44 avant JC
Italie et Chine, comète emportant l'âme de Jules César, visible 7 jours
En réalité: comète plus brillante que Vénus visible plusieurs semaines

La comète qui brilla quelque mois après la mort de Jules César est mentionné par bien dix auteurs de l'Antiquité. Le premier à en avoir parlé est rien moins que l'empereur Auguste, qui en fut un témoin direct. Ca, c'est un témoin "digne-de-foi"! Malheureusement son livre De vita sua est aujourd'hui perdu. Nous connaissons néanmoins ce qu'il a dit de cette comète par une citation de Pline, et un passage de Servius s'inspirant de Baebius Macer.

Le premier auteur dont le livre nous soit resté est Virgile, dont les poêmes ne nous disent rien que de vague, mais heureusement, Maurus Servius Honoratus, son commentateur du IVème siècle, va nous apporter quelques précisions.

29 AC, Virgile est bien vague.
Non alias caelo ceciderunt plura sereno
Fulgura, nec diri toties arsere Cometa

A aucun autre moment ne tombèrent du ciel tant de foudres par un ciel serein, ni tant de funestes fois ne brula la comète.
(Virgile1, Liv. I, 480)
Note: Sans les commentaires de Servius, nous ne citerions ici Virgile que parce que ses vers ont été plusieurs fois cités à propos de cette comète. Il semble que Virgile confonde tout simplement comète et bolide.

29 AC, Virgile mentionne "l'astre de César".
Ecce Dionaei processit Caesaris astrum;
Astrum, quo cegetes gauderent frugibus,

Voici qu'est apparu l'astre de César, de Dioné.
Astre par lequel les récoltes jouissent des fruits.

(Virgile2, Eglogue IX, 47)
Note: César prétendait que la gens Julia, sa famille, était issue D'Enée, fils de Vénus (ou Aphrodite), elle même fille de Zeus et de Dioné.

milieu du premier siècle, Calpurnius Siculus compare les comètes de César et de Néron.
Cernitis, ut puro nox jam vicesima coelo fulgeat, et placida radiantem luce cometem proferat?
Ut liquidum nutet sine vulnere plenus?
Numquid utrumque polum, sicut solet, igne cruento spargit, et ardenti scintillat sanguine lampas?
At quondam non talis erat, cum, Caesare rapto, indixit miseris fatalia civibus arma.

Vous distinguez, déjà pour la vingtième fois qu'elle brille au ciel par une nuit pure, une comète et qu'elle montre une lumière douce et radieuse?
Qu'elle brille vivement sans présage sanglant?
Est ce que la torche, en quelque pole, comme il est coutume, répand le feu et le sang, et flamboie par un brulant massacre?
Au contraire elle n'était pas comme celle qui, César nous ayant été arraché, annonça des guerres funestes aux malheureux citoyens.

(Calpurnius, Eglogue I, 77)
Note: Ce passage bien que poêtique, est instructif, car manifestement, loin des hyperboles de Virgile, il est d'un témoin qui décrit une comète comme il l'a vu. Cette comète pourrait être celle qui parut sous Néron, dont parle Sénèque, en disant qu'elle a réhabilité les comètes. Inversement, il décrit celle de César selon la rumeur des comètes: avec du sang et des larmes.

vers 62, Sénèque nous donne la date et l'heure.


Sénèque
Nec est quod putemus eundem visum essesub Claudio quem sub Augusto vidimus, nec hunc qui sub Nerone Caesare apparuit et cometis detraxit infamiam illi similem fuisse qui post excessum divi Julii ludis Veneris Genetricis circa undecimam horam diei emersit.
Ne croyons pas que la comète qu'on vit sous Claude soit la même que celle qui parut sous Auguste, ni que celle qui s'est montrée sous Néron, et qui a réhabilité les comètes, ait ressemblé à celle qui, après le meurtre de Jules César, durant les jeux de Vénus Génitrix, s'éleva sur l'horizon vers la onzième heure du jour..
(Sénèque, Liv. VII, ch XVII)
Note: Sénèque cite ces apparitions de Comète dans un passage où il traite de l'opinion d'Apollonius de Myndos, génial précurseur, pour qui les comètes sont des astres, comme les planètes, mais avec des orbites plus allongées qui les éloignent et les rendent invisibles pour une grande partie de leurs cours.
Mais Sénèque, pour de mauvaises raisons, réfute cette hypothèse, qui pourtant a environ 18 siècles d'avance. Aussi, nous ne savons pas très bien si Sénèque admet, ou non, cette non identité des comètes qui parurent sous Claude et sous Auguste. Mais l'important est qu'il les cite.

vers 73 de notre ère, Pline l'ancien cite le témoignage princeps, celui d'Auguste.

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Pline l'ancien, que nous avons souvent cité dans cette étude des prodiges célestes, nous cite ici le témoignage d'un personnage éminemment "digne de foi", puisque ce n'est rien moins que l'empereur Auguste lui même. Et c'est aussi un des rares témoignages à donner l'heure de l'observation. Il laisse malheureusement entendre que la comète ne fut visible que sept jours, alors que ce ne doit être que la durée des jeux. Incidemment, nous apprenons que les romains élevèrent un temple à une comète.

Les autres auteurs antiques ne nous apprennent plus rien, excepté Servius que nous verrons plus loin.

vers 100, Plutarque prétend que la comète disparut après sept nuits.
Admirons surtout, parmi les signes humains, l’aventure de Cassius, qui, vaincu à Philippes, se tua de la même épée dont il avait frappé César ; et, parmi les phénomènes célestes, cette grande comète qui, après le meurtre de César, brilla avec tant d’éclat pendant sept nuits et disparut ensuite,
(Plutarque1, vie de Caïus Julius César, ch 69.)
Note: Et voila! la légende s'est mit en marche. Auguste dit bien qu'on la voyait vers la onzième heure du jour, sans préciser la période d'observation. Plutarque en fait une période de sept nuits.

vers 120, Suétone semble avoir lu le récit d'Auguste.


Suétone
Siquidem Ludis, quos primos consecrato ei heres Augustus edebat, stella crinita per septem continuos dies fulsit exoriens circa undecimam horam, creditumque est animam esse Caesaris in coelum recepti; et hac de causa simulacro ejus in vertice additur stella.
Pendant les premiers jeux que donna pour lui, après son apothéose, son héritier Auguste, une comète, qui se levait vers la onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et l'on crut que c'était l'âme de César reçue dans le ciel. C'est pour cette raison qu'il est représenté avec une étoile au dessus de la tête.
(Suétone1, Jules César, 88.)
Note: Suètone, qui, comme secrétaire de l'empereur Hadrien, a eu accès aux archives, est plus proche que Plutarque du récit d'Auguste.

vers 207, Dion Cassius cite deux fois la comète.
7 du reste, une étoile ayant tous ces jours paru du nord au midi, et le peuple, bien que quelque uns lui donnassent le nom de comète et prétendissent qu'elle n'avait que la signification habituelle, ayant, loin d'ajouter foi à leur opinion, consacré cette étoile à César devenu immortel et mis au nombre des astres, Octave, enhardi, lui éleva dans le temple de Vénus une statue d'airain avec une étoile sur la tête.
17... Outre ces présages, déjà très significatifs, une torche sillonna les airs du levant au couchant, un astre nouveau se montra pendant plusieurs jours.

(Dion Cassius, livre XLV )
Note: Dion Cassius cite deux fois le même prodige sans s'en rendre compte, ce qui relativise l'historicité de ces passages.

4ème siècle, Obsequens mentionne un passage perdu de Tite Live.
M. Antonio P. Dolabella coss.
68. C. Octavius testamento Caesaris patris Brundisii se in Juliam gentem adscivit.
Ludis Veneris Genetricis, quos pro collegio fecit, stella hora undecima crinita sub septentrionis sidere exorta convertit omnium oculos. Quod sidus quia ludis Veneris apparuit, divo Iulio insigne capitis consecrari placuit.
Fax caelo ad occidentem visa ferri. Stella per dies septem insignis arsit.

Marc Antoine et Publius Dolabella étant consuls.
A Brindes, C. Octavius, par le testament de César son père, se compta dans la gens Julia;
Lors des jeux de Vénus Genitrix, qu'il fit pour le collège (des pontifes?), à la onzième heure, une étoile chevelue apparue sous la constellation du septentrion attira tous les regards. Astre qu'il lui plu de consacrer par un emblème sur sa tête, au divin Jules, parce qu'il apparut lors des jeux de Vénus.
Un flambeau fut vu dans le ciel vers l'occident. Une étoile remarquable brula pendant sept jours.

(Obsequens1)
Note: Obsequens, comme Dion Cassius, cite deux fois la comète, une fois comme étoile chevelue, une fois comme étoile remarquable. Mais Obsequens, comme Dion Cassius puisaient dans Tite Live, à qui il arrivait aussi de citer deux fois, ou de se tromper d'un an. L'astre (sidere) du septentrion est plutôt une constellation que notre étoile polaire, qui n'était pas encore polaire à l'époque d'Auguste.

fin du IVème siècle, Servius commente le premier passage de Virgile.
472. Diri cometae. Criniti, et pessimi: quia sunt et boni, factis ex Jove, Vel Venere, quam rem plenissime Avienus exequitur.
Diri cometae. Chevelues et maléfiques, car il y en a aussi de bonnes, faites de Jupiter ou de Vénus, ce que développe complètement Aviénus.
Note: Maurus Servius Honoratus, se contente ici d'expliquer pourquoi Virgile parle de comètes funestes.

fin du IVème siècle, en commentant Virgile, Servius décrit l'apparition de la comète.
472. Ecce Dionaei processit Caesaris astrum cum Augustus Caesar ludos funebres patri celebraret, die medio stella apparuit: ille eam esse confirmavit parentis (sui). Unde sunt versus isti compositi. Dionaei autem longe repetitum est [epitheton] a matre Veneris Dione. Sane astrum Graeci dixit: nam stellam debuit dicere
Ecce Dionaei processit Caesaris astrum Pendant qu'Auguste célébrait les jeux funèbres pour son père, une étoile apparut au milieu du jour; Il affirma que c'était celle de son père. C'est ce qui a donné lieu à la composition de ces vers. Il a été depuis longtemps répété que Dionaei est une épithète tirée de Dione, mère de Vénus. Virgile dit absolument astrum, dans la forme grecque, c'est stellam qu'il eût du dire.

Servius ajoute un commentaire tiré de Baebius Macer, qui lui même, aurait cité Auguste.


Auguste, le témoin
Baebius Macer circa horam octavam stellam amplissimam quasi lemniscatis coronatam ortam dicit, quam quidam ad illustrandam gloriam Cesaris juvenis pertinere existimabant. Ipse animam patris sui esse voluit, eique in capitolio statuam, super caput auream stellam habentem, posuit: Inscriptum in basi fuit: Caesari Emitheo. Sed Vulcatius aruspex in cautione dixit cometem esse, qui significaret exitum noni seculi, et ingressum decimi, sed quod invitis Diis secreta rerum pronunciaret, statim se esse moriturum, et nondum finita oratione in ipsa contione concidit. Hoc etiam Augustus in libro secundo de memoria vitae suae complexus est.
Baebius Macer rapporte qu'il s'éleva, vers la huitième heure, une étoile d'une immense grandeur et paraissant couronné de lemnisques, dans laquelle quelques-uns voyaient la glorification du jeune César. Lui-même voulut que ce fût l'âme de son père, et il lui éléva dans le Capitole une statue ayant une étoile d'or au dessus de la tête; il fut inscrit sur la base: A Cesar demi-dieu. Cependant l'aruspice Vulcatius a dit avec assurance que c'était une comète qui indiquait la fin du neuvième siècle et le commencement du dixième; mais, comme il avait, malgré les dieux, révélé le secret des choses, il mourut avant qu'il eût achevé son discours. C'est ce qu'Auguste a consigné dans le livre deux des mémoires de sa vie.
Note: Les "lemnisques" étaient des rubans flottants. Avec cette cascade de citations successives, on est un peu dans la situation de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, ce qui explique pourquoi, avec un seul intermédiaire qui cite (Pline), la comète apparait à la onzième heure, et avec deux intermédiaires dont l'un au moins ne cite pas (Baebius, puis Servius), à la huitième. On peut même se demander si ce "horam octavam" signifie bien "la huitième heure" et non "l'heure d'Octave (Auguste)".
Quant à la mort de Vulcatius, on peut douter qu'il ait été frappé par les dieux, on peut bien plutôt soupçonner qu'Auguste le fit taire.

L'antiquité mise au tombeau, l'intérêt pour les comètes va subir un "black-out" de douze siècles. Cet intérèt va resurgir au XVIème siècle, les comètes étant toujours considérées comme des présages.

1532, Camerarius cite Pline du bout des lèvres.
Apud Plynium quidem legitur XI. hora diei crinitum sidus visum ludis, quos Veneri genitrici faceret Caesar Octavianus.
Selon Pline, il est toutefois mentionné qu'à la onzième heure on vit un astre chevelu lors des jeux que faisait César Octavien pour Vénus Genitrix.
(Camerarius, 105 ème page)

1544 Polydore Virgile veut absolument que la comète ait annoncé une guerre.
M.Antonio, P.Dolobella Coss. stella crinita, quae a Gracis kometes vocatur, orta est, quum civile bellum inter Octavium, & ipsum M. Antonium exardere coepit.
Marc Antoine et Publius Dolabella étant consuls, une étoile chevelue, qui est appelée comète par les grecs, apparut, alors que la guerre civile entre Octave et ce même Marc Antoine, commença d'éclater.
(Polydore, p 594)
Note: En fait, la guerre civile n'éclata que plus tard, après le triumvirat d'Octave, Antoine et Lépide.

1545 Amerbachius discute de l'heure apparition.
Porro de cometis hoc etiam ut est consuetum, ita non tantum creditur a vulgo, sed etiam a doctis scribitur, quod non cernantur interdiu, ac propterea quaerunt, quomodo sit ortum crinitum sydus, quod visum est per aliquot dies in ludis Augusti Caesaris, ut Seneca, Plinius & Suetonius annotaverunt, hora undecima diei. Pontanus suspicatur diem in ea historia pro toto spacio lucis & tenebrarum debere accipi, sic, ut ortus cometae in principium noctis inciderit. Alii, qui volunt subtiliores Mathematici esse, referunt hoc ad ortuum suorum discrimina, putantque illa quidem hora esse ortum, non tamen conspectum, quod aliud sit oriri, aliud conspici, quasi vero haec subtilitas in historiis observari soleat, ac non cernantur alia similia nonnunquam meteora interdiu.
Ensuite, à propos des comètes, il est habituellement, non seulement cru par le peuple, mais aussi écrit par les savants, que nous ne les remarquons pas pendant la journée, et on cherche à cause de cela, comment est apparu l'astre chevelu qui a été vu pendant plusieurs jours lors des jeux de César Auguste, comme Sénèque , Pline, et Suétone le notèrent, à la onzième heure de la journée. Pontanus soupçonne que dans ce récit, jour doit être pris pour la durée totale du jour et de l'obscurité, en sorte que l'apparition de la comète survint au commencement de la nuit. D'autres, qui se veulent des mathématiciens plus subtils, rapportent cela à l'intervalle de ses apparitions, et pensent que du moins, cette heure est de l'apparition, non cependant de l'observation, qu'un autre soit apparu, un autre observé, comme il est coutume que ces subtilités soient observées dans les récits, et que parfois nous ne remarquons pas d'autres météores semblables en plein jour.
(Amerbachius, p 197)
Note: l'humaniste Giovanni Pontano, ou Pontanus, a écrit de nombreux ouvrages, dont plusieurs parlent du ciel, comme de rebus coelestibus, Urania ou meteororum libri, dont le chapitre sur les comètes ne contient rien sur la comète de César Auguste. De toutes façons, l'argument de Pontanus ne tient pas, et les autres subtilités non plus: il n'y a aucune raison de supposer qu'Auguste ait inventé une nouvelle façon de compter les heures. Si le peuple et l'aruspice ont dicuté de la signification de cette comète, c'est qu'elle fut visible lors des jeux, donc en plein jour, puisque les jeux n'étaient pas nocturnes. Enfin, on connait quelques cas de comète visible en plein jour.

1545 Johann Funck retraduit Plutarque en latin.
olympiade 185, année 1, mundi 3924, 713 UC, COSS. Pub. Servil. Isaur.2 L. Antonius Poetas
Stella ingens crinita, post interitum Caesaris septem noctib. eximio fulgore apparuit... Plutarch. in Caes.vita

la 1ère année de la 185ème olympiade, l'an 3924 de la création, 713 de Rome, Publius Servilius Isauricus et Lucius Antonius Pietas étant consuls
Une immense étoile chevelue, d'un éclat exceptionnel apparut pendant sept nuits, après la mort de César... Plutarque, dans la Vie de César.

(Funccius, fol 64)
Note: Funccius se trompe de trois ans.

1549, Mizauld récupère Virgile.
11 Post interfectum Julium Caesarem iterum aliquot Cometae emicuerunt, ut testatur Verg. inquiens:
Non alios coelo ceciderunt plura sereno
Fulgura, nec diri toties arsere Cometae.
Ex quibus is fuit, quem legimus tempore ludorum per 7. dies in regione coeli Septentrionali conspectus esse, et oriri solitum circa undecimam horam diei.

11 Après l'assasinat de Jules César, un certain nombre de comètes brillèrent à nouveau, comme l'atteste Virgile, s'exclamant:
A aucun autre moment ne tombèrent du ciel tant de foudres par un ciel serein, ni tant de funestes fois ne brula la comète.
Parmi lesquelles il y eut celle que nous lisons avoir été observée pendant sept jours au temps des jeux, dans la région septentrionale du ciel, et s'être levée habituellement vers la onzième heure.

(Mizauld, p 217)
Note: Mizauld est le premier à récupérer les vers de Virgile. Ils seront cinq à récupérer ce texte, pourtant vague et emphatique.

1553, Kaspar Peucer mentionne de nombreuses comètes d'après Virgile.
Post Caesarem interfectum crebri itidem effulserunt, ut Vergilius testatur. Non alias caelo ceciderunt plura sereno Fulgura nec diri toties arsere Comatae
Après l'assasinnt de César, de nombreuses (comètes) brillèrent semblablement, comme l'atteste Virgile.
A aucun autre moment ne tombèrent du ciel tant de foudres par un ciel serein, ni tant de funestes fois ne brula la comète.

(Peucer, de meteorologia, fol 253 verso)
Note: Cette fois, Peucer cite Virgile seul. Si nous ne disposions que de Peucer, nous pourrions croire que de nombreuses comètes brillèrent après la mort de César, ce qui est faux.

1555, Marc Fritsche invente une forme de capuchon à la comète.
Mundi 3922 urbis 710
Caius Julius Caesar, primus Romani Imperii Monarcha. 23. vulneribus confossus, interiit Bruti et Cassii conspiratione, sub cujus mortem cometes palliolus visus est.

année 3922 de la création, 710 de Rome.
Caius Julius César, premier monarque de l'empire Romain, percé de 23 coups, mourut par le complot de Brutus et Cassius, après quelle mort on vit une comète en forme de capuchon.

(Fritschius2)
Note: On ignore où Fristche a trouvé la forme de cette comète, au mieux décrite comme chevelue.

1556, Ludwig lavaters récuse l'horaire de Pontanus.

Ludwig Lavaters
Diebus Ludorum Octaviani Augusti, sydus crinitum per septem dies in regione coeli quae sub septentrionibus est conspectum. non multo post obitum patris Caesaris (nimirum Julii, à quo in filium adaptatus & testamento haeres relictus est.) Oriebatur circa horam diei undecimam, clarumque & omnibus hominibus conspicuum fuit. Pontanus diem non pro solari, sed pro toto lucis ac tenebrarum spacio, quod est horarum 24. accipit, atque II. horam non diurni sed nocturni temporis fuisse tradit. Cometas enim non nisi noctu conspici. alii putant ortum quidem esse sed non conspectum. Sed quia omnes, Seneca, Plinius, Suetonius horam tam exacte annotant, videntur rarum aliquid voluisse demonstrare. Consule Viti Amerbachii expositionem in meteora Pontani. Existimat autem Plinius salutarem hunc cometam terris fuisse.
Au temps des jeux d'Octave Auguste, on vit un astre chevelu pendant 7 jours dans la région du ciel qui est sous le septentrion. peu après la mort de son père César (certainement Jules, par qui il fut adopté comme fils, et laissé son héritier par testament ) elle se levait vers la onzième heure, resplendissante et fut visible de toute la terre. Pontanus interprète ce jour , non comme solaire, mais comme l'espace de toute la lumière du jour et des ténèbres, qui est de 24 heures, et il propose que la 11ème heure a été de temps non diurne, mais nocturne. En effet les comètes ne sont pas seulement observées de nuit. D'autres pensent qu'elle fut du moins levée, mais non observée. Mais puisque tous, Sénèque, Pline Suétone notent l'heure avec tant de soin, on voit qu'ils ont voulu décrire quelque chose d'exceptionnel. Voyez l'explication de Vitus Amerbachius sur les Météores de Pontanus. Pline estime cependant que cette comète fut utile à la Terre.
(Lavaters, non paginé)
Note: Peut être Lavaters voulait il écrire: "les comètes sont seulement observées de nuit". Nous avons vu avec Amerbachius, ce qu'il fallait en penser. Oui cette comète fut exceptionnelle, mais Pline ne dit pas qu'elle fut utile à la Terre, mais plutôt que l'accession au trone d'Auguste fut un bienfait pour la Terre. C'est d'ailleurs la seule comète antérieure à l'ère Chrétienne que mentionne Lavaters. Un complément pour l'ère antéchrétienne sera publié en 1681 par Johann Jacob Wagner.

1557, Conrad Lycosthènes date la comète dans l'ère chrétienne.

comète (Lycosthènes)
Mundi 3921. ante Christum 42.
Inter praecipua & crudelia prodigia, alii enumerant stellam crinitam horrendae magnitudinis, qua septem noctes post ejus necem nimio fulgore & magno mortalium metu apparuit.

Année de la création 3921. 42 avant Jésus-Christ
Parmi ces prodiges extraordinaires et impitoyables, d'autres comptent l'étoile chevelue d'une grandeur effrayante, qui, après son assasinat (de César), apparut sept nuits avec un éclat excessif, et une grande peur de mortalité.

(Lycosthenes, p 221)
Note: Lycosthènes semble le premier à donner une date avant Jésus Christ, qui, comme d'habitude, est fausse.

1557, Conrad Lycosthènes mentionne une deuxième fois la comète.
Ludis Veneris genitricis collegio fecit, stella hora undecima, crinita sub septentionis sidere exorta, convertit omnium oculos. Quod sidus, quia ludis Veneris apparuit, divo Julio insigne capitis consecrari placuit.
Lors des jeux de Vénus Genitrix, qu'il fit pour le collège, à la onzième heure, une étoile chevelue apparue sous l'astre du septentrion attira tous les regards. Astre qu'il lui plu de consacrer par un emblème sur sa tête, au divin Jules, parce qu'il apparut lors des jeux de Vénus.
(Lycosthenes, p 223)

1557, Conrad Lycosthènes mentionne une troisième fois la même comète.
Stella per dies septem insignis arsit.
Une étoile remarquable brula pendant sept jours.
(Lycosthenes, p 224)

1568, Garcaeus récupère aussi Virgile.
XI Post interfectum Julium Caesarem iterum aliquot Cometa emicuerant, ut Vergilius testatur, inquiens;
Non alias coelo ceciderunt plura sereno
Fulgura, nec diri toties arsere Cometae.
Ex quibus is fuit, quem tempore ludorum, per dies septem, in regione coeli Septentrionali conspectum, et circa undecimam diei horam oriri solitum, Augustus scripsit.

11 Après l'assasinat de Jules César, un certain nombre de comètes brillèrent à nouveau, comme l'atteste Virgile, s'exclamant:
A aucun autre moment ne tombèrent du ciel tant de foudres par un ciel serein, ni tant de funestes fois ne brula la comète.
Parmi lesquelles il y eut celle qui fut observée pendant sept jours au temps des jeux, dans la région septentrionale du ciel, et s'être levée habituellement vers la onzième heure, ce qu'écrivit Auguste.

(Garcaeus, fol 36 verso)
Note: Garcaeus recopie Mizauld.

1578, Praetorius fait autant confiance à Virgile qu'à Pline.
Nam anno urbis 710. mundi vero 3922. Julius Caesar in senatu interfectus est. Frequentem tum Cometarum conspectum fuisse,Virgilius innuit:
Non alias coelo ceciderunt plura fereno
Fulgura, nec diri toties arsere Cometae.
Plinius quoque sub ipso bello civili, & anno obitus Caesaris visos fuisse asserit. Et Plutarchus dicit, quod ingens stella Crinita, post Caesaris interitum, ad septimam usque noctem eximio fulgore apparuit. Existimo eandem esse, quae a Plinio prolixius describitur, cum Augustus ludos faceret Veneri genitrici, eam interdiu visam &c. Hunc unum ex omnibus Cometis legimus cum gaudio exceptum esse, eumque (ut Plinius ait) terris salutarem fuisse.

Car l'an 710 de Rome, 3922 de la création, Jules César fut tué au sénat. Virgile indique qu'il y eut alors une fréquente observation de comètes.
A aucun autre moment ne tombèrent du ciel tant de foudres par un ciel serein, ni tant de funestes fois ne brula la comète.
Pline affirme aussi qu'on en vit pendant cette même guerre civile et l'année de la mort de César. Et Plutarque dit qu'après la fin de César, une immense étoile chevelue, d'un éclat exceptionnel, apparut à la septième jusqu'à la nuit. J'estime que c'est la même, qui est abondamment décrite par Pline, vue en plein jour alors qu'Auguste donnait les jeux de Vénus Génitrix, etc. Nous lisons que seule de toutes les comètes, elle fut reçue avec joie, et qu'elle fut bienfaisante pour la Terre (comme dit Pline).

(Praetorius, non paginé)
Note: Praetorius n'est pas clair avec cette "septième". Veut il dire qu'elle apparut à la septième heure (et c'est faux), ou jusqu'à la septième nuit?. Et la comète ne fut bienfaisante que si on admet qu'elle fit monter Auguste sur le trone.

1579, Georgius Caesius met la comète dans le fuseau du Scorpion.
Ex quibus is fuit, quem legimus conspectum esse post mortem Caii Julii Caesaris Romae in senatu a Bruto & Cassio occisi, ano urbis 710. id est mundi 3922. ante Christum 41. Hujus enim mortem divina statim ultio subsecuta est, quam & Deus variis in aere & caelo signis praenunciavit, inter quae praecipua fuere, stella crinita horrendae magnitudinis, quae tempore ludorum, quos Augustus Veneri faciebat septem noctes in regione coeli septentrionali, circa 11. horam diei, id est, una hora ante occasum Solis supra Horizontem oriens, magno mortalium metu, clara & omnibus terris conspicua fuit. (Thurneiser in Scorp. ponit, & 43.annos ante Christ.)
Parmi lesquelles il y eut celle que nous lisons avoir été observée après la mort de Caius Julius Caesar à Rome, tué dans le sénat par Cassius et Brutus l'an 710, c'est à dire 3922 de la création, 41 avant Jésus-Christ. En effet sa mort fut suivie immédiatement de la vengeance divine, qu'annonça Dieu par des signes dans les airs et le ciel, parmi ceux qui furent les plus importants,une étoile chevelue d'une grandeur effrayante, qui, au temps des jeux que faisait Auguste pour Vénus, fut observée, dans une grande crainte de mortalité, resplendissante pour toute la terre, pendant sept jours dans la région septentrionale du ciel, s'élevant dessus de l'horizon vers la onzième heure du jour, c'est à dire une heure avant le coucher du soleil. (Thurneisser la place dans le Scorpion, et en 43 avant Jésus-Christ.)
(Caesius, non paginé)
Note: Caesius reprendrait cette position -totalement fausse- dans le fuseau du Scorpion, de Thurneisser. Mais nous n'avons rien trouvé chez Thurneisser. Cinq autres auteurs vont néanmoins copier cette position. Il est aussi le premier à donner la date, également fausse de 41 av. JC. Là aussi cinq auteurs vont le copier.

1602, Abraham Rockenbach copie Caesius.
Anno mundi, ter millesimo, nongentesimo, vicesimo secundo, Anno urbis , septingentesimo decimo, Ante natum Christum, quadragesimo primo, Cometa horrendae magnitudinis ( in signo Scorpionis ut aliqui volunt ) | una cum aliis miraculis in coelo, post mortem Julii Caesaris imperatoris primi, qui Romae in curia, a Cassio et Bruto, decimo quinto Martii, viginti tribus vulneribus confussus est, per noctes septem arsit, anteque Solis occasum ortus est, apparuit.
L'an 3922 de la création, 710 de Rome, 41 avant Jésus Christ, Une comète d'une grandeur effrayante (dans le signe du Scorpion comme d'autres le veulent) apparut, avec d'autres prodiges célestes, après la mort de Jules César, premier empereur, qui fut percé de 23 coups, à Rome dans la Curie, par Cassius et Brutus, le 15 mars, brula pendant 7 nuits, et se leva avant le coucher du soleil.
(Rockenbach, p 132)
Note: Rockenbach reprend habituellement ses informations de Caesius et de Lycosthènes.

1607, David Herlitz reprend le fuseau inventé par Caesius.
Solche Scorpion Cometen sindt gewesen im Jahr der Welt 3922. vor Christi Geburt 41 Jahr.
Une telle comète dans le Scorpion fut vue l'an 3922 de la création, 41 avant Jésus-Christ.
(Herlicius, non paginé)
Note: Herlicius copie Rockenbach ou Caesius.

1651, Riccioli trouve cette comète chez plein d'auteurs.


Riccioli
(en marge)Cometa post necem Caesaris.
De quibus Plinius lib.2.cap.25.ait: Cometes terrificum magna ex partes sidus, ac non leviter piatum ut civili motu Octavio consule iterumque Pompei, & Caesaris bello.
A ce sujet, Pline, livre II, ch.25, dit: astre terrible pour une grande part, et à ne pas expier légèrement, ainsi les troubles civils sous le consulat d'Octavius, et derechef la guerre de Pompée et de César
Note: Ce passage de Pline concerne la comète de l'an 50 av. JC., et non celle de la mort de César.
(en marge)Anno 44.
Occiso autem Caesare, apparuit stella Comata, de qua Suetonius in Iulio Casare cap. 88. sic. Periit sexto et quinquagesimo aetatis anno, atque in deorum numerum relatus est, non ore modo decernentium, sed & persuasione vulgi. Siquidem ludis, quos primo consecratos ei haeres Augustus edebat, stella crinita per septem dies continuos fulsit, exoriens circa undecimum horam, creditumque est animam esse Caesaris in coelum recepti, & hac de causa simulachro eius in vertice additur stella
En effet, César étant tué, il apparut une étoile chevelue, dont Suétone, dans la vie de Jules César parle ainsi. Il périt à cinquante-six ans, et fut mis au nombre des dieux, non par la rumeur mais par la conviction du peuple. Pendant les premiers jeux que donna pour lui, après son apothéose, son héritier Auguste, une comète, qui se levait vers la onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et l'on crut que c'était l'âme de César reçue dans le ciel. C'est pour cette raison qu'il est représenté avec une étoile au dessus de la tête.
Idemque asserit Plutarchus in Caesare, addens fuisse ingentem stellam crinitam, quae post interitum Caesaris ad septimam usque noctem eximio fulgore coruscavit; sed luculentior in hocPlinius lib.2. cap.25. ubi sic narrat: Cometes in uno totius orbis loco colitur in templo Romae, admodum faustus divo Augusto indicatus ab ipso, quum incipiente eo, apparuit ludis, quos faciebat Veneri Genetrici, non multo post obitum patris Caesaris, in collegio ab eo instituto: namque his verbis id gaudium prodidit.
(en marge)Augusti verba de faustuate Cometis.
Iis ipsis ludorum meorum diebus sidus crinitum per semtem dies in regione caeli, quae sub septentrionibus est, conspectum. Id oriebatur circa undecimam horam diei, clarumque & omnibus terris conspicuum fuit. Eo sidere significari vulgus credidit, Caesaris animam inter deorum immortalium numina receptam, quo nomine id insigne simulacro capitis eius, quod mox in foro consecravimus, adjectum est. Hac ille in publicum: interiore gaudio sibi immum natum, seq. in eo nasci interpretatus est: & si verum fatemur, salutare id terris fuit.
Nec vero inconveniens est, Sole adhuc supra horizontem versante, visum illum Cometam, cum Venus interdiu non semel a nobis & ab aliis crebro conspecta fuerit.
Et de même Plutarque affirme dans la vie de César, ajoutant qu'il y eut une immense étoile chevelue, qui après la fin de César, brilla d'un éclat exceptionnel, à la septième jusqu'à la nuit. mais plus impressionnant dans ce livre II de Pline, ch. 25, où il raconte: Rome est le seul lieu de l'univers qui ait élevé un temple à une comète, celle que le dieu Auguste jugea de si bon augure pour lui. Elle apparut lors des débuts de sa fortune, pendant les jeux qu'il célébrait en l'honneur de Vénus Genitrix, peu de temps après la mort de son père César, et dans le collège institué pour cela par ce dernier; il exprima en ces termes la joie qu'elle lui causait :
(en marge)les mots d'Auguste sur la favorabilité de la comète.
Ces mêmes jours de la célébration de mes jeux, on aperçut durant sept jours un astre chevelu dans la région du ciel qui est sous le Septentrion. Elle commençait à paraître vers la onzième heure; elle eut beaucoup d'éclat, et fut visible de toutes les parties de la terre. Suivant l'opinion générale, cet astre annonça que l'âme de César avait été reçue au nombre des divinités éternelles; c'est à ce titre qu'une comète fut ajouté à sa statue, que peu de temps après nous consacrâmes dans le forum.
Note: ici reprend le texte de Pline, mais Riccioli oublie de le séparer.
Ceci en public, en privé il rapporta avec joie cette naissance à lui même, et donc descendre d'elle. Et, si nous le reconnaissons vraiment, ce fut un bien-être pour la Terre. Il n'est pas incohérent d'avoir vu cette comète, le soleil se présentant au dessus de l'horizon, alors que Vénus fut non une fois, mais mainte fois observée en plein jour, par nous et par d'autres.
De hoc ipso Cometa intelligunt aliqui verba illa Q. Curtii lib. 10. Proinde jure meritoque populus Romanus salutem se Principi suo debere profitetur, cui noctis quam penè supremam habuimus, novum sidus illuxit. Hujus hercules, non solis, ortus lucem caliganti reddidit mundo. Quot ille tunc extinxit faces? quot condidit gladios? quantam tempestatem subita serenitate discussit?
De cette comète elle même rendent compte ces quelques mots de Quinte Curce, livre 10. Aussi par le droit et le mérite, le peuple romain reconnait hautement de voir le salut au prince, pour qui, de la nuit presqu'extrème que nous eumes, un nouvel astre se leva. De lui, non du soleil, Hercule rendit au monde obscurci la lumière de son lever. Combien n'éteignit-il pas de flambeaux? Combien de glaives n'enterra-t-il pas? Quelle tempète n'apaisa-t-il pas par une soudaine serénité?
Note: Il faut être aruspice pour reconnaître la comète de César dans ce passage obscur.
(Riccioli, tome II, p 5)

1665, Claude Comiers est très fier de sa science.
Iamais le ciel, au raport de Virgile * n'alluma tant de Cometes, non diri toties arsere Cometae, & ne menaça si fort la Terre, qu'en l'année 44. avant la Naissance de IESUS-CHRIST, & peu de mois avant la mort de Iule Cesar, que Brutus & Cassius assasinerent dans le Senat, en sa cinquante-septiéme année, le perçant de 23. coups de poignards, pour finir malheureusement les malheurs du premier Triumvirat.
* Plinius lib.2.c.25.

(Comiers, p 210)
Note: Comiers, le savantasse, se devait évidemment de parler de la comète de César, mais pourquoi citer Virgile, si vague, alors que Pline nous cite un témoin direct (et quel témoin!). Qu'avons nous à faire du nombre de coups qui ont frappé César? La seule chose exacte est la date. Mais l'an 44 ne vit qu'une seule comète. Elle apparut après la mort de César, et non avant, et le premier triumvirat était terminé depuis près de 10 ans. Honte à vous, savantasse du dimanche!

1668, Hévélius pratique le syncrétisme.


Hévélius
Ante natum Christum 41
A.M. 3922, anno U.R. 710, ante N.C. 41 Cometa horrendae magnitudinis ( in signo Scorpii ut aliqui volunt ) una cum aliis miraculis in coelo, post mortem Julii Caesaris per noctes septem arsit, anteque Solis occasum ortus est. Rockenbach.
Est ille Cometa de quo Augustus perscripsit.
Cometam huic tempori assignat Myzald. lib. 1. c. 9.

(en marge)Xiphias, ensis fastigiato mucrone.
Sunt & Xiphiae, inquit ensis fastigiato mucrone figuram (a qua Graeci illis nomen indiderunt) prae se ferentes, & gladii nitore absque ullis radiis pallentes.
Qualem Marco Antonio & Publ. Dolabella consulibus excanduisse ferunt, cum civile bellum inter Octavium & ipsum M. Antonium exardere coepit.

41 avant Jésus Christ
L'an 3922 de la création, 710 de Rome, 41 avant JC, Une comète d'une grandeur effrayante (dans le signe du Scorpion comme d'autres le veulent), avec d'autres prodiges célestes, après la mort de Jules César, brula pendant 7 nuits, et se leva avant le coucher du soleil. Rockenbach.
C'est cette comète que Pline décrivit minutieusement.
Mizauld assigne la comète à cette époque. livre I, ch.9.

(en marge)Xiphie, épée terminée en pointe
Il en est, les Xiphies, on les dit portant devant elles la forme d'une épée terminée en pointe (ce pourquoi les grecs ont donné ce nom), et de l'éclat du glaive, sans palir par aucun rayon. comme celle qu'on rapporte avoir brulé, Marc Antoine et Publius Dolabella étant consuls, alors que la guerre civile entre Octave et ce même Marc Antoine, commença d'éclater.
(Hévélius, p 801)
Note: Hévélius situe lui aussi l'apparition de la comète au début de la guerre Octave-Antoine, alors qu'elle apparut avant le second triumvirat.

1668, Hévélius cite une deuxième fois la comète en l'an 39 avec les consuls de l'année 44.
Ante Christum 39
M. Antonio & P. Dolabella Consul. ... Ludis Generis Genetricis, quos pro Collegio fecit, stella hora undecima crinita sub septentrionum sydere exorta, convertit omnium oculos &c. Julius Obsequens.

39 avant Jésus Christ
Marc Antoine et Publius Dolabella étant consuls ... Lors des jeux de Vénus Genitrix, qu'il fit pour le collège, à la onzième heure, une étoile chevelue apparue sous la constellation du septentrion attira tous les regards. etc. Julius Obsequens.

(Hévélius, p 802)

1668, Hévélius cite une troisième fois la comète avec la bonne description et une fausse date.
Ante natum Christum 27
(en marge)Clarum & omnibus conspicuum sidus.
In ipsis ludorum meorum diebus, sydus crinitum per septem dies, in Regione coeli quae sub Septentrionibus est, conspectum. Id oriebatur circa undecimam horam diei, clarumque & omnibus terris conspicuum fuit. Scripcisse dicitur Augustus apud Plin. lib. 7, c. 25.
Qui post necem Divi Julii, ludis Veneris Genitricis, circa undecimam horam diei emersit. Senec. l. 7, N. Q. c. 17.

27 avant Jésus Christ
En ces mêmes jours de la célébration de mes jeux, on aperçut durant sept jours une comète dans la région du ciel qui est au Septentrion. Elle commençait à paraître vers la onzième heure; elle eut beaucoup d'éclat, et fut visible de toutes les parties de la terre. On dit qu'Auguste l'a écrit, selon Pline, livre VII, ch.25.
Qui, après l'assasinat de Jules César, durant les jeux de Vénus Génitrix, s'éleva sur l'horizon vers la onzième heure du jour. Sénèque, Questions Naturelles, livre 7, ch.17.

(Hévélius, p 802)
Note: Hévélius pédale dans la mélasse. Non seulement il cite la comète de l'an 44, en l'an 41, puis en l'an 39, mais il la place maintenant en l'an 27 sur la foi de Pline et de Sénèque, qui pourtant disent bien que c'était pendant les jeux de Vénus Genitrix, l'année de la mort de César. En plus il mentionne le livre 7 de Pline au lieu du livre 2.

1681, Johann Jacob Wagner se fie aussi à Virgile.
A. vor Ch. E. 44 Vor dem Tode Julii Caesaris / welchen Cassius und Brutus auf dem Capitolio ermordet / sind underschidenliche Komet-Sternen herfür kommen / wie auss dem Virgilio Georg.L.2.zusehen.
L'an 44 av. JC., avant la mort de Jules César, que Cassius et Brutus assassinèrent au Capitole, des étoiles-comètes distinctes sont arrivées, comme on voit dans Virgile, Georgiques, livre 2
(Wagner, p 16)
Note: comme pour Comiers, c'est plusieurs comètes qui seraient arrivées avant la mort de César.

1681, Lubienietski copie tout ce qu'il trouve.

Lubienietski
XXXVIII. Anno ante Christum Natum 44. (42) Occiso autem Caesare, apparuit stella Comata, de qua Suetonius in Iulio Casare cap. 88. sic. Periit sexto et quinquagesimo aetatis anno, atquè in deorum numerum relatus est, non ore modo decernentium, sed & persuasione vulgi. Siquidem ludis, quos primo consecratos ei haeres Augustus edebat, stella crinita per septem dies continuos fulsit, exoriens circa undecimum horam, creditumque est animam esse Caesaris in coelum recepti, & hac de causa simulachro ejus in vertice additur stella
Idemque asserit Plutarchus in Casare, addens fuisse ingentem stellam crinitam, quae post interitum Casaris ad septimam usquè noctem eximio fulgore coruscavit; sed luculentior in hoc Plinius lib.2. cap.25. ubi sic narrat:
Cometes in uno totius orbis loco colitur in templo Romae, admodum faustus divo Augusto judicatus ab ipso, quum incipiente eo, apparuit ludis, quos faciebat Veneri Genetrici, non multo post obitum patris Caesaris, in collegio ab eo instituto: namque his verbis id gaudium prodidit.
Iis ipsis ludorum meorum diebus sidus crinitum per semtem dies in regione caeli, quae sub septentrionibus est, conspectum. Id oriebatur circa undecimam horam diei, clarumque & omnibus terris conspicuum fuit. Eo sidere significari vulgus credidit, Caesaris animam inter deorum immortalium numina receptam, quo nomine id insigne simulacro capitis eius, quod mox in foro consecravimus, adjectum est. Haec ille in publicum: interiore gaudio sibi immum natum, seque in eo nasci interpretatus est: & si verum fatemur, salutare id terris fuit.
Nec vero inconveniens est, Sole adhuc supra horizontem versante, visum illum Cometam, cum Venus interdiu non semel a nobis & ab aliis crebro conspecta fuerit.
De hoc ipso Cometa intelligunt aliqui verba illa Q. Curtii lib. 10.
Proinde jure meritoque populus Romanus salutem se Principi suo debere profitetur, cui noctis quam penè supremam habuimus, novum sidus illuxit . Huius herculem non solis, ortus lucem caliganti reddidit mundo. Quot ille tunc extinxit faces? quot condidit gladios? quantam tempestatem subita serenitate discussit?
Ricciolus

XXXVIII. An 44 avant Jésus-Christ (42). En effet, César étant tué, il apparut une étoile chevelue, dont Suétone, dans la vie de Jules César parle ainsi. Il périt à cinquante-six ans, et fut mis au nombre des dieux, non par la rumeur mais par la conviction du peuple. Pendant les premiers jeux que donna pour lui, après son apothéose, son héritier Auguste, une comète, qui se levait vers la onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et l'on crut que c'était l'âme de César reçue dans le ciel. C'est pour cette raison qu'il est représenté avec une étoile au dessus de la tête.
Et de même Plutarque affirme dans la vie de César, ajoutant qu'il y eut une immense étoile chevelue, qui après la fin de César, brilla d'un éclat exceptionnel, à la septième jusqu'à la nuit. mais plus impressionnant dans ce livre II de Pline, ch. 25, où il raconte:
Rome est le seul lieu de l'univers qui ait élevé un temple à une comète, celle que le dieu Auguste jugea de si bon augure pour lui. Elle apparut lors des débuts de sa fortune, pendant les jeux qu'il célébrait en l'honneur de Vénus Genitrix, peu de temps après la mort de son père César, et dans le collège institué pour cela par ce dernier; il exprima en ces termes la joie qu'elle lui causait :
Ces mêmes jours de la célébration de mes jeux, on aperçut durant sept jours un astre chevelu dans la région du ciel qui est sous le Septentrion. Elle commençait à paraître vers la onzième heure; elle eut beaucoup d'éclat, et fut visible de toutes les parties de la terre. Suivant l'opinion générale, cet astre annonça que l'âme de César avait été reçue au nombre des divinités éternelles; c'est à ce titre qu'une comète fut ajouté à sa statue, que peu de temps après nous consacrâmes dans le forum. Ceci en public, en privé il rapporta avec joie cette naissance à lui même, et donc descendre d'elle. Et, si nous le reconnaissons vraiment, ce fut un bien-être pour la Terre.
Il n'est pas incohérent d'avoir vu cette comète, le soleil se présentant au dessus de l'horizon, alors que Vénus fut non une fois, mais mainte fois observée en plein jour, par nous et par d'autres.

De cette comète elle même rendent compte ces quelques mots de Quinte Curce, livre 10.
Aussi par le droit et le mérite, le peuple romain reconnait hautement de voir le salut au prince, pour qui, de la nuit presqu'extrème que nous eumes, un nouvel astre se leva. De lui, non du soleil, Hercule rendit au monde obscurci la lumière de son lever. Combien n'éteignit-il pas de flambeaux? Combien de glaives n'enterra-t-il pas? Quelle tempète n'apaisa-t-il pas par une soudaine serénité?
Riccioli

Note: Lubienietski copie tout ce qu'il trouve, et copie tout Riccioli, alors que le passage de Quinte Curce, simple flatterie sur Auguste, n'a visiblement rien à voir avec la comète.
Eckstormius eundem Cometam recenset, & Plinium cum Milichio censet his verbis:
Sed quam salutare fuerit (ut addit Milichius Plinii Commentator) aestimari potest ex mutatione Reipublica & quinque bellis civilibus, quae sequuta sint stellae istius apparitionem, utpote Mutinense, Philippense, Perusinum, Siculum, Actiacum. Ita enim recenset Suetonius in Octavio Augusto cap.9. Sequutus est Octavii, Antonii & Lepidi triumviratus, plenus crudelitatis & homicidii, quo etiam Marcus Tullius Cicero Antonii jussu est interfectus.

Eckstorm recense cette même comète, et attribue à Pline avec Milichius, ces mots:
Mais qu'elle fut bienfaisante (comme l'ajoute Milichius, commentateur de Pline) on peut en juger d'après l'altération de la république, et les cinq guerres civiles qui suivirent l'apparition de cette étoile, comme celles de Modène, de Philippes, de Pérouse, de Sicile, d'Actium. car Suétone,dans la vie d'Auguste, ch. 9 recense ainsi que suivit le triumvirat d'Octave, Antoine et Lépide, rempli de cruautés et de meurtres, ou Ciceron fut tué sur l'ordre d'Antoine.

Note: Ce prétendu commentaire de Milichius, qui confond batailles et guerres civiles, ne figure pas dans l'édition de 1535 des commentaires de Milichius à Pline.
(Lubienietski, p 26)

1681, Lubienietski mentionne une deuxième fois la comète avec une fausse date.
XLVI Anno M. 3922. A.U.710. ante Christ. Nat. 41. Cometa horrendae magnitudinis (in signo Scorpii ut aliquii volunt) una cum aliis miraculis in coelo, post mortem Julii Caesaris, primi imperatoris, qui Romae in Curia, a Cassio & Bruto, 15. Martii viginti tribus vulneribus confossus est, per noctes 7 arsit, anteque Solis occasum exortus est, apparuit. Hunc bella civilia 5. magnaeque clades sunt secutae. Rockenb.
XLVI L'an 3922 de la création, 710 de Rome, 41 avant Jésus Christ, Une comète d'une grandeur effrayante (dans le signe du Scorpion comme d'autres le veulent) apparut, avec d'autres prodiges célestes, après la mort de Jules César, premier empereur, qui fut percé de 23 coups, à Rome dans la Curie, par Cassius et Brutus, le 15 mars, brula pendant 7 nuits, et se leva avant le coucher du soleil. Rockenbach.
(Lubienietski, p 35)
Note: Lubienietski, comme d'autres ne se rend pas compte qu'il cite deux fois la même apparition de comète.

1696, Zahn copie Rockenbach de travers.
42) M.3922. A.C.N. 41.
horrendae magnitudinis Cometa in signo Scorpii per 7 noctes etiam ante Solis occasum apparuit: imo plures Cometae visi dicuntur. Rockenbachius
Une comète d'une grandeur effrayante apparut encore 7 nuits, avant le coucher du soleil, dans le signe du Scorpion: Ou plutôt, on dit qu'on vit plusieurs comètes. Rockenbach
(Zahn, p 166)
Note: Où Zahn a-t-il lu "plusieurs comètes"? Rockenbach parle "d'autres prodiges".

Jusqu'ici, les auteurs se sont contentés de mentionner l'apparition de la comète, en se citant les uns en autres. Mais voici que Halley va tenter de déterminer les orbites des comètes connues, tout au moins, celles pour lesquelles on a pu faire des mesures de position. En 1715, Il publie une table des éléments de 24 comètes, dont celle de 1680. Mais cette table ne contient que les éléments qu'on a pu déterminer au voisinage du périhélie. Elle ne contient pas l'excentricité, ou ce qui revient au même, la distance à l'aphélie ou la période de révolution. Elle permet seulement de comparer des comètes dont les éléments sont connus, et pas de tenter une comparaison avec les comètes de l'antiquité, dont seule l'année est connue. Néanmoins Halley va tenter cette comparaison... et se planter.

1715, Halley voit la comète de Jules César dans celle de 1680.


Edmund Halley
But as far as probability from the equality of Periods, and similar appearance of Comets, may be urged as an argument, the late wondrous Comet of 1680. seems to have been the same, which was seen in the time of our King Henry 1. anno 1106, which began to appear in the West about the middle of February, and continued for many days after, with such a Tail as was seen in that of 1680. And again in the Consulate of Lampadius and Orestes about the Year of Chrift 531, such another Comet appeared in the west, of which Malela, perhaps an Eyewitness, relates that it was megas kai phoberos, a great and fearful Star; that it appeared in the West, and emitted upwards from it a long white Beam; and was seen for 20 days. It were to be wish'd the Historian had told us what time of the Year it was seen; but 'tis however plain, that the interval between this and that of 1106, is nearly equal to that between 1106 and 1680, viz about 575 Years. And if we reckon backward such another Period, we shalll come to the 44th Year before Chrift, in which Julius Caesar was murder'd, and in which there appear'd a very remarkable Comet...
Mais dans la mesure où la probabilité de l'égalité des périodes, et d'apparence similaire des comètes, peut être invoquée comme un argument, la dernière comète merveilleuse de 1680 semble avoir été la même, qui a été vue à l'époque de notre roi Henri 1. l'an 1106, qui a commencé à apparaître en Occident, vers le milieu de Février, et a continué de nombreux jours après, avec une queue telle qu'on l'a vu dans celle de 1680. Et une nouvelle fois sous le consulat de Lampadius et Oreste vers l'an 531, une telle autre comète apparut vers l'ouest, dont Malela, peut-être un témoin oculaire, raconte qu'elle était megas kai phoberos, une étoile grande et terrible, qu'il est apparu dans l'Ouest, et émis vers le haut un long faisceau blanc, et a été vu pendant 20 jours. Il serait à souhaiter que l'historien nous eu dit à quel moment de l'année elle a été vue, mais il est cependant clair que l'intervalle entre celle ci et celle de 1106, est à peu près égale à celui entre 1106 et 1680, environ 575 ans. Et si l'on compte en arrière une telle autre période, nous en viendrons à la 44e année avant Jesus-Christ, dans laquelle Jules César fut assassiné, et dans laquelle il apparut une comète très remarquable ...
(Gregory, vol.2,p 901)
Note: Le problème est l'exactitude des données anciennes, et Halley accorde trop de crédit au passage de 531, qui, en réalité a eu lieu à l'automne 530, comme le dit l'histoire de la Chine du père De Mailla:
530
A la neuvième lune de cette année, il parut une comète depuis l'étoile Ta-kio jusqu'à Tchong-taï.

Pingré, en comparant les diverses sources, conclut à la non identité de cette comète avec celle de 1680:
Le mois de l'apparition est désigné par Théophanes, le plus ancien des historiens Européens qui ont parlé de cette Comète: elle parut d'abord au mois de Septembre. En Chine l'année commença les 13 de Février, ainsi le premier jour du neuvième mois ou de la neuvième lune en 530, tomba sur le 6 ou 7 d'Octobre, ce qui ne s'éloigne pas beaucoup du rapport de Théophanes. Halley n'avoit point vu ces autorités lorsqu'il se persuada que cette Comète étoit la même que celle de 1680. La révolution de cinq cents soixante-quinze ans qu'il attribue à la Comète de 1680, exige en effet un retour en 531. Mais cette Comète n'a pu paroître alors du côté de l'occident en Septembre & Octobre; si elle s'est montrée pendant ces deux mois, ce n'a pu être que le matin à l'orient: vers la fin de son apparition seulement on aurait la voir le soir, mais entre le septentrion & l'orient; & le matin, peu après son passage par le méridien & vers le Zénith. Ainsi, la comète dont les auteurs byzantins font mention, ne paroît pas pouvoir être la même que celle de 1680.
(Pingré, vol.1,p 315)
Nous allons voir que Pingré admettait néanmoins l'identité des comètes de 1680 et de 44 av. JC.
Halley supposait donc l'identité des comètes de 1680, 1106, 531 et 44 av. J.C., comme il avait supposé, avec raison, l'identité de celles de 1456, 1531, 1607 et 1682 (devenues autant d'apparition de la "comète de Halley"). Mais cette fois c'était hasardeux, et maintenant prouvé faux, puisque la période de la comète de 1680 n'est pas de 575 ans, mais de plus de 8000.

Les astronomes chinois l'avaient observé aussi.

1777, le père De Mailla mentionne une autre date d'apparition.
-44 av JC.
La cinquième année, à la quatrième lune, il parut une comète à l'étoile Sen.

(Mailla, vol III, p 162)
Note: De Mailla place à la troisième lune de l'an 42 une éclipse qui eut lieu le 27 mars 42 av JC. Son an 44 est donc bien 44 av JC. D'autre part, si le trajet de la comète à travers les constellations, et sa durée d'observation ne sont pas mentionnés, on peut remarquer que sur 19 comètes mentionnées par De Mailla pour le 1er millénaire avant notre ère, le trajet n'est indiqué que pour une seule, et la durée, jamais. Si le père de Mailla n'a pas négligé ces renseignements, il parait probable, que pour des raisons astrologiques, les chinois ne s'intéressaient qu'à la constellation d'apparition. Ainsi, la comète a très bien pu être observé plusieurs semaines. A cette époque, sous la dynastie des Han, la première lune était celle où le soleil entre dans le signe des poissons. La quatrième lune correspond donc à la période du 18 mai au 16 juin. Le fait que les chinois aient situé la comète par rapport à une étoile indiquerait que l'apparition était nocturne, ou au moins vespérale. Cette étoile Sen, ne se trouve pas dans la table des étoiles donnée par Deguignes, mais une traduction plus moderne du Han shu montre que c'est en fait la constellation d'Orion. Dans ces conditions cela pouvait être la position estimée d'Orion dans le ciel crépusculaire.

1783, Pingré se donne du mal mais se trompe dans sa reconstitution.

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 lire le dossier 
Alexandre Guy Pingré, que nous avons souvent cité dans cette étude, se devait, bien sûr, d'étudier la comète dite de Jules César, mentionnée par des savants aussi sérieux que Pline l'ancien. Connaissant aussi les observations chinoises d'une comète cette même année, et toujours sceptique sur les données discordantes, il va dissocier les deux astres sur la confiance malheureuse qu'il accorde à la date de célébration de jeux de Vénus Genitrix pendant lesquels la comète fut vue. Mais il ignorait que Jules César en avait avancé la date.

1785, Joseph de Guignes trouve la longueur de la comète dans les textes chinois.
44 av JC.
La cinquième des années TSO-UEN de YUEN-TI, une comète sortit vers le nord-ouest, elle étoit d'une couleur rouge-jaune, sa longueur de huit Che (pied chinois); après plusieurs jours, elle devint longue de plusieurs Tchang, se dirigeant vers le nord-est, & occupoit une partie de Tsan.

(De Guignes, catalogue des comètes connues et observées par les chinois, Mémoires de mathématiques et de Physique présentés à l'académie royale des sciences, tome X, 1785, p 42)
Note: De Mailla dit que la comète parut à "l'étoile Sen", Pingré parle de "la constellation Tsan", et ici la comète parait au Nord-Ouest, avant de se diriger vers Tsan. La constellation Tsan est en fait, celle d'Orion réduite aux étoiles contenues dans son quadrilatère Bételgeuse - Bellatrix - Rigel - Saïph. La mention d'une longueur pour la comète prouve que les chinois la voyaient avec une queue. Si les chinois employaient les mêmes mesures subjectives que nous (1 m = 2°), et sachant que le pied chinois faisait 32 cm, cette queue devait d'abord faire environ 5°. Sachant que le (ou la?) Tchang faisait 10 pieds, nous voyons que la queue s'était étendue sur probablement au moins 15°. Mais dans quelle constellation se trouvait elle? On nous dit qu'elle arriva finalement dans la constellation Tsan, d'Orion. Or pendant la quatrième lunaison, au coucher du soleil, Orion était invisible et ne commença d'apparaitre à l'aube, vers l'Est, que début juillet. Mais il faut bien savoir que, selon le père Gaubil, les chinois ont noté des occultations de Jupiter, et de Mars, par la lune, dans la constellation Tsan. Or ces occultations ne peuvent avoir lieu qu'au voisinage de l'écliptique, où ne se trouve pas Orion. Dans ces conditions, il faut comprendre que ces occultations eurent lieu à la longitude céleste d'Orion, ce qui nous donne beaucoup plus d'incertitude en latitude. De plus, une difficulté apparait avec le Nord-Ouest. Nous n'avons trouvé aucune orbite convaincante faisant passer la comète près d'une étoile visible au NO, et l'orbite trouvée par Ramsey et Lewis ne la fait pas apparaitre au NO, mais plutôt y disparaitre, en sorte qu'il faut probablement comprendre, entre le Nord et l'Ouest. Pour ce qui est de l'heure d'apparition, si nous faisons l'hypothèse que la comète était au Nord-Ouest un peu avant l'aube, alors elle eu été visible toute la nuit, et se fut touvé au Nord après le coucher du soleil. On ne nous dirait pas alors qu'elle "sortit vers le nord-ouest". Elle était donc vers le nord-ouest après le coucher du soleil, qui était lui même sous l'horizon nord-ouest. La queue de la comète devait donc s'étendre vers le haut. D'autre part, après plusieurs jours, le fait que la queue s'était allongée montre que la comète s'était rapprochée du soleil.

1842, Victor Verger, traduit l'édition d'Obsequens par Lycosthenes.
CXXVIII. Sous les consuls M. Antoine et P. Dolabella (2)
A Brindes, C. Octavius, d’après le testament de César son père, se fit déclarer membre de la famille Julia;
Pendant les jeux célébrés en l'honneur de Vénus Mère, une étoile chevelue parut, à la 11ème heure, dans la constellation du Chariot, et attira tous les regards. Comme cet astre s'était montré pendant les jeux de Vénus, on s'empressa de le consacrer au divin Jules, et comme un ornement de son diadème.
On vit dans le ciel une torche ardente, qui se portait vers l’occident. Une grande étoile brilla pendant sept jours.
(2) Même année. (An de R. 710)
(Obsequens3, p 141)

1856 Les vulgarisateurs entrent en scène.

1857, Arago est optimiste.
Tout le monde sait, enfin, qu'une comète se montra dans le mois de septembre, l'année de la mort de César, pendant les jeux qu'Auguste donnait au peuple romain. Cette comète était très-brillante, puisqu'elle commençait à s'apercevoir dès la onzième heure du jour, c'est-à-dire vers cinq heures du soir, ou avant le coucher du soleil. La date est ici 43 avant notre ère.
(Arago, t III, p 110)
Note: admirons le bel optimisme de ce grand savant et vulgarisateur que fut Arago. Tout le monde savant le savait, ou plutôt le croyait, puisque la date est fausse, mais on peut douter que tous les ouvriers agricoles de Corrèze l'aient su.

1875, Guillemin s'exprime avec maladresse.
C'est ainsi que les comètes de 134 ou 137 et de 118, sont rapportées la première à la naisance et la seconde à l'avènement de Mithridate, et que la comète de l'an 43 ne fut autre chose que l'âme de César transportée au ciel.
(Guillemin, p 9)
Note: Il faut bien sûr comprendre que les romains de l'époque le croyaient.

1880, Flammarion caricature la crédulité des romains.
Les romains paraissent avoir cru très sérieusement que la grande comète qui apparut à la mort de César l'an 43 avant J.-C., était vraiment l'âme du dictateur.
(Flammarion, p 596)
Note: Nous avons vu qu'Auguste ne disait pas que la comète était l'ame de son père, mais qu'elle en annonçait la réception parmi les dieux.

1891, Rambosson fait annoncer la mort de César plusieurs mois après.
On prétendit que la mort de Jules César fut annoncée par la comète qui parut l'an 44 avant notre ère.
J. Rambosson, les astres, 1891, p 259
Note: Rambosson est tellement imprégné de l'idée que les anciens voyaient dans les comètes le présage de la mort d'un prince, qu'il répète l'erreur de Comiers, en plaçant la comète avant la mort de César, et non après.

1903, Proctor reprend l'opinion de Flammarion.
The comet of 43 B.C. was held by some to be the soul of Julius Caesar on its way to the abode of the gods.
La comète de 43 av. JC. fut tenue par certains comme l'âme de Jules César sur son chemin vers la demeure des dieux.
Proctor, myths marvels of astronomy, 1903, p 219

1909, Chambers explique assez bien l'idée des romains.
Neither astronomy in general nor comets in particular owe much to the ancient Romans, for they did not trouble themselves much about astral phenomena, being more disinguished as warriors, lawyers, and bricklayers. Nevertheless they looked upon the Comet of B.C. 43 as a celestial chariot carrying away the soul of Julius Caesar, who had been assasinated shortly before it made its appearance.
Ni l'astronomie en général, ni les comètes en particulier ne doivent beaucoup aux Romains, car ils ne s'inquiétaient pas beaucoup des phénomènes astraux, étant plus distingués comme guerriers, avocats et maçons. Néanmoins, ils regardaient la comète de 43 av. JC. comme un char céleste emportant l'âme de Jules César, qui avait été assassiné peu de temps avant qu'elle fasse son apparition.
Chambers, the story of comets, 1909, p 206

1910, Emerson fait de l'histoire à grand spectacle.
On the night of Caesar's assassination, when the Comet was seen blazing at its brightest, the Romans said that it come to bear away the great soul of the murdered Caesar.
Dans la nuit de l'assassinat de César, quand la comète fut observée flamboyant à son plus grand éclat, les Romains dirent qu'elle venait emporter la grande âme de César assassiné
Emerson, Comet Lore, 1910, p 15
Note: Cette fois c'est de l'histoire à grand spectacle. La comète s'approche, présage terrifiant, atteint son plus grand éclat lors de l'assassinat, puis s'en va en emportant l'âme du dictateur. La comète était de mêche avec les assassins, elle faisait partie du complot, c'est sûr.

1910, H W Elson simplifie l'histoire.
When Augustus Caesar began his reign in Rome, he pronounced a comet then in the sky an omen of promise to himself and his people, he also declared that it conveyed his departed uncle, the great Julius Caesar, to a place among the demigods.
Lorsque César Auguste commença son règne à Rome, il déclara qu'une comète alors dans le ciel était un présage de promesse pour lui-même et son peuple, il déclara aussi qu'elle transportait son défunt oncle, le grand Jules César, à une place parmi les demi-dieux.
Henry W Elson, comets, 1910, p 20
Note: C'est lors de l'entrée en scène d'Octave sur la scène politique romaine que cette comète parut. Il ne commenca à régner que 17 ans plus tard.

1977 Les ufologues s'en mèlent.

1977, Raymond Drake hallucine.
Selon Plutarque, en 44 av. J.-C., avant l'assassinat de César, des signes, des apparitions et des lumières extraordinaires apparurent dans le ciel. Strabon dit qu'on vit passer des multitudes d'hommes flamboyants.
Des hommes flamboyants! Tite-Live mentionnait des hommes en vêtements étincelants à Amiternum en 218 av. J.-C. Des anges resplendissants de lumière sont signalés dans la Bible comme le sont aujourd'hui de prétendus hommes de l'espace éblouissants.

(Drake2, p 120)
Note: Grandiose! Dommage qu'il n'y ait rien de vrai. C'est après la mort de César qu'on vit des phénomènes dans le ciel. Les hommes de feu de Strabon ne nous sont connus que par Plutarque, et pourraient concerner les Eduens, étymologiquement "les hommes de feu". Tite Live ne signale pas d'hommes en vêtements étincelants à Amiternum, mais des "apparences de navires", et des apparences d'hommes vétus de blanc. Des êtres resplendissants de lumières sont signalés dans tous les passages hallucinatoires des livres dits sacrés, et on aimerait que Drake nous cite un cas d'hommes de l'espace éblouissants.

1977, Christiane Piens confond Ciceron et son assassin.
Sous le consulat de M. Cicéron et P. Dolabella ( -46), ... Une grande étoile brilla pendant sept jours, ... 32.
32. J.O., CXXVIII (67).

(Piens, p 35)
Note: Ce n'est pas M. Ciceron mais M. Antoine (qui le fit assassiner), et Dolabella fut consul avec lui après les ides de Mars de l'an 44 av JC, et non 46

1997, Ramsey et Licht font une étude complète et trouvent l'orbite.

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De nombreux auteurs ont écrit des bétises en s'attaquant à des sujets dont plusieurs aspects sortaient de leur domaines de compétence, le plus bel exemple étant Vélikovsky, dont la théorie nécessitait de s'y connaitre à la fois en astronomie, géologie, physique, histoire, archéologie, épigraphie et mythologie. Or c'était, en fait, un psychiatre, qui avait fait quelques études de médecine et de mathématiques.
A l'inverse, John. T. Ramsey, et A. Lewis Licht ont cumulé leurs savoirs respectifs de professeur de lettres classiques et de physicien pour produire une magistrale, étude décortiquant tous les aspects du problème et expliquant autant les observations, que leur absence, avec, à la clé, une orbite vraisemblable.

1999, Gary Kronk présente l'orbite calculée par Ramsey and Licht, sans les marges d'incertitude.

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Gary Kronk, auteur d'une monumentale cométographie, à laquelle nous avons déjà fait appel, ne pouvait manquer de parler abondamment de la comète de Jules César, "l'une des plus célèbres comètes du monde antique". Il cite donc les récits de Pline, Sénèque, Calpurnius Siculus, Plutarque, Dion Cassius, Julius Obsequens et Servius. Puis il évoque le problème de la connexion avec les observations chinoises, que Pingré n'admettait pas. Il termine avec le magistral travail de Ramsey et Licht, qui ont réussi à trouver une orbite compatibles avec les observations chinoises et occidentales, mais présente l'orbite trouvée sans les marges d'erreurs.

2009 Jacques Vallée n'a pas lu les auteurs qu'il cite.


Jacques Vallée
July 43 BC: The Comet of Murtine, Croatia
Pliny the Elder tells that Augustus wrote "On the very days of my games, a comet was visible over the course of seven days, in the northern region of the heavens. It rose at about the eleventh hour of the day and was bright and plainly seen from all lands. The common people believed that this star signified the soul of Caesar had been received among the spirits of the immortal gods. On this account, it was added as an adornment to the head of the statue of Caesar that I, not long afterwards, dedicated in the Forum."
Gaius Suetonius Tranquillus included Augustus' account in his book The Lives of the Caesars, and Seneca also mentions it in Quaestiones Naturales, stating the phenomenon appeared at the 11th hour of the day. Plutarch, Siculus and Obsequens all wrote about it, as well as Servius in his commentaries on Virgil's Eclogue and Aeneid in the 4th century. Servius relates the phenomenon was observed in the daytime and lasted for three days, but he was writing long after the event. Astronomers believe there could be a link with a comet recorded in the Han Shu for May and June 43 BC.

juillet 43 av JC: la comète de Murtine, Croatie.
Pline l'ancien dit qu'Auguste écrivit "Les jours mêmes de mes jeux, une comète était visible dans le cours de sept jours, dans la région nord du ciel. Elle se levait à la onzième heure de la journée et était brillante et parfaitement vue de tous les pays. Le peuple croyait que cette étoile signifiait que l'âme de César avait été reçu parmi les esprits des dieux immortels. A ce titre, elle a été ajouté comme un ornement à la tête de la statue de César que, peu de temps après, je consacrais dans le Forum".
Gaius Suétone Tranquillus inclus le récit d'Auguste dans son livre Les Vies des Césars, et Sénèque le mentionne également dans Questions Naturelles, indiquant que le phénomène est apparu à la 11ème heure de la journée. Plutarque, Diodore de Sicile et Obsequens écrivirent tous à ce sujet, ainsi que Servius dans ses commentaires sur l'églogue de Virgile et sur l'Enéide au 4ème siècle.
Servius rapporte que le phénomène a été observé dans la journée et a duré trois jours, mais il écrivait longtemps après l'événement.
Les astronomes pensent qu'il pourrait y avoir un lien avec une comète enregistrée dans le Han Shu pour Mai et Juin 43 avant JC.

(Vallée2, p 456)
Note: Ca commence mal: la comète fut observée en 44 av JC à Rome, et non en 43 en Croatie
Ensuite, le passage d'Auguste est correctement cité, mais si Suètone s'inspire du récit d'Auguste, il ne le cite pas vraiment, pas plus que Sénèque. Plutarque et Obsequens en ont bien parlé, mais les livres de Diodore de Sicile sont perdus pour cette époque. Servius dit bien que le phénomène a été observé au milieu du jour, mais il ne dit pas qu'il dura trois jours, et il écrivait à une époque où les livres des principaux historiens existaient encore. Manifestement, Vallée n'a pas lu les auteurs qu'il cite. Sinon, oui, il y a un lien avec la comète observée par les chinois en -43 des astronomes, soit 44 av. JC.

Analyse:

à l'avers: Auguste, au revers: la comète, le Sidus Julium
Voila un prodige, dont exceptionnellement, nous connaissons le témoin. Il n'y en a ainsi que quelques rares cas dans notre liste, comme pour la comète observée par Aristote et Ephore, ou le bolide observé par le proconsul Silanus. Mieux, bien que ce ne soit qu'unc copie, nous avons son témoignage, avec une description sommaire, la date, même indirecte, et l'heure, même imprécise. Le seul problème est que, comme ce témoignage apparait dans l'histoire de sa vie, il a probablement été rédigé bien des années après les faits.

Auguste dit que l'étoile chevelue apparut vers la onzième heure, soit entre une heure et deux heures avant le coucher du soleil, donc en plein jour. Ceci ne doit pas nous faire rejeter ce témoignage, car nous connaissons d'autre observations de comètes en plein jour. Nous pouvons plutôt en conclure que cette comète fut exceptionnelle, et qu'elle impressionna le peuple. Elle l'impressionna même tellement qu'Auguste en profita. C'est au point qu'il fit taire l'impudent aruspice, qui avait eu l'audace d'affirmer que ce n'était qu'une comète. Puisque le peuple voyait cet astre apparu pour sa gloire, et était enclin à y voir l'âme de César, non seulement il fit ajouter l'astre à la statue de César, mais il fit frapper des médailles, qui l'associaient au Sidus Julium, l'astre mémorable.

Auguste dit aussi qu'elle était sous le septentrion. Devons nous admettre, avec Pingré, qu'elle était juste au nord, et apparut avec la diminution de la clarté du ciel? Non, car en fait, il faisait encore plein jour, et comme la comète aurait été alors circumpolaire, elle aurait été vue toute la journée, et non vers la onzième heure. N'oublions pas non plus que "sous le septentrion" est assez vague, d'autant qu'à l'époque, il n'y avait pas d'étoile polaire. Donc la comète n'est pas apparue progressivement sur un ciel devenu moins lumineux, mais en se levant à l'horizon. Pour être encore jugée sous le Septentrion, la comète devait donc se lever au N-N-E.

Auguste nous dit que la comète fut vue lors de la célébration des jeux qu'il donnait pour les fètes de Vénus Génitix, que, l'année précédente, César avait avancé au 20 juillet. Ces jeux durèrent sept jours. Auguste ne dit pas qu'on la découvrit le premier jour, mais il dit qu'elle fut visible 7 jours, soit la durée des jeux. Il est donc bien probable qu'elle apparut le 20 juillet. Elle fut probablement encore visible après, et Auguste ne dit pas qu'elle apparaissait tous les jours au même endroit, à la même heure. Nous avons vu que le 20 juillet, la comète serait apparu entre 16H 59 et 18H 13, heure de Rome. Nous pouvons voir aussi que, se levant au nord-nord-est, elle devait se trouver juste sous le W de la constellation de Cassiopée (constellation invisible à cette heure là, bien sûr). Mais ensuite, elle put tout aussi bien se déplacer dans le ciel. Auguste n'est pas astronome, et ne cherche pas à connaitre sa trajectoire. Il s'attache au prodige, qui parait manifester la grandeur de César, et donc la sienne propre, en tant qu'héritier de César. Le prodige étant seulement l'apparition de cette comète visible en plein jour, nous ne saurons pas la suite. Nous savons seulement qu'elle fut visible pendant toute la durée des jeux, et qu'elle ne s'éloigna probablement pas trop du septentrion.

Mais comment cette comète pouvait elle être visible en plein jour, au point qu'on prète à Pontanus l'idée de la faire paraître la nuit? Nous savons, comme l'avait remarqué Riccioli, que Vénus, avec sa magnitude de -4, est visible en plein jour, mais nous savons aussi qu'on ne la découvre pas spontanément. Il faut un point de repère, pour pouvoir diriger son regard juste dessus. Cette observation de Vénus en plein jour par tout un chacun eut lieu, en particulier, le 14 aout 104 av. JC. de la troisième à la septième heure, grace au point de repère de la lune. Mais pour la comète, il n'y avait pas de point de repère, il nous faut donc admettre une magnitude de -5, voire -6.
Il faut évidemment que la comète soit suffisamment grosse, pour paraître aussi lumineuse. Nous savons que le noyau d'une comète brillante fait couramment plusieurs dizaines de km, que celui de la comète Hale-Bopp avoisinait les 80 km, et que celui de Chiron, comète sans queue ni tête fait environ deux cent km.
Il y a alors deux cas de figure: Soit l'éclat de la comète est du à sa taille apparente, soit elle est très proche du soleil, et son éclat est du à la combinaison du dégazage du noyau et de son éclairement, l'éclat intrinsèque de la comète variant alors comme la quatrième puissance de l'inverse de la distance.
Mais ici, nous sommes sûr que la comète n'était pas près du soleil: Elle était visible au N-N-E, alors que le 20 juillet, à l'heure où elle apparut, le soleil était à l'O-N-O, a bien 90° de la comète. Donc la comète n'était pas proche du soleil.
Donc, vers le 20 juillet, la comète se projetait dans les environs de Cassiopée, avec une taille apparente importante de sa tête. A nouveau, deux cas de figure: Soit la comète était très proche de la Terre, soit elle avait subi une explosion augmentant son volume, comme dans le cas de la comète Holmes, dont l'éclat fut brutalement multiplié par un million en 2007.
Mais nous pouvons éliminer l'hypothèse d'une grande proximité, car avec sa vitesse parabolique, si la comète avait été proche de la Terre, elle ne le serait pas resté longtemps, alors qu'il faut rendre compte d'une période de visibilité d'environ sept jours.
Reste l'explication par une brutale augmentation de luminosité, comme on l'a vu récemment pour la comète Holmes, et mentionnée par Ramsey et Licht, alors que cette comète n'avait d'ailleurs pas encore explosé. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'invoquer une augmentation d'un facteur un million (15 magnitudes), et Ramsey et Licht se contentent timidement d'une augmentation de 9 magnitudes. L'exemple de Holmes montre qu'on peut sans imprudence aller jusqu'à 10, et supposer que la comète ait brusquement passé de la magnitude 5, à peine visible à l'oeil nu, à la magnitude -5, visible en plein jour.

Nous avons vu comment Ramsey et Licht ont réussi à connecter les observations romaines et chinoises, et trouver une orbite approximative qui rende assez bien compte des observations chinoises de fin mai, et des observations romaines de fin Juillet. Nous pouvons, grace à Stellarium, montrer pourquoi la comète ne fut pas vu à Rome. Nous savons que la latitude de Rome est un peu supérieure à celle du pont d'observation chinois. Mais nous savons aussi par Pline, Plutarque, Servius et Obsequens que le soleil parut affaibli, après une éruption de l'Etna, ce qu'ont trouvé aussi Ramsey et Licht. Il y avait donc une importante pollution atmosphérique, dont nous avons tenu compte, dans une reconstitution par Stellarium, comparant ce qui était visible en Chine, et à Rome.
On voit qu'à Rome, Vénus est à peine visible, et la comète pas du tout. (les heures sont en T.U.)

C'est la première fois que nous trouvons une orbite de comète assez sérieuse pour en faire une reconstitution par Stellarium. Coup de chapeau à Ramsey et à Licht, qui sont probablement les seuls que notre étude n'ait pas égratigné.

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Dernière mise à jour: 09/12/2014