Page en cours d'élaboration Le 25 Janvier 2008, à 18 H 11, un bolide très brillant a été vu de presque toute la France pendant environ 2 secondes. Plus brillant que la lune, pour beaucoup de témoins, il a quasiment illuminé toutes une région. De plus, surgissant à une heure ou beaucoup de témoins potentiels sont dehors, il aurait du susciter des milliers de témoignages, dont le recoupement aurait permis de retrouver rapidement la zone de chute. En fait, nous allons voir que cette chute ne nous apprendra rien sur les météorites, mais des choses étonnantes sur le comportement de la société, face à un phénomène banal, mais mal vulgarisé. Un avion en feu? A Avignon et Montélimar, des témoins appellent le centre opérationnel de gendarmerie. Ils ont vu quelque chose d'incandescent traversant le ciel, une sorte de boule orange avec des éclats blancs. Certains pensent qu'il peut s'agir d'un avion en flammes. La gendarmerie envoie des patrouilles en reconnaissance là où la lueur a été signalée Le Codis 84 (Centres Opérationnels Départementaux d'Incendie et de Secours du Vaucluse), reçoit des appels de Carpentras et d'Avignon prévenant qu'un avion en feu avait été aperçu dans le ciel du Vaucluse. Les pompiers dépèchent aussitôt une trentaine d'hommes dans le secteur à la recherche du mystérieux aéronef. Mais ils ne trouvent rien Le Codis 69, est également appelé par un particulier "pour dire qu'il avait vu une lumière verte traverser le ciel au-dessus de Lyon". Dans les Hautes-Alpes, à Serres, Laragne, Rosans et Gap, des habitants aperçoivent une boule de feu de couleur orangée qui traverse le ciel. Non, c'est une météorite. Le RCC de la base aérienne de Mont-Verdun, dans le Rhône, est mis en alerte. Le RCC, c'est le Rescue Coordination Center, qui coordonne les secours en cas de crash aérien. Il informe quelque temps plus tard les préfectures de sa découverte. "Il s'agissait en fait d'une météorite satellite" (c'est du moins l'expression rapportée par le journal) C'est bien une météorite. Un controleur aérien l'a vu tomber A Bourges, le centre opérationnel de la gendarmerie est aussi alerté par un automobiliste: il a vu une lumière dans le ciel, suivi d'une détonation. Pour controler l'information, les gendarmes appellent la tour de controle de l'aérodrome.
La légende se met en place En classant les observations dans l'ordre des appels, et ne connaissant pas d'autres observations que celles de la vallée du Rhone, des Alpes et de Bourges, les journalistes vont donc imaginer pour cette "météorite satellite" une trajectoire partant du Vaucluse pour aboutir à Bourges, comme pour une rentrée de satellite, comme pour la rentrée du 5 novembre 1990... Peu leur chaut que les observations ne dure que deux secondes, et que les témoins indiquent une direction vers le sud, et non vers le nord. Ces témoins n'ont pas éré recontactés et l'autorité parle à leur place
Dès le samedi matin, la localisation se précise. Mais la mythologie du "témoin digne de foi" a encore frappé. Le sérieux du controleur a convaincu la Préfecture. Le sérieux de la Préfecture a encore plus convaincu les agences de Presse, comme Reuters et l'AFP. Le sérieux des agences de presse a non moins convaincu les médias. Journaux, radio, télévision, la bulle médiatique enfle et va se maintenir pendant quatre jours. Les médias persistent et signent, mais les témoins ont des doutes Pendant qu'on arpente les champs boueux à Trouy, les médias essayent de faire patienter leurs lecteurs: Les "augures" s'en mèlent
Les augures, ce sont bien évidemment les spécialistes, et le mot de "météorite" ayant été prononcé, les spécialistes sont les experts en identification et datation de météorites. De ces météorites qu'on voit duement étiquétées au muséum Evidemment, ces spécialistes n'ont jamais prétendu être expert en analyse du témoignage, et en traitement des données floues, mais vous n'imaginez quand même pas un expert répondant à un journaliste: "Désolé, mais je n'y connaîs rien..." Consulté par "Le Post, l'augure, pardon, l'astronome l'astronome François Colas, de l'Institut de Mécanique Céleste, déclare: "Une météorite est un corps de taille variable qui vient du ciel. Elle peut être de la taille d'un caillou comme de celle d'une voiture. A partir de 5 m à 10 m de diamètre, elle est susceptible de tomber au sol". "Comme 98% des météorites, celle observée ce week-end à Trouy, près de Bourges (Cher) est une météorite pierreuse reconnaissable à sa couleur verte" On se demande bien comment François Colas peut savoir à quoi ressemble une météorite dont personne n'a vu la couleur, mais il faut remarquer que Le Post aime bien prendre les scientifiques au débotté, et leut faire dire ce qu'ils n'ont pas dit
«Elle a très bien pu se volatiliser dans l'atmosphère mais, au regard de ce qu'ont décrit les témoins, cela m'étonnerait». Selon cette spécialiste, la détonation survenue en plein ciel plaide en faveur de l'explosion du «bolide», un phénomène fréquent dû aux écarts de température entre la couche externe de la météorite (plus de 1500 °C) et son cœur gelé. Dans ce cas, l'objet céleste se retrouve fragmenté en milliers de morceaux plus ou moins gros qui retombent en pluie sur une large superficie. Autre possibilité, «elle a pu s'écraser beaucoup plus loin que ce que l'on pense et tomber en mer du Nord ou même dans l'Atlantique. Cela dépend de l'incidence de la chute». Une explication qui justifierait qu'aucune trace n'ait été relevée dans le Cher. Enfin, la météorite pourrait aussi être repartie dans l'espace. Un phénomène rare, mais déjà relevé en 1972 aux États-Unis. Le bolide, dont la vitesse atteignait 15 km/s, n'avait fait que frôlé la terre. Certes, l'explication de l'explosion est exacte, sauf que le coeur de la météorité n'est pas gelé et qu'à la date de l'interview, personne n'avait encore rapporté avoir entendu l'explosion. A part quelques témoins de Bourges, dont le contrôleur, qui décrit un bang survenant 3 secondes après, comme si l'explosion avait eu lieu à 1 km de lui, et qui ne ressemble nullement au grondement d'un bolide Quand à l'hypothèse qu'elle soit tombée en mer, voire repartie dans l'espace, elle ne s'accorde en rien avec la quasi verticalité que déclare les témoins. Allez raconter aux témoins de Bourges, que la météorite qu'ils ont vu tomber verticalement est repartie dans l'espace, et ils partiront d'un rire franc et massif Manifestement, Brigitte Zanda a elle aussi été prise au débotté, par Le Figaro. On retrouve ici le syndrome du "gaz des marais" qui valu tant de sarcasmes à l'astronome Allen Hynek. En 1966, Envoyé par l'USAF enquéter sur une observation d'OVNI à Ann Harbor, il fut quasiment sommé de trouver une explication. N'ayant pas encore eu le temps de faire les investigations nécessaires, et sachant que l'observation avait eu lieu au dessus d'un marais, il invoqua le "gaz des marais", ce qui valu d'être discrédité, l'explication ne tenant pas debout face au dossier. Les internautes s'en mèlent aussi, mais mieux... pendant que les journalistes continuent de ne croire que l'autorité, et que les témoins usent leurs claviers à leur expliquer qu'ils se trompent, les internautes s'organisent
De fait, tout va très vite. 5 minutes après le phénomène, il est déja dignalé sur un forum. 2 heures 30 après, un premier fil de discussion est lancé sur le forum Infoclimat. C'est là que vont être postés les premiers éléments précis. Le lendemain 26, il y a pas moins de 6 fils de discussions sur autant de forums, et c'est là que la vérité va surgir. Dès le 26, à 11 H 42, une photo de la trainée rémanente apparait sur infoclimat. Mais il faudra attendre le 19 février pour pouvoir la "faire parler" A 13h 15, un internaute suggère de faire une carte pour voir le point de convergence des directions d'observations. Mais pour cela, bien sûr, il faut des directions précises. Une première direction précise, mesurée à la boussole, avec des points de repère, est mentionnée par Gipé siur Infoclimat à 22 H 37. Bien que le témoin pense à un phénomène proche, l'azimut indiqué pointe vers Albi, et non vers Bourges. Il poste une reconstitution le lendemain à 14:04 Au bout de quelques jours, les chercheurs concentreront leur activité sur un seul forum: Futura-Sciences. Les témoignages, documents, et analyses vont s'y succéder La météorite est elle tombée partout en même temps? En même temps que les lecteurs signalent dans leur réactions, qu'on a vu le bolide d'à peu près toute la France, Le journal La Dépèche du Midi commence à mentionner des observations accréditant une chute ailleurs qu'à Bourges
De fait, Si on écoute les lecteurs, elle est tombé près de Villebrumier, elle est tombé près de Dijon, elle est tombée près de Labège, elle est tombée au sud de Laval, elle est tombée près de Périgueux, elle est tombée à à Cucuron, elle est tombée dans la Vallée de l'Isère, elle est tombée près de St Girons, elle est tombée près d'Albertville, elle est tombée près de Sainte Livrade sur Lot... Tout se passe comme si, les témoins voyaient la météorite chez eux. Le problème, c'est qu'il arrive que l'autorité les croit: Dans la Loire, à Saint-Romain-en-Jarez, un agriculteur à réussi à persuader le maire que la météorite était tombé dans sa mare... Mais il y a mieux. Comme à chaque manifestation d'un brillant bolide, où des milliers de témoins sont impliqués, la météorite, non seulement on l'a vu tomber tout près, mais on l'a trouvé!
Mieux encore.La météorite, d'autres l'ont ramassé, photographié et diffusé la photo sur internet! D'ou vient donc cette illusion de proximité? Aucun des témoins n'avaient d'indices visuels pour estimer la distance, comme le fait de se profiler devant un objet de distance connue. Donc: - Soit, le témoin comprend qu'il lui est impossible d'estimer la distance - Soit, il croit reconnaitre un objet de dimension connue, et en déduit la distance. Ici, l'objet qui ressemblait le plus au phénomène est une fusée de feu d'artifice. Pour rationaliser, la chute d'une telle fusée, ailleurs que lors d'une fète, les témoins imaginent qu'elle ait été tirée par des enfants Sur 179 réactions de lecteurs recensées sur les sites des journaux, 28 on pensé à une fusée de feu d'artifice, et d'autres à des fudées diverses, comme pour l'effarouchement des oiseaux. S'ils avaient su que la boule de lumière qu'ils voyaient faisaient plus d'un kilomètre de diamètre, ils l'auraient évidemment situé beaucoup plus loin que 50 mètres Ces témoins sont ils naïfs? Même pas. Le seul indice qu'ils ont leur faisant conclure à la proximité, ils essayent de vérifier cette localisation en cherchant sur place, à l'endoit estimé de la chute. Il se trouve, que lorsqu'on cherche quelque chose d'insolite en un point mal déterminé, la fréquence du succérs de la recherche est de l'ordre de 1/10. Cette estimation est basée sur la découverte de traces d'OVNI après un supposé quasi-atterrissage. Pour être précis, si l'on peut dire, cela correspond à la probabilité de trouver un objet non identifié à une distance vraisemblable de la position estimée d'un phénomène mal identifié. Sachant que des dizaines de témoins ont cru à la proximité, mais que nombre d'entre eux (en voiture), n'ont pas pu vérifier, il est logique qu'il y ait des témoins qui trouvent (à St Jory), et des témoins frustrés (à Villeneuve-d'Aveyron et à Saint-Romain-en-Jarez) Mais les témoins lisent les journaux, et consultent les sites internets. Ils savent donc que leur météorite, qu'ils ont vu tomber près d'eux, a été vu tombant ailleurs. Ils imaginent donc que la météorite s'est fragmenté, dispersant ses morceaux un peu partout, ce qui leur permet d'ailleurs d'accorder leur observation avec celle de la chute à Bourges. - peut il y avait plusieurs météorites? - peut etre que cette meteorite n'a fait que traverser notre atmosphere? (réactions fr3-rhone-alpes) - Il est probable que la météorite aperçue du côté de bourges se soit éclatée en plusieurs morceaux lorsqu'elle est rentrée dans l'atmosphère à une vitesse d'environ 10000km/h, ce qui expliquerai plusieurs témoignages avec des trajectoires différentes! (réactions lecteurs, La Dépèche) - Alors il n'y aurait-t'il pas eu plusieurs fragments de météorites ce même jour? (réactions lecteurs, Le Figaro) - Serait-ce un gros objet qui se serait désintégré en plusieurs petits morceaux avant d'entrer dans l'atmosphère ? (réactions lecteurs, Le Point) certains , comprennent même la nature du problème: - Il impossible de dire à quelle distance il se trouvait, contrairement à ce que pensent certaines personnes. Par contre, avec quelques témoignages précis, par triangulation, on pourrait mieux situer le point d'impact, si point d'impact il y a eu ? (réactions lecteurs, La Dépèche) Sur internet, la vérité se fait jour Nous avons vu que, le 26 à 13H 38, donc mois de 20 heures après l'observation, un internaute avait suggéré de reporter les directions sur une carte
Une première carte avec des directions apparait dès le 27 à 13 H 38. Bien qu'encore sommaire, elle montre que les directions d'observation convergent vers le sud du massif central. D'autres cartes vont suivre pour le confirmer. Mais sur les forums, les témoignages continuent d'arriver. La convivialité de ces forums fait que les témoins sont invités à préciser certains détails, ce qui permet de les utiliser et de mettre à jour les cartes en "temps réel". Les cartes suivantes vont se faire de plus en plus précises et s'affranchir de la localisation officielle, en montrant que le phénomène s'est passé dans le sud de la France. Le virus sceptique se propage Le 28 janvier à 11H 50. La situation va commencer à basculer. Foehn, astronome amateur à Castelnau-sur-l'Auvignon (Gers), mentionne sur le forum Infoclimat, le compte rendu d'observation qu'il a envoyé à l'International Meteor Organization. changement de paradigme L'article de Pierre Lagrange est mis en ligne sur le site du Figaro le 30 janvier à 20 H 42 le retour de "l'esprit de clocher" On ne s'étonne évidemment pas, que ce soit les journaux méridionnaux qui fassent le plus d'écho à cette "délocalisation" de la chute de la météorite
Chance, à la mairie de Paulinet, un homme aimable leur répond qu'il connaît un témoin, et qu'il va le prévenir. Le témoin accepte de recevoir les journalistes, qui viennent sur place, et c'est ainsi que le 31 au journal de 19/20, la présentatrice peut annoncer avec fierté que la météorite est tombée sur Paulinet... Paulinet (570 habitants) va remplacer Trouy. Pourtant on n'y verra pas les chercheurs de météorites. Il faut dire que la géographie locale ne se prète guère à ce genre de recherche, proche de celle d'une aiguille dans une meule de foin Mais certains recupèrent dans l'histoire de leur famille, cette localisation, qui donne de la classe au village de leurs ancètres: Leur fils Jean, né au masage de Panissaire vers 1650, épousa à Paulin (Los Paulinetòls) en 1676 Marie MAYNEAU, du masage de Ruèges. Ils vécurent au masage de la Bonnaygue de Rayssac, et y moururent... (Une météorite tomba le 25 Janvier 2008 sur Paulin, sans faire de dégâts). Mais à Bourges, on ne l'entend pas de cette oreille, non mais sans blague! Le lendemain, un journaliste de La nouvelle République, le quotidien local, pose cette grave question: « est-il plus raisonnable de croire les Berrichons qui ont vu l'objet brûler à 400 mètres de leurs yeux ou un spécialiste des trajectoires qui habite à 800 km de l'endroit où il est supposé avoir chu ? » Autrement dit: D'où sort il celui là, qui vient prendre leur météorite aux Trucidiens pour la donner aux Paulinétols? Ah, ces savants d'aujourd'hui, ils se croient tout permis... Course à la localisation Ce que n'avait pas compris les journalistes, c'est que le recoupement sur Paulinet n'était pas du tout une localisation précise, mais une étape dans le processus de recherche de la localisation. Ce premier recoupement n'indiquait que la région ou il fallait chercher: l'est du Tarn.
Enfin, ne pas commettre l'erreur que nous avons fait, en confondant direction précise ayant un point de repère, et azimut exact. Car cette direction précise, il faut voir avec quoi on la mesure. Notre recherche parti de Paulinet, s'empétrera dans les Cévennes, à cause d'un azimut précis, mais faux, et se terminera au dessus du lac du Salagou Les photos parlent
La suite plus tard
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Dernière mise à jour: 19/09/2018 |