Marc Hallet revient au symbolisme astronomique.


La revue des SV n° 1
Par rapport aux autres livres prophétiques, le Livre d'Ezéchiel peut être considéré comme hérétique *
* En effet, d'après Ez. XVI, 3, les Israélites ne sont pas de race pure car ils ont pour père un Amorrhéen et pour mère une Héthéenne, tous deux descendant de Kanaan.
Note: "Tu diras : Ainsi parle le Seigneur Yahvé à Jérusalem. Par ton origine et par ta naissance, tu es du pays de Canaan. Ton père était amorite et ta mère hittite." (16.3). Il s'agit d'une allégorie de l'histoire de Jérusalem, et non de la race des israélites.
Le prophète parle ensuite de quatre animaux qui ont quatre faces et quatre ailes. Ces faces sont, dans l'ordre, les suivantes : face d'homme, de lion, de taureau et d'aigle.
Note: "Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle. (1,10). Ces positions des faces sont importantes pour la suite.
Et savez-vous ce que symbolisent ces quatre animaux? Tout simplement ce que les astrologues identifiaient jadis comme les quatre étoiles fixes ou "royales".
Deux mille cinq cents ans avant notre ère, ces quatre étoiles paraissaient avoir été placées par la nature aux points d'équinoxes et de solstices afin de délimiter les saisons. Le hasard fit qu'elles étaient de couleurs différentes deux par deux, en opposition. Ainsi, lorsqu'une étoile rouge paraissait au méridien supérieur, l'autre, rouge également, paraissait être sous la terre.
Le ciel des anciens
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Note: Il n'y a qu'Antarès ("rival de Mars") qui ait à peu près la couleur de Mars, qui elle même n'est pas rouge, mais ocre rose. La couleur dorée d'Aldébaran est à peine sensible.
Il en allait de même avec les deux autres qui étaient blanches. Les deux étoiles rouges signalaient les équinoxes et les deux blanches les solstices. On comprend aisément que, grâce au rôle important qu'elles remplissaient aux yeux des astrologues, ces quatre étoiles aient été considérées comme "royales".
Note: Une royauté éphémère, car lentement détruite par la précession des équinoxes, et surtout fictive, car elle ne sort que de l'imagination de Jean-Sylvain Bailly. Elle n'aurait plus été valable depuis longtemps à l'époque d'Ézéchiel. Voir ci contre le ciel des anciens.
Chacune fut identifiée en fonction de la place qu'elle occupait sur la voûte céleste. Ainsi,
  Fomahaut (Fom-al-hùt : bouche du poisson), qui signalait le solstice d'hiver, située à l'extrémité du Verseau, fut symbolisée par un homme
  Régulus (Petit Roi) qui signalait le solstice d'été et situait le coeur du Lion, fut symbolisée par un lion
  Aldébaran ("l'oeil de Dieu" des Hébreux) qui signalait l'équinoxe du printemps et constituait l'oeil droit du Taureau, fut symbolisée par un taureau
  Antares qui signalait l'équinoxe d'automne et situait le coeur du Scorpion fut symbolisée par un aigle, animal céleste associé par les anciens au Scorpion et qui faisait fonction de paranatellon.

La constellation du Scorpion
Note: Paranatellon est un terme grecs employé par les astrologues d'autrefois pour désigner une étoile ayant le même lever ou coucher héliaque que son homologue. Cette identification des étoiles royales est ici prise à Charles François Dupuis, dit "le citoyen Dupuis" (on était en pleine révolution), dans son livre "Origine de tous les cultes". Dupuis ne donne pas de références pour ces identifications d'étoiles, mais on sait qu'il les reprenait de l'Histoire de l'Astronomie ancienne de Bailly. Mais arrivé ici, la théorie ne marche plus très bien. Passe qu'on associe une étoile au symbole de sa constellation, qu'on associe Fomalhaut à un homme, Aldébaran à un taureau et Régulus à un lion, mais Antarès devrait être associée à un scorpion, et non à un un aigle. Et ceci d'autant plus que le Taureau, le Lion et le Scorpion sont les plus anciennes constellations qu'on ait mentionné, et que le Scorpion soit une des rares constellations où la disposition des étoiles parle d'elle même: On peut effectivement y voir un scorpion et l'on voit mal que des peuples du moyen-orient, chez qui les scorpions existaient, aient préféré l'appeler un aigle.
En fait, pour que l'assimilation aux "étoiles royales" (vieilles de 2000 ans du temps d'Ézéchiel), fonctionne, il faudrait que les êtres aient eu une face d'homme devant, une face de scorpion à droite, une face de lion derrière, et une face de taureau à gauche. L'assimilation ne fonctionne bien que pour deux faces. On peut légitimement se demander si ce n'est pas un simple hasard, vu la fréquence du taureau ou du lion dans les symboles de l'antiquité, en particulier dans la mythologie.

Nous remarquons que les quatre animaux "ne se détournaient pas en marchant" et "allaient chacun devant soi". Voilà bien l'image du mouvement circulaire imperturbable des étoiles "royales".
Note: Toutes les étoiles ont un mouvement apparent circulaire, qui, justement est difficile à assimiler à un mouvement "droit devant soi".
Les animaux sont associés à des roues; il nous est dit qu'elles paraissaient constituées comme si elles étaient au milieu l'une de l'autre, et qu'elles avançaient dans les quatre directions et ne se tournaient pas en marchant. Or, c'est bien un tel mouvement que peut noter un observateur qui, en se tournant vers les points cardinaux, assiste au déplacement des étoiles dans les quatre directions.
Note: Pour que cette idée soit valable, il faudrait qu'il n'y ait que deux roues perpendiculaires, mais il y a quatre roues, chacune paraissant comme une roue au milieu d'une roue. De plus le mouvement des étoiles est imperceptible à l'oeil nu.
Le prophète précise encore que les circonférences des roues étaient garnies d'yeux tout autour. Or, les anciens ont toujours assimilé les étoiles aux yeux du Dieu omniprésent. On lira dans Zacharie IV, 10 que sept yeux de l'éternel parcourent toute la terre.
Note: On ne trouve nulle part dans la bible, d'assimilation des étoiles à des yeux. Il y en aurait d'ailleurs des milliers. Le verset mentionné dit: Car qui donc méprisait ce jour d'événements minimes ? On se réjouira en voyant la pierre choisie en la main de Zorobabel. Ces sept-là sont les yeux de Yahvé, ils vont par toute la terre.(Zacharie 4,10).
Ces sept sont les lampes du chandelier à sept branches, mentionné huit versets plus haut: Et il me dit : Que vois-tu ? Je répondis : Je regarde, et voici : il y a un lampadaire tout en or, avec un réservoir à son sommet; sept lampes sont sur le lampadaire ainsi que sept becs pour les lampes qui sont dessus.(Zacharie 4,2).

Il s'agit bien entendu des sept planètes des anciens parmi lesquelles figuraient le Soleil et la Lune qui dans Le Livre des Morts égyptien sont également identifiées à des yeux : "Mais j'ai délivré Horus de l'empire de Seth et ouvert la route aux deux yeux du ciel." (10)
Note: Cette assimilation est maintenant sans fondement.
Il devient donc clair que le prophète Ezéchiel a doté la circonférence de ses roues d'étoiles et non de hublots de soucoupes volantes.
Mais allons encore plus avant. En I, 22 le prophète ajoute qu'au-dessus des têtes des quatre animaux était tendue une voûte éclatante comme du cristal. En I, 26 il précise qu'au-dessus de la voûte se trouvait une pierre de saphir en forme de trône et que, tout en haut, il y avait un être d'apparence humaine. Cette description est on ne peut plus limpide et permet de concevoir dans son ensemble la fameuse vision. Les anciens pensaient en effet que la Terre était plate et qu'au-dessus d'elle se dressait une voûte solide et transparente sur laquelle étaient fixées les étoiles.
Note: Hé non, cette voûte n'était pas transparente, sans quoi on aurait vu l'extérieur du ciel à travers, c'est à dire le ciel "empyrée", séjour de Dieu. On la croyait plutôt opaque et percé de petits trous, par ou passait la lumière du ciel empyrée, figurant ainsi les étoiles. Dans ces conditions, on ne risquait pas de voir un trône céleste par dessus. Ou alors tout le monde l'aurait vu, et pas seulement quelques prophètes.
Cette sphère des étoiles fixes était elle-même surmontée du trône divin, tandis qu'en-dessous, les sept planètes suivaient leurs courses réciproques selon des orbites -ou roues- bien définies, s'éloignant de plus en plus de la surface de la terre de sorte que ces roues-orbites paraissaient concentriques pour un observateur placé au centre du système.
Note: Devons nous comprendre que les orbites des planètes dessinent des roues dans le ciel? Ou qu'Ézéchiel était myope et ne voyait que quatre astres (le père de Rheita l'avait déjà dit).
C'est ce système cosmographique qu'Ezéchiel a décrit.
Note: Ezéchiel décrit beaucoup de choses. Comment interpréter les charbons ardents et les éclairs de foudre? Faut il admettre que dans la cosmographie babylonienne il y a des pluies de météores en permanence? En fait les réminiscences cosmographiques semblent avoir inspiré quelques éléments de la vision, mais absolument pas tous.
En X, 13 il nous dit que les roues s'appelaient galgal. Prudents, les théologiens traduisent ce terme par "tourbillon", tout en prenant la sage précaution de préciser qu'il s'agit là d'une traduction incertaine. Et pour cause, puisque l'hébreu galil signifie "cercle du zodiaque" et qu'en chaldéen galgal désigne la sphère astronomique dans son ensemble! (11)
Rien d'étonnant, bien sûr, à ce que le prophète ait préféré utiliser le terme chaldéen puisqu'il fut initié à l'astrologie auprès des prêtres chaldéens et que sa vision se situa en Chaldée.
Note: sa vision se situa en Chaldée, oui. Mais il n'est dit nulle part qu'Ézéchiel y fut initié à l'astrologie. C'est seulement une supposition raisonnable, sachant qu'Ézéchiel était intelligent, tourné vers l'ésotérisme, et que l'astrologie fleurissait alors en Chaldée.
(Marc Hallet, La vision d'ézéchiel: un mythe soucoupiste?, La revue des soucoupes volantes N° 1, p 19)
Note: Il est exact, qu'il y a bien eu un mythe soucoupiste de la vision d'Ézéchiel. Il est bien possible que ces galgal en deux roues imbriquées, qui vont dans les quatre directions s'inspirent de représentations chaldéennes de la voûte céleste. Mais il est très extrapolé de vouloir expliquer toute la vision par un symbolisme astronomique. Impossible, en particulier d'ignorer les éléments hallucinatoires, et les réminiscences de la vision d'Isaïe. C'est d'autant plus curieux que dans un article précédent, dans le même numéro de la même revue, Marc Hallet cite une réflexion de l'ethnologue Watron: « L'hallucination s'accompagne d'une certitude interne ABSOLUE. le visionnaire croit sa vision plus réelle que les faits. L'illuminé croit posséder la vérité, par certitude interne, en l'absence de toute démonstration objectine.» Or c'était évidemment le cas d'Ézéchiel.

Dernière mise à jour: 29/03/2018

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