, pose cette grave question:
« est-il plus raisonnable de croire les Berrichons qui ont vu l'objet brûler à 400 mètres de leurs yeux ou un spécialiste des trajectoires qui habite à 800 km de l'endroit où il est supposé avoir chu ? »
Autrement dit: D'où sort il celui là, qui vient prendre leur météorite aux Trucidiens pour la donner aux Paulinétols? Ah, ces savants d'aujourd'hui, ils se croient tout permis...

Course à la localisation

Ce que n'avait pas compris les journalistes, c'est que le recoupement sur Paulinet n'était pas du tout une localisation précise, mais une étape dans le processus de recherche de la localisation. Ce premier recoupement n'indiquait que la région ou il fallait chercher: l'est du Tarn.
La méthode de recherche consiste à tenir compte des témoignages qui entrainent le moins d'erreur: Direction précise, et paraissant fiable, ou direction approximative, mais à proximité du phénomène.
Le problème c'est qu'on ne reconnait cette proximité qu'après avoir trouvé la localisation. On procède donc par "itérations".

localise
C'est là!
Dans un premier temps, on attend d'avoir un recoupement d'au moins deux directions précises. Dans un deuxième temps, on s'interesse aux observations faites autour de ce point. A ce stade, on peut aussi s'aider d'autres détails de l'observation, comme l'audition d'un bruit. Mais on se renseignera aussi auprès des mairies, gendarmeries ou rédactions locales des journaux. Mieux: avec l'aide des journalistes, on peut faire un appel à témoin
Enfin, ne pas commettre l'erreur que nous avons fait, en confondant direction précise ayant un point de repère, et azimut exact. Car cette direction précise, il faut voir avec quoi on la mesure. Notre recherche parti de Paulinet, s'empétrera dans les Cévennes, à cause d'un azimut précis, mais faux, et se terminera au dessus du lac du Salagou

Les photos parlent

traitement
les photos
Ah, si on avait pu prendre une vidéo, comme celle de la chute de Villalbeto de la Peña !
Ou à la rigueur des ohotos...
Mais on en a des photos! Au moins cinq!
En fait on dispose actuellement de deux photos prétendues du bolide, mais qui n'ont rien à voir avec, et de trois photos de la trainée rémanente, dont deux sont parfaitement utilisables pour des recoupements
Bien sûr, a priori, ces photos n'ont rien de spectaculaire, mais il ne s'agit pas de s'offrir du grand spectacle, mais de reconstituer la trajectoire, et comme le trainée rémanente matérialise cette trajectoire, le recoupement de deux photos suffit pour la reconstituer dans l'espace
Bien sûr, il faut les cuisiner savamment, mais...
Avec les ordinateurs, la photométrie et la trigonométrie sphérique, nous avons les moyens de les faire parler

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Dernière mise à jour: 19/09/2018