Les interprétations des roues d'Ézéchiel

Nous allons examiner les différentes interprétations qu'on a faites de cette vision d'Ézéchiel. En fait, le livre d'Ézéchiel contient plusieurs visions, mais en dehors du domaine religieux, on ne s'interessera qu'à celle des roues, pour l'expliquer avec une certitude, proportionnelle à l'ignorance des auteurs.

fin du 1er siècle. Jean de Patmos en rajoute.

1 J'eus ensuite une vision. Voici, une porte était ouverte au ciel, et la voix que j'avais naguère entendue me parler comme une trompette me dit : Monte ici, que je te montre ce qui doit arriver par la suite.
2 A l'instant, je tombai en extase. Voici, un trône était dressé dans le ciel, et, siégeant sur le trône, Quelqu'un...
3 Celui qui siège est comme une vision de jaspe et de cornaline ; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d'émeraude.
4 Vingt-quatre sièges entourent le trône, sur lesquels sont assis vingt-quatre Vieillards vêtus de blanc, avec des couronnes d'or sur leurs têtes.
5 Du trône partent des éclairs, des voix et des tonnerres, et sept lampes de feu brûlent devant lui, les sept Esprits de Dieu.

Note: Jean monte au ciel, par une porte, au lieu de voir une nuée. Les 24 vieillards et les 7 lampes sont rajoutés, mais le trone, l'arc en ciel et la suite du texte est inspiré ce que dit Ézéchiel.
6 Devant le trône, on dirait une mer, transparente autant que du cristal. Au milieu du trône et autour de lui, se tiennent quatre Vivants, constellés d'yeux par-devant et par-derrière.
7 Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d'homme ; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol.
8 Les quatre Vivants, portant chacun six ailes, sont constellés d'yeux tout autour et en dedans. Ils ne cessent de répéter jour et nuit : « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, Il était, Il est et Il vient». »

Note: La différence avec ce que dit Ézéchiel, c'est qu'ici les vivants n'ont qu'une seule face, mais six ailes, et sont des moulins à louanges.
Jean de Patmos, Apocalypse, ch 4
Note: Le fait que Jean de Patmos ait partiellement recopié le texte d'Ézéchiel pose un problème. En effet nous verrons dans l'analyse finale que la vision ne fut pas une vision divine, mais une hallucination. Mais alors comment admettre que Dieu soit apparu à Jean avec la même apparence que dans l'hallucination d'Ézéchiel? Comme il est bizarre aussi que les "vivants" de Jean, aient six ailes, comme dans la vision d'Isaïe, que nous verrons aussi dans l'analyse finale, et répètent pratiquement le même refrain. Ou bien les hallucinations mystiques ont exactement les mêmes éléments, ou bien Jean a fait un pieux mensonge "ad majorem Dei gloriam".

1552 l'Augsburger Wunderzeichenbuch illustre la bible de Luther:
l'Augsburger Wunderzeichenbuch, redécouvert en 2009, est un manuscrit splendidement illustré de gouaches et d'aquarelles, réalisé entre 1545 et 1552, contenant une compilation de prodiges survenus depuis l'antiquité. Analogue à celle de Conrad Lycosthènes, cette compilation commence par quelques prodiges bibliques, continue par des prodiges historiques, et se termine par ceux de l'Apocalypse, supposé terminer la chronologie du monde.

    Prohet Hesekiel am ersten capitel
Im dreyssigsten jar am fünfften tage/des vierden monden/da ich war unter den Gefangenen am Wasser Chebar/thet sich der hiemel auff unnd got zeigt mir Gesichte/der selb fünffte tage des monden/war eben im fünfften jar nach dem Joachim der konnig Juda war gefangen weg gefürrt/Da gescharb des herrn wort zu heskiel/dem sonn Busi/des priesters im Lande der Chaldeer/am wasser Chebar/da selbst kam des herrn hannd uber in.

Ce texte est tiré, avec une orthographe assez libre, de "Biblia: das ist die gantze heilige schrift", c'est à dire la bible en allemand de Martin Luther, dans son édition de 1545.

IM dreissigsten jar am fünfften tage/des vierden monden/da ich war unter den Gefangen am Wasser Chebar/thet sich der Himel auff und Gott zeiget mir Gesichte.Der selbe fünffte tag des monden/war eben im fünfften jar nach dem Joiachin der könig Juda war gefangen weggefüret.Das geschach des HERRN wort zu Esekiel/dem son Busi des Priester im Lande der Chaldeer/am wasser Chebar/da selbst kam die Hand der HERRN uber in.

La trentième année au cinquième jour du quatrième mois, alors que j'étais parmi les prisonniers près du fleuve Chebar, le ciel s'ouvrit et Dieu me montra des visions. Le même cinquième jour du mois, était juste dans la cinquième année après que Joiachin le roi de Juda a été emmené captif. La parole du Seigneur fut adressée à Esekiel, le fils de Busi le prêtre au pays des Chaldéens, au fleuve Chebar, la main du Seigneur lui-même vint sur lui.
Note: toutes les traductions doivent composer avec cette répétition incohérente des dates, qui est due à ce que le livre d'Ezéchiel est un texte composite issu de deux traditions différentes.


vision d'Ézéchiel (Holbein, 1538)
Si on examine bien le texte, on se rend compte qu'il n'y a pas un mot sur le contenu de la vision elle-même. L'auteur s'est contenté de copier les trois premiers versets du premier chapitre du livre d'Ezéchiel.
De plus le dessin correspond mal à la description que donne Ezéchiel. Yahvé n'est pas sur un trone de saphir au dessus d'une voûte et entouré de l'arc-en-ciel. Il n'y a qu'un seul être animé tétramorphe, et une seule roue, qui n'est pas de la couleur (jaune) de la pierre de Tharsis. Les trois éléments du dessin semblent recopiés de la gravure de Holbein figurant dans la bible de Zurich, de 1538, alors que la gravure de la bible de Luther respecte mieux la description de la vision.

1557. Lycosthènes prend la vision pour un prodige.


vision d'Ézéchiel (Lycosthènes)
AM 3349, AC 614
Ézéchiel propheta vidit per visionem tempestuosum spiritum & nubem magnam a septentrione venientem, ignemque collectum, splendore circundatum, ex quo existebat species electri, & identidem forma quatuor animalium, in quorum ea erat facies, ut homini formam haberent. Ea singula quaternos vultus habebant, quaternosque alas: pedes rectos, pedum vestigiis vitulinorum similibus, in aeris politi speciem corruscantibus, alis suberant humane manus, secundum 4. eorum quadrati partes, habebantque quatuor illa ita compositas facies atque alas, ut alae essent inter sese conjunctae, nec ipsa converterentur inter eundum. Erant autem eorum facies ea figura, ut illa quatuor haberent dextra parete humanam, leoninamque faciem, sinistra bovinam, atque aquilinam. Hic conjunctae erant rotae, quae chrysoliti speciem prae se ferebant, ea forma atque opere, quasi esset rotae interposita rota. Habebant etiam quatuor ipse canthos, eosque altos & formidabiles undique oculorum plenos. Harum copiosiorem descriptionem leges apud Ézéchielem cap.1

Le prophète Ézéchiel a vu dans une vision le souffle de la tempête, et une grande nuée venant du nord, et du Feu ramassé, entouré d'une gloire, où se montrait l'aspect de l'ambre, et continuellement la forme de quatre êtres animés, sur lesquels était un visage,de sorte qu'ils aient la forme d'un homme. Chacun avait quatre faces et quatre ailes, les jambes droites, les pieds semblables à des empreintes de veaux, étincelant dans les airs, des mains humaines se glissant sous les ailes, sur leurs quatre cotés, et ils avaient tous les quatre les faces et les ailes ainsi composés, que les ailes étaient jointes l'une à l'autre, et ne tournaient pas en chemin. D'autre part les visages de cette face étaient en sorte que les quatre en avaient à droite un d'homme et de lion et à gauche un de boeuf et d'aigle. Alors des roues s'y joignirent, qui présentaient l'aspect de la Chrysolite, et leut forme et leur action était comme si une roue était placée dans une roue. Il avait aussi quatre jantes, hautes et effrayantes, pleines d'yeux tout autour. Tu lis leur description complète chez Ézéchiel, chapitre 1.
Lycosthenes, p 60
Note: Lycosthènes récupère la vision d'Ézéchiel comme un prodige, en oubliant qu'un prodige est censé être observable par plusieurs témoins. Ici, il s'agit bien d'une vision qu'eut Ezechiel, et lui seul. Quant à la gravure, elle est manifestement copiée, elle aussi, sur celle de Holbein.

1645. l'audacieux père Anton Maria Schyrlaeus de Rheita, explique les êtres par quatre planètes.

la témérité
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Le père Anton Maria Schyrlaeus de Rheita est il un hérétique, un réveur, un fou ou un précurseur? Toujours est il que son livre, dont le titre complet est Oculus Enoch et Eliae, sive radius sidereo mysticus planetarum veros motus solo excentrico tradens nova et jucunda continens conditorem siderum ejusque per facta visibilia magnalia praedicans, est d'une lecture difficile (vous avez su lire le titre?)
Et de Rheita n'hésite pas à changer le nombre des planètes pour le faire correspondre aux quatre entités animées qui apparaissent dans la vision d'Ézéchiel. Ce n'est plus de l'audace, c'est de la témérité.

1751: les encyclopédistes prennent du recul.

l'encyclopédie
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Les encyclopédistes se devaient d'être prudents, quand il traitaient d'un sujet religieux, tant était grand, à l'époque le pouvoir de l'Église. D'autre part, ils ne pouvaient rien affirmer de sûr, sur des bases floues, et en particulier, sur des récits colportés comme des légendes. Ainsi, l'encyclopédie ne contient pas d'article Ézéchiel, et l'article Vision, ne mentionne celle d'Ézéchiel qu'en quelques mots pour se consacrer à la prétendue vision de Constantin, en concluant que malgré sa publicité, elle n'est rien moins qu'assurée. C'est à l'article Cabale, qu'on va nous en parler, mais pour flétrir l'imprudence de ceux qui ont prétendu l'expliquer.

1764. Voltaire est décevant.

Ezechiel, esclave chez les Chaldéens, eut une vision près de la petite rivière de Chobar qui se perd dans l'Euphrate. On ne doit point être étonné qu'il ait vu des animaux à quatre faces et à quatre ailes, avec des pieds de veau, ni des roues qui marchaient toutes seules, et qui avaient un esprit de vie; ces symboles plaisent à l'imagination.
Voltaire1, article Ézéchiel
Note: Ezechiel n'était pas esclave, il avait sa maison. Le Chobar, ou Kebar, n'est pas une rivière qui se perd dans l'Euphrate, mais au contraire, un bras de l'Euphrate qui se perd dans les sables. Quand à expliquer la vision par des symboles qui plaisent à l'imagination, c'est aussi méritoire que d'expliquer le mutisme par l'absence de paroles.

1882. Flammarion imagine un symbolisme cosmographique.

- 590
Le prophète Ézéchiel, à son retour de la captivité de Babylone, décrit, en termes symboliques, la sphère astronomique des Chaldéens (Galgal) montée sur quatre cercles à angle droit, et portée sur quatre bœufs, devenus plus tard des chérubins.

Flammarion2, p 756
Note: L'analyse de Flammarion est vraiment très rapide. Ézéchiel parle bien de galgal, terme qu'il a manifestement emprunté au Chaldéens, mais il ne parle pas nettement de cercles à angle droits. C'est seulement une hypothèse sur la sructure des roues. D'autre part les roues accompagnent les êtres vivants/keroubim dans leurs déplacements, mais ne les portent pas ni ne sont portées par eux. Il est cependant possible qu'il s'agisse d'une réminiscence de globes célestes qu'Ézéchiel aurait vu en Chaldée. Il est également possible que cette réminiscence ait été incorporée à son récit après sa vision. Remarquons que Flammarion connaissait l'existence du livre du père de Rheita, au moins depuis 1865.

1900. Le révérend Burrell Cannon invente l'airship d'Ézéchiel.

l'airship
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Le révérend Burrell Cannon se croyait un précurseur de la navigation aérienne. Il fut en fait un précurseur de l'interprétation Ézéchiellienne en étant le premier à tracer les plans d'une machine volante, imaginée d'après la vision d'Ézéchiel.
Mais finalement,le révérend Burrell Cannon se révéla un faux prophète de la navigation aérienne, en donnant l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire, à ceux qui veulent ramener la vision à celle d'un engin de la technologie de leur propre époque.

1953. Donald Menzel invoque un phénomène météorologique.

Halo de Menzel
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Donald Menzel, savant pourtant renommé, a raté une splendide occasion de se taire en voulant expliquer la vision d'Ézéchiel: il voulait absolument qu'Ézéchiel ait décrit un halo solaire.
Pourtant, dès les premiers mots de son récit, Ézéchiel nous révèle la clé du mystère: c'était des visions divines. Inutile donc de chercher plus loin.
Avec sa laborieuse théorie météorologique, Donald Menzel n'a réussi qu'à faire rire ceux qui connaissait bien le dossier.

1954. Jimmy Guieu préfère la soucoupe volante en tôles et boulons.

l'avis de Guieu
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Henri-René Guieu, alias Jimmy Guieu, auteur bien connu des amateurs de science-fiction de kiosques de gare, et ufologue renommé dans son milieu, ne pouvait manquer de récupérer la vision d'Ézéchiel, comme preuve de l'antiquité des soucoupes volantes.
Malheureusement, il a lui aussi perdu une belle occasion de se taire, en oubliant qu'Ézéchiel dit bien qu'il s'agit de visions divines.
Donc, pas besoin de tôles, de réacteurs, ni de scaphandre, la vision d'Ézéchiel n'a pas plus à voir avec un engin spatial qu'avec un halo solaire.

1956. Morris K Jessup n'a même pas lu le texte qu'il cite.


le livre de Jessup
  The most widely quoted and cited of those clearly direct statements is that of Ezekiel and the famous wheel. Let me repeat it here, word for word, for your convenience:
Note: Ici l'auteur cite les 28 versets du chapitre I.
The full interpretation of this astounding chapter must wait for a longer and more detailed study. Scientists, in attempting to "debunk" UFOlogy have belittled the UFO interpretation of Ezekiel's vision, and we must admit that it may be couched in symbolic language. Nevertheless, this remarkable description, in which the writer's awe and wonderment is so clearly reflected, is a composite presentation of UFO phenomena.

La plus souvent citée et mentionnée de ces affirmations clairement directes est celle d'Ézéchiel et de la célèbre roue. Permettez-moi de la répéter ici, mot pour mot, pour votre commodité:
Note: A quoi bon citer 28 versets, si on ne les a pas lu? S'il les avait lu, l'auteur aurait su qu'il n'y a pas qu'une roue.
L'interprétation complète de ce chapitre stupéfiant doit attendre une étude plus longue et plus détaillée. Les scientifiques, en essayant de "démystifier" l'ufologie ont minimisé l'interprétation OVNI de la vision d'Ézéchiel, et nous devons admettre qu'elle peut être rédigée dans un langage symbolique. Néanmoins, cette description remarquable, dans lequel l'admiration et l'émerveillement de l'auteur est clairement reflété, est une présentation composite du phénomène OVNI.

Note: Pour résumer, on n'y comprend encore rien, mais c'est forcément un OVNI puisque le témoin fut émerveillé.
(Jessup, p 55)

1965. Jacques Vallée ne juge pas utile de citer Ézéchiel.

l'avis de Vallée
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Jacques Vallée, promoteur de l'hypothèse extraterrestre au second degré - on pourrait dire méta-terrestre - n'avait évidemment la même conception de la vision d'Ézéchiel que les thuriféraires des engins extraterrestres en tôles et boulons, encore moins que celle de Menzel.
Néanmoins il interprète la vision comme celle d'un "véhicule", formé de quatre colonnes, surmontées d'un dome transparent.
Mais comme il ne cite pas le texte d'Ézéchiel, il faut le croire sur parole.

1966. Robert Charroux fait remonter la vision aux Hyperboréens.

les hyperboréens
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Robert Grugeau, alias Robert Charroux, fut un grand pourvoyeur de civilisations fabuleuses devant l'éternel. Et comme la vision d'Ézéchiel semblait témoigner d'une fabuleuse technologie antique, il ne pouvait que s'y intéresser pour prouver que le prophete Ézéchiel, avait décrit l'arrivée d'un engin mystérieux, qui, puisqu'il venait du nord, était évidemment hyperboréen. Mais alors Ézéchiel aurait repris une tradition encore plus ancienne, et...
Non. Charroux s'enfonce dans la rèverie, et oublie qu'il s'agit d'une vision.

1968. Paul Misraki prouve les roues d'Ézéchiel par les soucoupes volantes.

Misraki prouve
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Paul Misraki, chansonnier à succés, quoiqu'un peu oublié, fut aussi ufologue à ses heures. Dans son premier livre, Les Extraterrestres, sous le pseudonyme de Paul Thomas, il se laisait aller à voir un engin spatial dans la "colonne de nuées" du livre de l'Exode, un autre dans le char emportant Elie, et encore un autre dans la vision d'Ézéchiel.
Il récidive dans Des Signes dans le ciel, publié cette fois sous son vrai nom, et cette fois prouve la réalité des roues par celles de leurs pilotes, elle même prouvée par celle des soucoupes volantes...

1968. Erich von Daniken nie la divinité de la vision.

Von Daniken nie
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La réalité de la vision d'Ézéchiel peut être sévèrement mise en doute, puisque le prophète lui même dit bien qu'il s'agit de visions divines.
Hé bien non! Erich von Daniken ne nie pas la réalité de la vision, c'est sa divinité qu'il nie. Ce n'était pas une vision divine, c'était une vision de visiteurs de l'espace.
Le livre de Von Daniken, traduit en anglais sous le titre Chariot of the Gods fut un best-seller, et Von Daniken est de ce fait le principal propagateur de la "théorie des anciens astronautes", bien qu'il n'en soit pas l'inventeur.

1968. La bande dessinée s'en mêle.

La BD
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La bande dessinée ayant récupéré à peu près tout, n'importe quoi, et le contraire, la vision des roues d'Ézéchiel devait y trouver sa place.
Foin des naïfs clichés de l'histoire sainte, un "comic" publié en 1968 se doit d'ètre à la page. C'est donc sous l'angle de la visite d'extraterrestres que l'histoire va être racontée. Ce faisant, l'auteur se prive des autres visions, peut être moins vendables. En tout cas, alors qu'il aurait pu faire plusieurs pages à grand spectacle, il réussit à faire la reconstitution la plus grotesque de toutes.

1968. Pour Raymond Drake, l'engin est extraterrestre puisqu'il vient du nord.

Drake alienise
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Raymond Drake, ufologue britannique exogéomane, c'est à dire maniaque de l'extraterrestre, s'est fait connaitre par pas moins de neuf livres, consacrés aux visites d'extra-terrestres dans le passé, et dans divers pays du monde. Pour lui, aucun doute que les boucliers ardents, torches célestes et autres navires aériens vus par nos ancêtres étaient des vaisseaux spatiaux, des incursions des "aliens" (extraterrestres). Il "aliénise" donc la vision d'Ézéchiel, qui était forcément l'observation d'un engin extraterrestres, puisqu'il venait du Nord.

1969. Guy Tarade admire le réalisme d'Ézéchiel.

couverture
le petit livre rouge
Un reportage d'Ézéchiel.
Une description déconcertante, mais écrite dans un style réaliste, nous donne à penser que Ézéchiel fut le témoin direct de l'apparition d'hommes d'outre-espace débarquant d'engins volants. Qu'on en juge; le prophète écrit:
« La trentième année, le cinquième jour du quatrième mois, comme j'étais parmi les captifs du fleuve Kebar, les cieux s'ouvrirent et j'eus des visions divines...

Note: Nous sautons la citation d'Ézéchiel, déja répétée.
« Au-dessus de la tête des animaux, il y avait comme un ciel de cristal resplendissant qui s'étendait sur leur tête dans le haut... »
Cette scène relatée par Ézéchiel est saisissante de réalisme, et correspond d'une manière précise à l'obsèrvation d'un atterrissage, suivi de l'apparition de cosmonautes ou de robots téléguidés!
Le prophète nous dit cependant qu'ils ont des visages d'hommes recouverts par un ciel de cristal. Moins poétique nous nommerions aujourd'hui cet objet scaphandre! L'étroite relation existant entre les roues et les « animaux» qui étaient sur terre confirmerait un téléguidage commandé depuis les soucoupes volantes.

Note: Si ce sont des cosmonautes en scaphandre, ce sont eux qui téléguident les roues, et si ce sont les roues qui téléguident des robots, ils n'ont pas besoin de scaphandre. Tarade fait la même erreur que les autres soucoupistes: il prend la voute de cristal au dessus des quatre entités pour un globe au dessus de chaque entité.
(Tarade, p 63)

1969. Confusion aux "Dossiers de l'écran".

Le 10 décembre 1969, l'émission télévisée d'Armand Jammot les dossiers de l'écran eut pour thème "les soucoupes volantes" (on ne parlait pas encore d'OVNI), avec comme film à commenter La guerre des mondes, de Byron Haskin (1952)

dossiers
l'émission d'Armand Jammot
Invités: Le rationaliste François Le Lionnais, l'astronome Paul Muller, le psychiatre René Held, et du coté des ufologues, Edmond Campagnac, du GEPA, et Guy Tarade, qui venait de publier soucoupes volantes et civilisations d'outre espace.
Le résultat fut bien décevant. Ce ne fut pas vraiment un dialogue de sourds mais une discussion d'ignorants. En effet le rationaliste, l'astronome et le psychiatre ne connaissaient pas grand chose à l'ufologie, alors qu'inversement les ufologues ne connaissait pas grand chose à la psychiatrie, l'astronomie ou l'esprit critique, trois choses pourtant indispensables pour ce sujet sensible. Si Edmond Campagnec évoqua l'OVNI de Tananarive, qu'il connaissait en temps que témoin, Guy Tarade évoqua "la roue d'Ézéchiel", qu'il présenta pour prouver que les soucoupes volantes nous ont visité à toutes les époques de l'histoire. Mais avec cet exemple, il donna plutôt l'impression que les soucoupes volantes sont du domaine de la croyance.

1970. Henry Durrant en plein space opera.

le space opera
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Didier Serres, alias Henry Durrant pour ses lecteurs, est l'auteur de trois ouvrages ufologiques, malheureusement garnis d'inventions servant de "pièges à copieurs".
Dans le premier, Le livre noir des soucoupes volantes (et c'est vrai, la couverture est noire), il remonte, à travers "le temps des légendes", jusqu'à la préhistoire, et lui aussi réinterprète la bible en termes de visites d'extraterrestres. Mais il a du lire trop de bandes dessinées de Science-fiction étant petit, car il n'arrive pas à imaginer autre chose que des egins terrestres des années 60.

1973. Josef Blumrich donne les les plans du char de Yahvé transformé en vaisseau spatial.

l'engin spatial
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Croirait on que c'est en voulant réfuter Von Daniken que Josef Blumrich inventa la machine d'Ézéchiel en toles et moteur fusée, comme Burrell Cannon avait inventé l'airship d'Ézéchiel? C'est pourtant ce que prétend l'auteur lui même.
La différence avec Burrell Cannon, c'est qu'il n'a pas construit l'engin, ce qui lui a évité d'être démenti par l'expérience.
Mais à l'examen, qu'elle puisse fonctionner ou pas, il est clair que sa machine n'a rien à voir avec la description d'Ézéchiel.

1973. Brinsley Le Poer Trench fait dessiner la scène.

les dessins
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Directeur de la Flying saucer review de 1956 à 1959, Brinsley Le Poer Trench était un ardent partisan de l'hypothèse extraterrestre, au point qu'il situait le jardin d'Eden sur la planète Mars! En 1975, la mort de son frère le fit comte de Clancarty, et cette même année il publia Mystérious visitors, où il expliquait les prodiges de la Bible, comme l'échelle de Jacob, la colonne de nuées, l'enlèvement d'Elie, la vision d'Ézéchiel, la transfiguration et l'ascension du Christ, par des manifestations d'engins extraterrestres. Pou être mieux compris, il avait fait dessiner ces différentes scènes.

1974. La bande dessinée remet ça.

La BD
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Après sa reconstitution grotesque de 1968, la bande dessinée persiste et signe. La vision d'Ézéchiel mérite ses honneurs. Elle va cette fois être traitée en deux pages. Et bien sûr, puisque c'est la mode, c'est toujours comme l'arrivée d'un vaisseau spatial que l'histoire va être racontée. L'auteur n'a toujours pas daigné lire le livre d'Ézéchiel lui même, mais il s'est manifestement inspiré d'un livre d'ufologie. Il faut reconnaitre que, si c'est toujours complètement faux, c'est déjà nettement moins grotesque.

1977. Marc Hallet revient au symbolisme astronomique.

le symbolisme
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Accordant une grande confiance à des auteurs comme Camille Flammarion, Arago, voire le citoyen Dupuis, Marc Hallet préfère suivre le fil conducteur du symbolisme astronomique, et même à l'époque, astrologique. Ce symbolisme existe, mais ne doit pas être retrouvé partout, car les trois auteurs précédemment cités ont eux mêmes fait une confiance excessive à Jean-Sylvain Bailly, qui mérite notre respect, certes, mais pas pour ses théories sur l'ancienneté de l'astronomie indienne, qui n'étaient que des rèveries pseudo-scientifiques. Les "étoiles royales" sont une de ses réveries, et ne doivent donc pas être utilisées pour analyser la vision d'Ézéchiel.

1977, Jean-Claude Bourret hésite

« Le ciel s'ouvrit, et je fus le témoin d'une vision divine... Un gros nuage environné d'une lueur, un feu d'où jaillissait des éclairs, et au centre comme l'éclat du vermeil au milieu du feu... Il y avait une roue à terre ayant l'éclat de la chrysolithe... L'esprit m'enleva et j'entendis derrière moi le bruit d'un grand tumulte... C'était le bruit des roues... J'arrivai à Tel Abib et je restai sept jours comme hébété...» Ézéchiel a-t-il vu un OVNI et a-t-il été enlevé par ses occupants? Ne s'agit-il pas là d'un simple symbolisme religieux qu'il faut transcender?
(Bourret, p 180)
Note: Bonne question. Dommage que quelques pages plus loin, à propos de l'affaire de Cherbourg, Bourret soit moins ,prudent en rappelant l'interprétation de Josef Blumrich.

1984 Jean-François Grolard ferait mieux de se taire

Signalons enfin cette surprenante description de soucoupe volante faite en langage de son époque par le prophète Ézéchiel « Je regardai: il y avait quatre roues à côté des chérubins, chaque roue à côté d'un chérubin, et l'aspect des roues avait l'éclat du chrysolithe (couleur dorée). Et elles avaient le même aspect toutes les quatre: elles étaient au milieu l'une de l'autre.
Note: Cette phrase évoque une pyramide de quatre roues. Il n'en est rien. Chaque roue est imbriquée dans une autre roue.
En avançant vers les quatre directions, elles avançaient et ne se détournaient pas en marchant, car elles allaient du coté où était dirigé la tête... Les roues étaient pleines d'yeux (hublots) tout autour... J'entendis que l'on donnait aux roues le nom de tourbillon » (Ezechiel X-9-13)

Grolard, p 46
Note: Pour donner une description aussi pauvre (et erronée), autant ne rien écrire.

Roland Jug imagine un chasseur à réaction.

l'avion de Jug
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Ezechiel aurait observé un avion à réaction? Et pourquoi pas de grandes orgues volantes? Mais Roland Jug est sûr de lui: La description d'Ézéchiel est manifestement celle d'un appareil à réaction de la fin du vingtième siècle. Si, si!
Et il le prouve laborieusement, à l'aide de photos d'avions, et de versets d'Ézéchiel savamment coloriés.
Enfin, il le prouve... c'est à vous de voir. Si vous acceptez que des feux de signalisation rouges et blancs, et surtout éteints, puissent être pris pour un trône de saphir (bleuté), alors sa démonstration peut vous convaincre.

2003 Bernard Bidault nostalgique des interprétations extraterrestres

la nostalgie
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Bernard Bidault, ancien magistrat, mais au tribunal des prud'hommes, aurait commencé à s'intéresser aux OVNI, à la suite d'une conversation avec un haut gradé de la gendarmerie. Il aurait alors commencé d'écrire un livre, quand, en 1976, il aurait eu une vision "d'hommes en noir", Ces mystérieux personnages qui font taire ceux qui en savent trop sur les OVNI. Troublé, il s'arréta d'écrire. Mais en 2003, se sachant gravement malade, il prit le risque de passer outre, et publia; "OVNIS Attention danger!"
Il y raconte comment il s'est intéressé à la Bible et à l'hébreu en découvrant le livre d'Ézéchiel, dans lequel il voyait un engin piloté par des "Elohim".

2003. Thierry Guignabaudet transforme la vision mystique en description de bataille.

la bataille
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Quand il parle de la Bible, Thierry Guignabaudet marche sur les traces de Voltaire, ou plutôt, de Léo Taxil: Il ne la prend pas au sérieux, et encore moins ceux qui la prennent au sérieux. C'est ce qui l'a poussé à écrire quelques pages parodiant les interprétations parallèles et perpendiculaires aux exégèse classique.
Et il n'y va pas avec le dos de la cuillère, pour ridiculiser les théories de Jean Sendy ou de Robert Charroux!
En particulier, pour parodier les soucoupomanes qui se raccrochent à la vision d'Ézéchiel, il la transforme en vision de bataille.

2009. Jacques Vallée fait appel à Wikipédia, mais réussit à sauver l'OVNI.

Vallée et l'OVNI
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Jacques Vallée, intéressé par les soucoupes volantes dès 1954, et ayant écrit ses premiers articles en 1963, avait déja 55 ans d'intérêt au compteur, quand il écrivit Wonders in the sky, avec Chris Aubeck. Il y prétend que les observations du ciel dans l’Antiquité montrent que le phénomène OVNI est de toutes les époques (ce qui avait été dit dès les années 50), et énumère 500 observations aériennes inexpliquées de 1460 avant J.C. jusqu’à 1879. Dans une seconde partie, il traite des mythes, légendes et autres canulars. Croiriez vous que c'est dans ce chapitre qu'il classe la vision mystique d'Ézéchiel? Que nenni! Il réussit à sauver son statut d'OVNI.

2015, Jean Claude Bourret aurait du mieux lire la Bible

L'émission de David Galley, Les effroyables signes du ciel, fait le point sur les anciennes observations d'OVNI, en donnant la parole à plusieurs "spécialistes".
Le premier à intervenir est Jean-Claude Bourret, qui nous raconte à sa façon la vision d'Ézéchiel:


Bourret raconte.
Si vous prenez un livre qui est reconnu par tout le monde, le pentateuque, reconnu par les juifs, par les chrétiens, par les musulmans. Vous avez le livre du prophète Ézéchiel.
Note: Enorme! D'abord, le pentateuque n'est reconnu que par les trois religions monothéistes, et non par tout le monde. Mais surtout, si Bourret avait lu la Bible, il saurait que le pentateuque se compose de cinq livres: Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome. Le livre d'Ézéchiel n'en fait pas partie.
Hé bien, j'invite les téléspectateurs à prendre une bible, s'ils en ont une chez eux, à lire la première page du livre du prophète Ézéchiel. Que dit Ézéchiel?
Il dit: Et je vis des visions divine. Et voici que quelque chose descend du ciel, brillant comme de l'airain luisant. Et voici une roue sur ma tête, comme si une roue ait été au milieu d'une autre roue, avec des yeux tout autour de la jante de la roue, qui est immense, et on dirait avec des hublots. Et voici des animaux qui descendent des roues, c'est à dire des êtres vivants, mais qui ne sont pas des êtres vivants qu'Ézéchiel appelle des animaux.
Note: En fait, Ézéchiel dit qu'il a vu quatre étres animés au milieu du nuage. Les êtres animés ne descendent pas des roues, qu'Ézéchiel découvre ensuite.
Et les roues se déplacent et vont là où l'esprit des animaux veut qu'il aille, donc, c'est piloté.
Note: ce sont les étres animés qui allaient ou l'esprit les poussait, et les roues ne font qu'imiter les mouvements des êtres animés.
C'est clairement écrit dans la bible. Donc, là nous sommes... cinq cent ans avant Jésus-Christ.

Note: Il est aussi clairement écrit dans la Bible que le monde a été créé en six jours, que la mer morte n'existait pas du temps d'Abraham, et qu'il existe une haute montagne d'où on peut voir tous les royaumes de la Terre, ce qui implique que la Terre est plate.
(intervention de J-C B. dans l'émission Les effroyables signes du ciel, diffusée sur France 3 Provence-Alpes, le 14/11/2015)

2021, David Galley veut ignorer qu'il s'agit d'une vision.

Galley discute
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Cette fois, c'est David Galley lui même qui intervient, dans un chapitre de son livre intitulé: Le prophète Ézéchiel a-t-il vu un OVNI?
Il rappelle d'abord que selon la théorie des enciens astronautes, la Bible contiendrait des descriptions déifiées de visites extraterrestres. Puis il évoque le cas de la vision d'Ézéchiel, et consacre trois pages à discuter de la théorie de Joseph Blumrich.
Ensuite il cite le texte biblique, en s'attardant sur le fait que les quatre roues semblent commandées mentalement par les quatres êtres. Il préfère oublier l'interprétation théologique parce que la description d'Ézéchiel évoque trop les techniques émergentes de notre époque.

Dernière mise à jour: 18/08/2020

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