1793 avant JC
Monde antique, Vénus change d'apparence et de cours
En réalité: comète possible
Note: Le phénomène allégué, bien que mal interprété est tout à fait possible, par contre la date alléguée, à l'époque du déluge d'Ogygès, est manifestement fausse. Nous donnons arbitrairement la date mentionnée par Orose, le premier ici à donner une date.

vers 416, Orose le prètre mentionne le déluge d'Ogygès :

Orose, qui signait P. Orosius, ce qui signifiait Presbyterus Orosius, et non Paulus Orosius, commença de rédiger vers 414 une histoire du monde à but apologétique et remontant à Adam. Ce fut les Historiae Adversus Paganos.
Ante annos urbis conditae MXL in Achaia saevum diluvium vastatione plurima totius paene provinciae fuit. quod quia Ogygii, qui tunc Eleusinae conditor et rex erat, temporibus effusum est, nomen loco ac tempori dedit.
L'an 1040 avant la fondation de Rome, en Achaïe, il y eut un furieux déluge faisant la plus grande dévastation dans presque toute la province. A ce sujet, parce que ce fut au temps d'Ogygès, qui à cette époque etait fondateur et roi d'Eleusis, on donna ce nom au lieu et au temps.
(Orosius, liv 1, ch.7)
Note: On remarque qu'Orose n'utilise pas la notation avant Jésus-Crist (ère inconnue de son temps), ni celle depuis la création du monde, mais avant la fondation de Rome, ce qui peut se comprendre puisqu'il puisait surtout chez Tite-Live, qui comptait "ab urbe condita" (depuis la fondation de Rome). Si son système de contient pas d'année zéro, l'an 1040 AUC correspond à 1793 av. J.C.

vers 420. Augustin d'Hippone veut prouver que les prodiges ne sont pas contre nature

Est in Marci Varronis libris, quorum inscriptio est: de gente populi Romani, quod eisdem verbis, quibus ibi legitur, et hic ponam: in caelo, inquit, mirabile exstitit portentum; nam stellam Veneris nobilissimam, quam Plautus Vesperuginem, Homerus Hesperon appellat, pulcherrimam dicens, Castor scribit tantum portentum exstitisse, ut mutaret colorem, magnitudinem figuram, cursum; quod factum ita neque antea nec postea sit. hoc factum Ogygo rege dicebant Adrastos Cyzicenos et Dion Neapolites, mathematici nobiles. hoc certe Varro tantus auctor portentum non appellaret, nisi esse contra naturam videretur. omnia quippe portenta contra naturam dicimus esse; sed non sunt. quomodo est enim contra naturam, quod dei fit voluntate, cum voluntas tanti utique conditoris conditae rei cujusque natura sit? portentum ergo fit non contra naturam, sed contra quam est nota natura.
Voici ce que je trouve textuellement dans le livre de Varron, intitulé: De l’origine du peuple romain : « Il se produisit dans le ciel un étrange prodige. Car Castor atteste que la brillante étoile de Vénus, que Plaute appelle Vesperugo , et Homère Hesperos , changea de couleur, de grandeur, de figure et de mouvement, phénomène qui ne s’était jamais vu jusqu’alors. Adraste de Cyzique et Dion de Naples, tous deux mathématiciens célèbres , disent que cela arriva sous le règne d’Ogygès ». Varron, qui est un auteur considérable, n’appellerait pas cet accident un prodige, s’il ne lui eût semblé contre nature. Car nous disons que tous les prodiges sont contre nature; mais cela n’est point vrai. En effet, comment appeler contraires à la nature des effets qui se font par la volonté de Dieu, puisque la volonté du Créateur fait seule la nature de chaque chose? Les prodiges ne sont donc pas contraires à la nature, mais seulement à une certaine notion que nous avions auparavant de la nature des objets.
(Augustin1, liv. 21, ch.8)
Note: Bien qu'Augustin l'utilise dans un but de démontration théologique, nous n'avons pas de raison de douter de sa citation de Varron, puisque quand nous pouvons controler avec le texte original, quand il cite Ciceron, il y a accord. Nous n'avons pas non plus de raison de douter de Varron, un des premiers encyclopédistes, et pas davantage de Castor de Rhode, son contemporain et chronologiste qui fit autorité en son temps. Le doute vient avec Adraste de Cyzique et Dion de Naples, mathématiciens tellement célèbres qu'ils ne nous sont connus que par Augustin, s'ils ont jamais existé. Or ce sont eux et non Castor, qui placent l'évènement au temps du légendaire roi Ogygès, à l'époque d'un déluge que cite Orose, sans rien citer d'autre. Nous pouvons en conclure que la date alléguée n'a aucune valeur. Pour ce qui est des prodiges, Augustin est assez d'accord avec Ciceron, sauf que celui ci n'a pas besoin de Dieu.

1557. Conrad Lycosthènes ne mentionne que le déluge d'Ogygès.


déluge d'Ogygès (Lycosthènes)
anno mundi 2210, ante christum 1753
Mare apud Atticam terram exundavit, ac regionem illam aliquamdiu vexavit. Authores vocarunt diluvium Ogygis, qui eo tempore regnavit: Ejus meminit Orosius libro I, cap. 7.

An 2210 de la création du monde, 1753 avant Jésus-Christ
La mer déborda sur la terre de l'Attique et accabla la région assez longtemps. Les auteurs l'appellent le déluge d'Ogygès, qui régnait en ce temps là: Ce que nous rappelle Orose, livre I, chapitre 7.

(Lycosthenes, p 36)
Note: Lycosthènes ne mentionne que le déluge d'Ogygès, qu'il connait par Orose, et pas le prodige de Vénus. Comme Lycosthènes, friand de prodiges, avait du lire tout Orose, en particulier pour reconstituer les passages perdus de Tite-Live, c'est qu'Orose ne mentionnait pas ce prodige

1610. George Pacard est d'accord avec St Augustin.

quelquefois les choses ont ésté autrement qu'elles n'avoient été aperceues par la détermination, qui est naturellement; & ce par les paroles de Varron, que S.Augustin allègue. Il y a eu, dit il, au ciel une chose merveilleuse, Car en l'estoile de Venus très noble, laquelle Plaute appelle Vesperugine, et Homere εσπεροη la disant tres belle il y a eu chose merveilleuse, cest, comme escrit Castor, qu'elle changea de couleur, de grandeur, de figure, & de cours, ce qui n'a esté fait, ni auparavant, ni après. Adrastus Cyzicenus, & Dion Neapolites, nobles Mathématiciens, disent que cela fut du temps du roi Ogygès. Certes Varron dit Sainct Augustin, si grave autheur, n'eust point appelé cela merveilleux, s'il ne sembloit estre contre nature. Car nous disons les choses merveilleuses estre contre nature, qui ne le sont pas toutefois, comment sera une chose contre nature, laquelle se fait par la volonté de Dieu, veu que la volonté d'un si grand createur est la nature de toute chose creée? Ce qui est merveilleux donc ne se fait contre nature, mais contre la cognoissance qu'on a de la nature.
(Pacard, p 493)
Note: Dans le cadre de sa "théologie naturelle", utilisant des arguments pris de la nature contre les épicuriens et les athées, il est tout à fait normal que Paccard reprenne l'argument d'Augustin.

1651, Riccioli cite Augustin.


Riccioli
Postremum illud est, ut portentum illud vetustissimum quod ex Varrone refert S. Augustinus proponamus: lib. enim 21. de civ. Dei. cap. 8. Sic habet: Est in Marcis Varronis libris, quorum inscriptio est, de Gente populi Romani: quod ejusdem verbis, quibus ibi legitur, & hic ponam: In Caelo inquit, mirabile extitit portentum; nam in stella Veneris nobilissima, quam Plautus Vesperuginem, Homerus Hesperon appellat pulcherrimam dicens, Castor scribit tantum portentum extitisse, ut mutarem coloram, magnitudinem, figuram, cursum: quod factum ita negro antea posteasit. Hoc factum Ogyge rege dicebant Adrastus Cyxicenus & Dion Neapolites mathematici nobiles. Hoc certe Varro tantus aucor portentum non appellaret, nisi esse contra naturam videretur.
Finalement il en est un, un prodige très ancien que nous présentons, que St Augustin rapporte d'après Varron. Car au livre 21 de la Cité de Dieu, chapitre 8, il écrit: Voici ce que je trouve textuellement dans le livre de Varron, intitulé: De l’origine du peuple romain : « Il se produisit dans le ciel un étrange prodige. Castor atteste que la brillante étoile de Vénus, que Plaute appelle Vesperugo , et Homère Hesperos , changea de couleur, de grandeur, de figure et de mouvement, phénomène qui ne s’était jamais vu jusqu’alors. Adraste de Cyzique et Dion de Naples, tous deux mathématiciens célèbres , disent que cela arriva sous le règne d’Ogygès ». Varron, qui est un auteur considérable, n’appellerait pas cet accident un prodige, s’il ne lui eût semblé contre nature.
(Riccioli, tome I, livre VII, ch.2 p 485)
Note: Riccioli qui était en train de parler des différents aspects de la planète Vénus, cite ce changement prodigieux sans rien y comprendre.

1668, Hévélius oublie la meilleure hypothèse.


Hévélius
Eo quod Vénus aliquando colorem, magnitudinem, & figuram prorsus mutaverit; prout D. Augustinus de Civit. DEI, annotavit ex Marci Varronis monumentis: in caelo mirabile extitit portentum (sic habent verba Varronis) ut stella Veneris nobilissimam (quam Plautus Vesperuginem, Homerus Hesperum vocat) mutarit colorem, magnitudinem figuram, cursum: quod factum ita neque antea neque postea sit. factum hoc Ogygo rege dicebant Adrastus Cyzicenus et Dion Neopolites nobiles Mathematici. Caussas autem physicas hujus insolitae rei si inquiramus, nonnisi tres in promtu sunt: aut in atmosphaera nostra & exhalationibus terrestribus; aut in ipsâ Venere id reverà extitisse, atque sic passam esse aliquod decrementum detrimentumque sui corporis; aut in materiam quandam densiorem Veneri valdè propinquam id unicè referendum esse.
Parce qu'un jour, Vénus changea complètement de couleur, de grandeur et de figure; dans la mesure où St Augustin, dans la Cité de Dieu, nota, d'après les antiquités de Marcus Varron: Il se produisit dans le ciel un étrange prodige (selon les mots de Varron). En sorte que la brillante étoile de Vénus, que Plaute appelle Vesperugo , et Homère Hesperos , changea de couleur, de grandeur, de figure et de cours, ce qui ne s’était jamais produit, ni avant, ni après. Cela arriva sous le règne d’Ogygès à ce que disaient Adraste de Cyzique et Dion de Naples, tous deux mathématiciens célèbres. Mais si nous examinons les causes physiques de cette chose inhabituelle, trois seulement sont en place: ou dans notre atmosphère et les exhalaisons terrestres; ou il a réellement pris naissance dans cette même Vénus, et ainsi elle a subi quelque diminution et destruction de son propre corps; ou dans une certaine matière plus dense, très proche de Vénus, ceci se produisant exceptionnellement.
(Hévélius, p 794)
Note: Hévélius cite trois hypothèses qui ne pourraient s'appliquer qu'à un changement d'aspect. La première est d'ailleurs absurde, car le phénomène n'aurait pas trompé des astronomes. La seconde est également absurde, car Vénus n'aurait pas pu retrouver son état initial. La troisième est moins absurde, mais aucune des trois n'est capable d'expliquer le changement de cours. Il est curieux qu'Hévélius n'ait pas pensé à une comète, alors qu'il écrit ici dans un traité de cometographie.

1736: Nicolas Fréret trouve une solution satisfaisante.


Nicolas Fréret
Varron, le plus sçavant des Romains de son temps, nous apprend dans un fragment conservé par S.t Augustin, que Castor l'historien avoit fait mention d'un changement singulier observé dans la couleur, dans la grosscur, dans la figure, & dans le cours de la Planète de Vénus : Varron adjoute que selon deux célèbres Astronomes, cc prodige avoit esté vû sous le règne d'Ogygès : voicy les termes de S.t Augustin, Est in Marci Varronìs libris, quorum inscriptio de gente populi Romani, Caflor scribit in slella Veneris. ... tantum portentum exstitisse, ut mutaret colorem, magnitudinem figuram, cursum; quod factum ita neque antea nec postea sit. hoc factum Ogygo rege dicebant Adrastos Cyzicenos et Dion Neapolites, mathematici nobiles. Castor est antérieur au Grammairien Apollodore qui Je cite, & florissòit par conséquent vers l'an 150. avant l'Ere Chrestienne. Il avoit publié plusieurs ouvrages sur l'ancienne histoire, & sur l'ancienne chronologie Grecque. Le temps des deux Astronomes citez par Varron n'est pas connu, mais il est probable qu'ils estoient postérieurs à Castor, au récit duquel ils avoient adjoûté la date du phénomène, qu'il n'avoit apparemment pas donnée.  L'époque d'Ogygès, sous le règne duquel ils le plaçoient; estoit une chose constante dans l'histoirc Grecque; Jules Africain, cité par Eusébe, nous apprend que tous les Chronologistes, & entr'autres Hellnicus, Philochorus, Castor, Thallus & Diodore de Sicile s'accordoient à placer le déluge d'Ogygès 1020. ans avant la première Olympiade. Cette Olympiade estoit sans aucun doute celle de Coroebus, ou des Chronologistes, célébrée vers le solstice d'Esté de l'an 776. avant J. C. ainsi ce déluge d'Ogygès estoit de l'an 1796. avant l'Ere Chrestienne.
Hevelius, Astronome célèbre du siécle passé, propose trois explications différentes du phénomène rapporté par Castor: la première est de regarder ces changements observez dans la grossèur, la couleur & la figure de Vénus, comme une simple apparence produite par quelque réfraction extraordinaire de nostre atmosphère, & semblable à ces Halons ou couronnes que l'on apperçoit autour des astres. Hevelius remarque qu'au rapport d'Aristote, les Astronomes Egyptiens n'avoient pas cru ces Halons indignes de tenir une place parmi les phénomènes astronomiques qu'ils rapportoient dans leurs Annales.
  La seconde explication proposée par Hevelius attribue le phénomène observé au temps d'Ogygès, à quelque changement arrivé dans la planète même de Vénus; il n'explique point en quoy pouvoit consister ce changement, mais sans doute qu'il 'entendoit par-là quelques-unes de ces révolutions qui peuvent arriver dans les globes des planètes, comme des déluges ou des conflagrations. C'est ainsi que feu M. le Comte de BouIainvillicrs explique ce phénomène dans son Histoire universelle manuscrite.
  La troisième explication, ou celle qu'Hevelius adopte, rapporte ce phénomène à un changement arrivé dans l'atmosphére même de Vénus. Cette explication luy paroît si certaine, qu'il ne craint pas de donner sur ce seul fondement une atmosphère à la planète de Vénus. Aucune de ces trois explications ne rend raison de la plus singulière circonstance de ce phénomène, c'est-à-dire du changement observé dans le cours de la planète de Vénus.
II ne convient, ni à l'étenduë prescrite à ce Mémoire, ni à la nature de nos études, d'examiner si l'on peut trouver dans les loix naturelles de nostre univers, la cause d'un changement assez considérable dans la planète de Vénus , ou dans son atmosphère, pour estre apperçu par les habitants de la terre. Mais, en supposant même cette cause une fois trouvée, il en faudra chercher une autre qui ait obligé la planète de Vénus de quitter son ancienne route pour en prendre une nouvelle, & de quitter encore cette nouvelle route au bout de quelque temps pour reprendre son ancien cours; car c'est-là l'idée que présentent les termes de Varron, tantum portentum exstitisse, ut mutaret colorem, magnitudinem figuram, cursum; quod factum ita neque antea nec postea sit
L'apparition d'une comète que l'on auroit confondue avec la planète de Vénus, seroit, ce me semble, un moyen simple & naturel d'expliquer toutes les circonstances de ce phénomène; & il est sans doute très-singulier que cette idée ne soit venue ni à Hevelius ni aux autres Cometographes. Une comète dont la tête se montra le soir & le matin auprès du soleil, quelques jours après que Vénus s'estoit plongée dans les rayons de cet astre, fut prise d'abord pour Vénus elle-même; & cette comète ayant pris une chevelure ou une queuë les jours suivants, on attribua ce changement de grosseur, de couleur & de figure à la planète de Vénus. Le mouvement propre de la comète l'éloignant tous les jours de plus en plus du soleil, & luy faisant traverser le ciel par une route très-différente de celle de Vénus, on ne douta point que cette planète, qui demeure quelquefois cachée dans les rayons du soleil pendant plusieurs jours, n'eût abandonné son ancien cours pour en suivre un nouveau. La comète ayant cessé d'estre visible au bout de quelque temps, & la planète de Vénus s'estant montrée auprès du soleil, on conclut qu'elle estoit revenuë occuper son ancienne place.

(Fréret, réflexions sur un ancien phénomène céleste observé au temps d'Ogygès, Mémoires de littérature tirez des registres de l'académie royale des inscriptions et belles lettres, tome 10, 1736 p 374)
Note: On a prétendu expliquer beaucoup de choses, avec des comètes, mais, autant l'hypothèse de la comète invoquée par Alphonse Des Vignoles pour expliquer une éclipse, est absurde, autant celle ci est ingénieuse et rend bien compte du texte de Varron. La coïncidence entre la disparition de Vénus et l'apparition de la comète peut paraître curieuse, mais si elle n'avait pas eu lieu, nous n'aurions jamais connu ce phénomène.

1748, Dom Calmet utilise le prodige pour sauver le miracle solaire de Josué.


Dom Augustin Calmet
Dom Augustin Calmet, auteur, à partir de 1707, d'une édition de la bible en 23 volumes, parsemée de savantes dissertations, puis d'un dictionnaire de la Bible, cite le prodige de Vénus, comme justification à l'absence du miracle solaire de Josué dans les livres historiques:
Peut-être l'avoit-on couché dans l'histoire ancienne, qui n'est pas parvenue jusqu'à nous; ou si ce fait y est parvenu, il s'est trouvé enveloppé sous des fictions fabuleuses, sous lesquelles il n'est plus reconnoissable. Par exemple, ce qu'on a dit de la longueur d'une nuit qui dura autant que deux autres, pendant que Jupiter voyoit Alcmène; & ce que rapporte Saint Augustin, (a) tiré de Varron, qu'on vit dans l'étoile de Vénus un changement prodigieux, cet astre ayant changé son cours, sa couleur, & sa grandeur du temps du roi Ogygès.
(Calmet, tome III, p 32)
Note: Dom Calmet admet, bien sûr, que le texte de la Bible est fiable, alors que les autres sources peuvent être outrageusement corrompues.

1765: les encyclopédistes préfèrent l'hypothèse de Fréret à celle d'Hevelius.


le Chevalier de Jaucourt
Castor le rhodien, qui florissoit vers l’an 150 avant l’ere chrétienne, est au rang des chronologues célebres ; il avoit publié plusieurs ouvrages très estimés, sur l’ancienne histoire & sur l’ancienne chronologie grecque ; mais il avoit fait mention dans ses écrits d’un phénomene céleste, dont l’explication exercera long-tems nos astronomes. Il s’agit d’un changement singulier qui fut observé sous le regne d’Ogygès, dans la couleur, dans la grosseur, dans la figure, & dans le cours de la planete de Vénus. Le fragment de cette observation, tiré de Varron, le plus savant des romains de son tems, nous a été conservé par saint Augustin, de civitate Dei, liv. XXI. ch. viii. N. 2. en voici les termes. Est in Marci Varronis libris, quorum inscriptio de gente populi romani, Castor scribit in stella Veneris…… tantum portentum extitisse, ut mutaret colorem, magnitudinem, figuram, cursum : quod factum ità, neque anteà, neque posteà sit. Hoc factum Ogyge rege dicebant, Adrasius, Cyzicenus, & Dion neapolites mathematici nobiles. L’époque d’Ogygès est connue ; le déluge de son nom arriva l’an 1796 avant l’ere chrétienne.
  Hevelius, astronome du siecle passé, propose, Cométographe, liv. VII. pag. 373, deux explications différentes qu’il paroît goûter davantage du phénomene rapporté par Castor. La premiere de regarder ces changemens observés dans la grosseur, la couleur, & la figure de Vénus, comme une simple apparence, produite par quelque réfraction extraordinaire de notre atmosphere, & semblable à ces halons ou couronnes que l’on apperçoit autour des astres. La seconde explication qu’Hevelius adopte, rapporte ce phénomene à un changement arrivé dans l’atmosphere même de Vénus. On peut objecter qu’aucune de ces explications ne rend raison de la plus singuliere circonstance du phénomene, c’est-à-dire, du changement observé dans le cours de la planete de Vénus. De plus, on demandera quelle raison a obligé cette planete de changer son cours, & de quitter son ancienne route pour en prendre une nouvelle.
Note: En fait, Hevelius propose trois explications, aussi inadéquates l'une que l'autre.
M. Freret, dans les mém. de Littérat. tome X. in-4°. a imaginé un moyen ingénieux d’expliquer toutes les circonstances du phénomene observé par Castor ; c’est par l’apparition d’une comete, que l’on auroit confondu avec la planete de Vénus. Il ne s’agira plus que de prouver qu’il parut une comete du tems d’Ogygès ; car alors tout sera facile à comprendre. Une comete dont la tête se montra le soir & le matin auprès du soleil, quelques jours après que Vénus s’étoit plongée dans les rayons de cet astre, fut prise d’abord pour Vénus elle-même ; & cette comete ayant pris une chevelure ou une queue les jours suivans, on attribua ce changement de grosseur, de couleur, & de figure à la planete de Vénus. Le mouvement propre de la comete l’éloignant tous les jours de plus en plus du soleil, & lui faisant traverser le ciel par une route très-différente de celle de Vénus, on ne douta point que cette planete qui demeure quelquefois cachée dans les rayons du soleil pendant plusieurs jours, n’eût abandonné son ancien cours, pour en suivre un nouveau.
Note: comme la datation de l'évènement parait fantaisiste, il ne servirait à rien de prouver l'apparition d'une comète à cette date. L'adéquation de l'explication à la description suffit pour éliminer l'hypothèse d'une escapade réelle de Vénus
(Encycl2, article Rhode)
Note: L'article est signé du Chevalier De Jaucourt.

1778 Edward Gibbon admet l'hypothèse de Fréret, mais encense Whiston.


Edward Gibbon
Dans le peu de temps que nous offrent l'histoire et la fable, il est déjà prouvé que la même comète s'est montrée sept fois à la terre, après des révolutions égales de cinq cent soixante-quinze années chacune. Sa première apparition (2), antérieure à l'ère chrétienne de 1770 ans, fut contemporaine d'Ogygès, le plus ancien personnage de l'antiquité grecque. Elle explique une tradition conservée par Varron, que sous le règne d'Ogygès la planète de Vénus changea de couleur, de taille, de figure et de route: prodige sans exemple jusqu'alors et qu'on n'a jamais revu depuis (3).
________________________________________
(2) Whiston , l'honnête, le pieux, le visionnaire Whiston, imagine pour expliquer le déluge (2242 avant J.-C. ), une apparition de la même comète, qui, d'un coup de sa queue, ensevelit la terre sous les eaux.
(3) Une dissertation de M. Freret (Mem, de l'Acad. des Inscript., t. X, p. 357-377) offre un heureux mélange de philosophie et d'érudition. Le souvenir du phénomène du temps d'Ogygès a été conservé par Varron (apud saint Augustin, de Civit. Dei, XXI, 8) qui cite Castor, Dion de Naples et Adraste de Cyzique, nobiles mathematici.

(Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'empire romain, traduction F. Guizot, 1828, tome 8 ch. XLIII.)
Note: Le livre de Gibbon est paru en 1778, mais le texte anglais est introuvable en ligne. Nous donnons directement la traduction de Guizot. La comète dont il est question est celle de l'an 531, que Halley pensait être revenue en 1106 et 1680, et que Whiston imaginait avoir antérieurement provoqué le déluge, revenant pour la 7ème fois en 1680. Mais cela n'est pas prouvé du tout puique Encke lui a trouvé une période de plus de 8000 ans, et non 575.

1783, Pingré est d'accord avec Fréret.


Alexandre Guy Pingré
   Vers 1770.
Saint-Augustin nous a conservé un fragment de Varron conçu en ces termes : « On vit, dit Varron, un prodige surprenant dans le Ciel, à l'égard de la brillante Étoile de Vénus, que Plaute & Homère appellent, chacun dans fa langue, l'Etoile du soir. Castor atteste que cette belle Étoile « changea de couleur, de grandeur, de figure & de route, « ce qui n'étoit point arrivé auparavant, & qui n'a point été revu depuis. Adraste de Cyzique & Dion le Napolitain rapportent ce grand prodige au règne d'Ogygès. Quelque phénomène céleste a donné lieu fans doute à cette fable: or, on ne peut en imaginer d'autre que l'apparition d'une Comète; le vulgaire ignorant l'aura prise pour la Planète de Vénus. L'Astronomie étoit alors très - imparfaite; les mouvemens des Planètes étoient plus admirés que connus. Vénus avoit paru longtemps le soir: elle disparut en peu de jours, comme cela doit toujours arriver lorsqu'elle s'approche de fa conjonction inférieure, & elle se plongea dans les rayons du Soleil: quelques jours de mauvais temps purent même empêcher d'observer qu'elle tendoit à cette conjonction. Peu de jours après, Vénus avoit disparu: au lieu d'elle, on vit à l'occident une Comète éclatante; le crépuscule ne permettoit pas de distinguer fa chevelure: on la prit pour Vénus. Les jours suivans, cette Comète, au lieu de suivre le Soleil ou de s'en approcher comme auroit fait Vénus, s'en écarta au contraire beaucoup vers l'orient ou vers le nord; on dit que Vénus avoit changé de route: la Comète, dégagée des rayons du Soleil, montra fa chevelure; on pensa que Vénus n'avoit plus la même figure: cette chevelure ternit l'éclat du noyau de la Comète; on en conclut qu'il étoit survenu un changement dans la couleur de Vénus. Enfin, soit à cause du plus ou du moins de développement de la chevelure de la Comète, soit à cause de sa plus grande proximité ou de sa plus grande distance de la Terre, la Comète parut plus ou moins grande; il fut décidé que Vénus avoit changé de grandeur. Voilà , je pense, la seule explication raisonnable qu'on puisse donner de ce prétendu prodige.
Aug.de civit.l.XXI c.VIII
Fortunius Licétus, au dernier siècle, en avoit approché de fort près; selon lui, Vénus s'étoit cachée dans les rayons du Soleil: une nouvelle Étoile, qui parut alors, fut prise pour cette Planète.
Licet.l.I c.XIX
Nous pensons avec feu M. Fréret, de l'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, que les paroles de Varron s'entendent bien plus naturellement de l'apparition d'une Comète que de celle d'une nouvelle Étoile. Une Etoile n'auroit pas tardé à se plonger dans les rayons du Soleil: comment se seroit-on imaginé que Vénus avoit changé de route?
Acad.Inscr.t.X.
Quoique Struyck n'ait point inséré cette Comète dans son Catalogue, il en recconnoît cependant la réalité , lorsqu'il parle des retours périodiques de celle de 1680. Le Déluge ou l'inondation d'Ogygès, est rapporté à l'an 1796 avant l'ère Chrétienne; ainsi, Ogygès pouvoit régner encore en 1770. Si la révolution de la belle Comète de 1680 est, comme on le prétend, de cinq cents soixante-quinze ans, elle a dû paroître vers 1770 avant J.C.
Struyck p.18.
(Pingré, p 247)
Note: Pingré en est resté à la supposée période de 575 ans pour la comète de 1680, période supposée par Halley, mais que nous savons fausse depuis Encke. Nous n'avons donc aucune raison de préferer l'année 1770 à 1793 ou 1796.

1831, Arago conforte Fréret, mais en est resté à la comète revenant tous les 575 ans.


François Arago
La comète de 1680 brillait d'une vive lumière. En adoptant 575 ans pour la durée de sa révolution, il y aurait vraiment lieu de s'étonner que les écrivains grecs n'eussent fait mention d'aucune de ses apparitions antérieures à celle qui a coincidé avec l'époque de la mort de César. Voici comment Fréret à cru pouvoir remplir cette lacune:
Varron nous apprend, dans un fragment conservé par saint Augustin, que, sous le règne d'Ogygès, on observa un changement singulier dans la couleur, dans la figure et dans la marche de Vénus, . . .
De grandes révolutions physiques à la surface de cette planète; de grandes altérations dans son atmosphère, auraient pu amener des changement prononcés de couleur, de grosseur et de figure; mais il n'en serait pas de même du mouvement! L'apparition d'une comète semble seule conduire à une explication simple et naturelle de toutes les circonstances du phénomène. Il faut supposer, avec Fréret, que la tête de la comète se dégagea le soir ou le matin de la lumière crépusculaire quelques jours après que Vénus s'était plongée dans les rayons solaires; que cette comète fut prise pour Vénus ce qui n'aurait rien d'extraordinaire, car l'histoire de l'Astronomie, dans les temps reculés, fournit plusieurs exemples de semblables erreurs; enfin que son mouvement propre l'ayant entraînée dans une route différente de celle que Vénus suit ordinairement, fit supposer que la planète avait abandonné son ancien cours. Plus tard, la chevelure et la queue dont la comète parut se revêtir, donnèrent lieu aux idées du changement de figure et de grosseur. Quand la comète cessa d'être visible, quand Vénus reparut, tout sembla être rentré dans l'ordre.
La durée supposée de la révolution de la comète de 1680 est de 574 ans. Si en partant de l'année -43 on remonte de trois révolutions ou de 1725 années, on aura 1768 avant J.-C. Cette date, d'après les chronologistes , a dû correspondre au règne d'Ogygès. Le phénomène signalé par Varron a donc pu être la comète de 1680. . .

(Arago Des comètes en général, et en particulier de celles qui doivent paraître en 1832 et 1835. extrait de l'annuaire de 1832, 1834, p 164)
Note: Arago adopte l'hypothèse de la comète de Fréret, mais garde pour elle la période de 575 ans donnée par Halley. Il changera d'avis plus tard.

1877, L'académie des sciences découvre le problème.

  M. BOUTIGNY appelle l'attention de l'académie sur un passage de Varron, d'après lequel, en l'année 1831 avant J.-C., on aurait vu « la planète Vénus changer de diamètre, de couleur, de figure et de cours ».
  M. le secrétaire perpétuel a prié le savant bibliothécaire de l'institut, M. Ludovic Lalanne, de faire quelques recherches au sujet de cette assertion singulière de l'auteur latin. Il résulte de ces recherches que le passage de Varron dont il s'agit nous a été conservé par Saint Augustin dans le 21e livre de la Cité de Dieu. Suivant ce passage, c'est dans l'historien Castor, du IIe siècle avant l'ère chrétienne, qu'est rapporté le phénomène en question, au sujet duquel on peut lire un Mémoire du savant Fréret dans le tome X, p. 357, des Mémoires de l'ancienne Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

(Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences,tome 85, p 1119)

1878, Edward S. Holden cite de travers.

Venus. - M. BOUTIGNY has called the attention of the French Academy to the fact that Varro (31 B.C.) spoke of changes in the diameter, color, figure and path of Venus. The passage referred to is quoted in a work of St. Augustine.
M. BOUTIGNY a appelé l'attention de l'Académie française sur le fait que Varron (31 av. J.-C.) a parlé de changements dans le diamètre, la couleur, la figure et le chemin de Vénus. Le passage visé est cité dans un ouvrage de saint Augustin.
(ANNUAL RECORD OF SCIENCE AND INDUSTRIE FOR 1878, p 20)

1879, NATURE prétend corriger Holden et Boutigny.

VARRO’S STORY OF THE ANOMALOUS TRACK AND FIGURE OF VENUS. - In a résumé of the recent progress of astronomy contributed to an American work by Prof. Holden, of Washington, we note a reference to a communication made by M. Boutigny to the Academy of Sciences at Paris in December, 1877, calling attention to a passage in Varro, which describes the planet Venus, as having about the year B .C. 1831 (not B.C. 31, as misprinted in Prof. Holden’s Report) "changed its diameter, colour, figure, and course." M. Boutigny had probably overlooked the circumstance that this story of Varro’s had been brought into notice long before, in a French work of astronomical authority, the "Cometographie" of Pingré, who, believing that the fable was originated by some celestial phenomenon, considered it was most probably due to the appearance of a bright comet. Pingré thus gives the fragment, preserved by St. Augustin: - " There was seen, says Varro, a surprising prodigy in the heavens, with regard to the brilliant star Venus, which Plautus and Homer call, each in his own language - the evening star. Castor affirms that this fine star changed its colour, size, figure, and track, which had never occurred before, and which has not occurred since. Adrastus, of Cyzicus, and Dion the Neapolitan, refer this great prodigy to the reign of Ogyges." Pingre's explanation will be found in "Cometographie", t 1. p. 247; the epoch he assigns for the phenomenon is "vers 1770". The story has no astronomical importance, and is only noticed here from its revival so recently, as mentioned above.
L'HISTOIRE DE VARRON D'UNE TRAJECTOIRE ET FIGURE ANORMALE DE VENUS. - Dans un résumé des récents progrès de l'astronomie redevable à un ouvrage américain du Professeur Holden, de Washington, nous notons une référence à une communication faite par M. Boutigny à l'Académie des sciences de Paris en Décembre 1877, attirant l'attention sur un passage de Varron, qui décrit la planète Vénus, comme ayant vers l'année 1831 av. J.-C. (pas 31 av. J.-C., comme imprimé par erreur dans le rapport du professeur Holden) "changé son diamètre, sa couleur, sa figure et son cours." M. Boutigny avait probablement négligé la circonstance que cette histoire de Varron avait été mentionné bien avant, dans un ouvrage français faisant autorité en astronomie, la "Cometographie" de Pingré, qui, croyant que la fable a été initiée par un phénomène céleste, a considéré qu'elle était très probablement due à l'apparition d'une comète brillante. Pingré donne ainsi le fragment, préservée par saint Augustin: - "On vit, dit Varron, un prodige surprenant dans les cieux, à l'égard de l'étoile brillante Vénus, que Plaute et Homère appellent, chacun dans sa propre langue - L'étoile du soir. Castor affirme que cette belle étoile a changé sa couleur, sa taille , sa figure, et son cours, ce qui n'a jamais eu lieu avant, et qui n'a pas eu lieu depuis. Adraste, de Cyzique, et Dion le Napolitain, rapportent ce grand prodige au règne d'Ogygès ". On trouvera l'explication de Pingré dans "Cometographie", t 1. p 247;. L'époque, qu'il assigne au phénomène est "Vers 1770 ". L'histoire n'a pas d'importance astronomique, et est seulement notée ici à cause de sa réapparition si récemment, comme mentionné ci-dessus.
(NATURE, n° 20, 1879, p 351)
Note: Tant qu'à corriger, et à tracer cette histoire au fil des siècles, autant remarquer que c'est Fréret, et non Pingré qui a proposé le premier l'explication par une comète. La piste en était donnée dans la communication à l'Académie des Sciences.

1884. Flammarion n'admet pas l'escapade de la planète amoureuse.


Camille Flammarion
S'il fallait en croire le témoignage de l'antiquité, la planète amoureuse aurait subi des modifications extraordinaires. Saint-Augustin (Cité de Dieu, liv. XXI, chap. VIII), rapporte, d'après Varron, qu'elle aurait changé de couleur, de grandeur, de figure et de cours. Ce fait serait arrivé du temps du roi Ogygès, dont le déluge asiatique a conservé le nom, vers l'an 1796 avant l'ère chrétienne.
Ce récit de Varron n'offre pas assez de garanties pour être admis. Si le souvenir des peuples a vraiment conservé quelque trace d'un événement analogue, il n'est pas nécessaire d'attribuer de pareils changements à la planète (ils seraient d'ailleurs impossibles quant au changement de cours); mais on peut les expliquer en admettant qu'une comète s'est montrée le soir au couchant quelques jours après que Vénus eut disparu vers sa conjonction, qu'on l'a prise pour Vénus elle-même, et qu'on a attribué à celle-ci les aspects plus ou moins bizarres de la comète.

(Flammarion3, p 221)
Note: La déesse Vénus était celle de l'amour, mais à qui Flammarion fera-t-il croire que la planète Vénus était amoureuse? Par ailleurs, il oublie de mentionner que l'hypothèse de la comète a été proposée par Fréret 148 ans avant lui.

1950, Velikovsky mélange tout.


Immanuel Velikovsky

  In The City of God by Augustine it is written:
"From the book of Marcus Varro, entitled Of the Race of the Roman People, I cite word for word the following instance: 'There occurred a remarkable celestial portent; for Castor records that in the brilliant star Venus, called Vesperugo by Plautus, and the lovely Hesperus by Homer, there occurred so strange a prodigy, that it changed its color, size, form, course, which never happened before nor since. Adrastus of Cyzicus, and Dion ofNaples, famous mathematicians, said that this occurred in the reign of Ogyges.'" 8
  The Fathers of the Church considered Ogyges a contemporary of Moses. Agog, mentioned in the blessing of Balaam, was the king Ogyges. The upheavalthat took place in the days of Joshua and Agog, the deluge that occurred in the days of Ogyges, the metamorphosis of Venus in the days of Ogyges, the star Venus which appeared in the sky of Mexico after a protracted night and a great catastrophe, all these occurrences are related.
  Augustine went on to make a curious comment on the transformation of Venus: "Certainly that phenomenon disturbed the canons of the astronomers ... so as to take upon them to affirm that this which happened to the Morning Star (Venus) never happened before nor since. But we read in the divine books that even the sun itself stood still when a holy man, Joshua the son of Nun, had begged this from God."
  Augustine had no inkling that Castor, as quoted by Varro, and the Book of Jasher, as quoted in the Book of Joshua, refer to the same occurrence.
8 Bk. XXI, Chap. 8 (transl. M. Dods).
  Dans La Cité de Dieu, saint Augustin déclare :
  «je cite mot pour mot le passage tiré du livre de Marcus Varron, intitulé De la Race du Peuple Romain : " il se produisit au ciel un remarquable présage : Castor rapporte que Vénus, appelée Vesperugo par Plaute et l'adorable Hespèros par Homère, fut l'objet d'un étrange prodige : elle changea de couleur, de dimension, de forme, de trajectoire, ce qui ne s'était jamais encore produit, et qui ne se reproduisit plus. Adraste de Cysique, et Dion de Naples, mathématiciens célèbres, affirment que l'événement a eu lieu sous le règne d'Ogygès" » 8
  Les Pères de l'Église considéraient Ogygès comme un contemporain de Moïse. Agog, cité dans la bénédiction de Balaam, était le roi Ogygès. Le cataclysme qui survint au temps de Moïse et d'Agog, le déluge d'Ogygès, la métamorphose de Vénus au temps d'Ogygès, l'étoile Vénus qui apparut dans le ciel mexicain après une nuit anormalement longue et un grand cataclysme, tous ces événements présentent une absolue concordance.
  Dans ce même texte, saint Augustin fit un curieux commentaire sur la métamorphose de Vénus : « Certainement, poursuivait-il, ce phénomène bouleversa les canons des astronomes... pour qu'ils prennent sur eux d'affirmer que ce qui était arrivé à l'Etoile du Matin (Vénus) n'était jamais arrivé avant, et n'arriva jamais depuis. Mais nous lisons dans les livres divins que le soleil lui-même s'immobilisa, lorsqu'un homme saint, Josué, fils de Noun, le demanda à Dieu. »
  Saint Augustin ne soupçonnait pas que Castor, cité par Varron, et le Livre du Juste cité dans le Livre de Josué font allusion au même événement.
(8) Liv.XXI, chap. VIII, (d'après la trad. M.Dods)
(Velikovsky, ch. 8)
Note: Houla! C'est du lourd! La preuve que Vénus a très bien pu changer de trajectoire, c'est que le soleil lui même s'est arrété!
Mais le soleil ne s'est jamais arrété, la planète Vénus non plus, et Velikovsky aurait mieux fait de s'intier à l'astronomie au lieu d'écrire des bêtises.


1963 Robert Charroux en pleine Science fiction:


Robert Charroux

Le livre de Charroux
Robert Grugeau, pionnier de l'archéologie fantastique, nous est plus connu sous le nom de Robert Charroux, du nom d'une commune de la Vienne, où, prétendait il, chaque habitant avait un trésor. Il se lance vraiment dans l'archéologie fantastique en 1963, avec Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans. Mais ses connaissances sur la planète Vénus semblent plus sortis de magazines de sience-fiction que de revues scientifiques.

Vénus, la planète « bleue » des Anciens, avec ses montagnes de 4000 mètres, sa végétation et sa température par endroits supportable par l'homme, selon les données de la fusée américaine Mariner II, serait-elle la patrie originelle des hommes bleus, des Atlantes, de la race de Tiahuanaco et de Glozel? Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que des événements extraordinaires, notés par des astronomes antiques, se sont passés sur Vénus à une époque très reculée. Saint Augustin rapporte, d'après Varron, que Castor le Rhodien a laissé, écrit, le récit d'un prodige étonnant qui se serait opéré dans Vénus. Cette planète qui avait plusieurs satellites aurait changé de couleur, de grandeur, de figure et de course. Ce fait sans précédent serait arrivé du temps du roi Ogygès(l), comme l'attestent Adrastus, Cyzicenus et Dion, nobles mathématiciens de Naples.

(1) Ogygès : dans la mythologie grecque, Ogygès avait pour père Neptune et pour mère l'Océan. Il est donné comme le plus ancien roi de l'Attique et son règne fut marqué par un déluge, à une époque très incertaine puisque l'adjectif grec ogygios signifie : « fabuleux, précédant toute connaissance historique », et se rattache aussi à l'idée de cataclysmes antiques. Ogygès serait le fondateur de Thèbes et son existence est attestée par la plupart des traditions de l'ancien et du nouveau monde. Dans l'étymologie sanscrite, Ogygès = aughaga signifierait né au déluge.

Note: Il n'y a quasiment rien de vrai dans tout ça. Tout le monde s'accorde à dire que la "planète bleue", c'est la Terre, et la sonde Mariner II n'a trouvé sur Vénus, ni montagnes de 4000 mètres, ni végétation, mais une température d'environ 600 kelvins. Aujourd'hui on parle de 460 à 480 °C. Impossible donc d'en faire la planète d'origine d'une race fabuleuse. Quant au prodige cité, il ne prouve absolument pas un évènement extraordinaire sur Vénus, mais simplement dans notre ciel, et ni Castor ni Varron ne disent que Vénus avait plusieurs satellites.
(Charroux1, ch.3, TIAHUANACO)

Analyse:
Voici un phénomène que nous savons expliquer, mais pas dater. Nous n'avons plus la description originale de Castor de Rhodes. Nous n'avons même pas sa citation par Varron. Nous avons seulement la copie de Varron par Augustin. Mais comme les citations d'Augustin se révèlent juste quand on peut les comparer avec l'original, on peut donc faire comme si nous avions le texte de Varron. Celui ci mentionne deux sources: Castor de Rhodes, et deux "nobles mathématiciens".
Castor de Rhodes mentionne le phénomène, mais pas la date. Or Castor est historien et chronologiste, comme Varron, et s'il ne donne pas de date, c'est qu'elle lui était inconnue.
Après lui, Adraste et Dion viennent affirmer que le phénomène eut lieu du temps d'Ogygès. Mais ce temps est aussi celui d'un prodigieux déluge, auquel des astrologues ne pouvaient manquer d'associer un cataclysme céleste. Voila pourquoi on peut penser que ces nobles inconnus d'Adraste et Dion, on tout simplement donné une date arbitraire, parce qu'elle leur paraissait logique. Nous pouvons donc oublier la date.

Reste le phénomène, qui est effectivement absurde, si on le rapporte à la planète Vénus, mais devient cohérent si on admet l'hypothèse de Fréret d'une comète apparue juste après la disparition de Vénus. Arago, qui s'y connaissait surement mieux que Vélikovsky, explique que l'astronomie ancienne connaissait de telles confusions. Bien que le phénomène ne soit pas vraiment historique, puisque non daté, nous pouvons conclure que, s'il a eu lieu, c'était probablement une comète.

Dernière mise à jour: 24/05/2018

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